Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ quoique très-rare chez la plupart des hommes, qui ne se laissent pas influencer par des rivalités de femmes, dont leur amour-propre jouit. Mais Edward n’était pas susceptible de ce genre de vanité ; et pour être tout-à-fait à son aise dans cette circonstance, il fallait ou l’insensibilité de Lucy ou la conscience sans reproche d’Elinor ; et le pauvre Edward n’avait ni l’un ni l’autre de ces moyens de tranquillité.

      Lucy avec une mine froide, réservée, semblait déterminée à observer, à écouter et à ne point se mêler d’un entretien où naturellement elle devait être étrangère. Edward ne disait que des monosyllabes, en sorte que la conversation reposait en entier sur Elinor, et qu’elle en était seule chargée. Elle fut obligée de parler la première de la santé de sa mère, d’Emma, de leur arrivée à Londres, de leur séjour, de tout ce dont Edward aurait dû s’informer, s’il avait pu parler.

      Après quelques minutes, ayant elle-même besoin de respirer, et voulant laisser quelques momens de liberté aux deux amans, sous le prétexte de chercher Maria, elle sortit héroïquement, et resta même quelque temps dans le vestibule avant d’entrer chez sa sœur. Maria n’eut pas la même discrétion ; dès qu’elle eut entendu le nom d’Edward, elle courut immédiatement au salon. Le plaisir qu’elle eut en le voyant lui fit oublier un instant toutes ses peines ; il fut, comme tous ses sentimens, très-vif et exprimé avec chaleur. Cher Edward, lui dit-elle en lui tendant la main avec toute l’affection d’une sœur et d’une amie, enfin vous voilà ! Combien je m’impatientais de vous revoir ! et ce moment me dédommage de tout.

      Edward était dans une extrême émotion ; il aurait voulu exprimer ce qu’il sentait, mais devant un tel témoin, qui prêtait toute son attention pour ne perdre ni un regard ni une parole, qu’aurait-il pu dire ? Il pressa doucement la main de Maria sans répondre. Puis on se rassit ; et pour un moment chacun garda le silence les yeux baissés, à l’exception de Maria qui regardant avec sensibilité tantôt Edward, tantôt Elinor, aurait voulu réunir leurs mains dans les siennes, que leur bonheur lui tînt lieu du sien propre, et qui regrettait seulement que le plaisir de se retrouver fût troublé par la présence importune d’un tiers aussi étranger, aussi indifférent que Lucy.

      Edward parla le premier ; ce fut pour exprimer son inquiétude sur le changement de Maria. Vous n’avez pas, lui dit-il, l’air de santé que vous aviez à Barton. Je crains que la vie de Londres ne vous convienne pas.

      — Oh ! ne pensez pas à moi, lui dit elle avec le ton de la gaîté, quoique ses yeux se remplissent de larmes au souvenir des jours heureux qu’elle avait passés à Barton ; ne songez pas à moi. Elinor est très-bien, vous le voyez ; c’est assez pour vous et pour moi.

      Ce mot touchant n’était pas fait pour mettre plus à l’aise Elinor et Edward, ni pour se concilier l’amitié de Lucy qui lança à Maria un regard indigné dont celle-ci ne s’aperçut pas.

      — Est-ce que vous aimez le séjour de Londres ? reprit Edward pour dire quelque chose et pour détourner la conversation sur un autre sujet.

      — Non, pas du tout, répondit Maria ; j’en attendais beaucoup de plaisir, je n’y en ai trouvé aucun. Celui de vous voir, cher Edward ? est le premier que j’aie goûté. Je remercie le ciel de ce que nous vous retrouvons toujours le même ; et un profond soupir suivit ces mots.

      Elle s’arrêta ; et personne ne continua. Je pense une chose, ma chère Elinor, reprit-elle, puisque nous avons retrouvé Edward, nous nous mettrons sous sa protection pour retourner à Barton. Dans une semaine ou deux tout au plus nous serons prêtes à partir. Je suppose, et je suis bien sûre, Edward, que vous accepterez d’être notre protecteur dans ce petit voyage, et que vous voudrez bien nous accompagner.

      Le pauvre Edward murmura quelques mots que personne ne comprit, peut-être pas lui-même. Lucy rougit, puis pâlit, et toussa vivement. Un regard d’Edward moitié sévère, moitié suppliant, la calma. Il était vraiment au supplice. Maria qui vit son agitation, la mit absolument sur le compte de l’impatience et du dépit que lui faisait éprouver la présence d’une étrangère dans ce moment de réunion, et parfaitement satisfaite de lui, elle voulut à son tour le calmer, en insinuant à Lucy d’abréger sa visite.

      — Nous avons passé hier la journée entière à Harley-Street chez votre sœur et la nôtre, lui dit-elle. Ah ! quelle longue journée ! j’ai cru qu’elle ne finirait jamais… mais j’ai beaucoup de choses à vous dire à ce sujet qu’on ne peut dire actuellement… enfin cette journée fut plus pénible qu’agréable. Mais pourquoi n’y étiez-vous pas, Edward ? ç’aurait été plus agréable pour nous. Pourquoi n’y-êtes-vous pas venu ?

      — J’avais le malheur d’être engagé ailleurs.

      — Bon ! engagé ! on se dégage de tout quand on peut être avec des amies comme Elinor et Maria.

      Le moment parut propice à la méchante Lucy, pour se venger de Maria. — Vous pensez peut-être, mademoiselle, lui dit-elle, que les hommes ne sont point tenus de garder leurs engagemens, quand il leur vient dans la tête de les rompre.

      Elinor rougit de colère ; mais Maria parut entièrement indifférente à cette attaque, et répliqua avec calme : non en vérité, je ne crois point du tout ce que vous dites. Je suis très-sûre que c’est la fidélité à un engagement plus ancien qui a empêche Edward de venir hier voir sa sœur ; je crois réellement qu’il a la conscience la plus délicate et la plus scrupuleuse qu’on puisse avoir, et qu’il ne manquera jamais de sa vie à une promesse donnée, lors même que ce serait contre son intérêt ou son plaisir. Je n’ai jamais connu quelqu’un qui craignît davantage de causer à qui que ce soit la moindre peine, de ne pas répondre à ce qu’on attend de lui, de ne pas remplir tous ses devoirs importans ou non sans subterfuge, et quoiqu’il puisse lui en coûter : voilà comme est Edward ; et je dois lui rendre cette justice. Comme vous avez l’air confus et peiné, Edward ! Quoi ! n’avez-vous jamais entendu faire votre éloge ? si vous le craignez, vous ne devez pas être mon ami ; car il faut que ceux qui acceptent mon estime et mon amitié se soumettent à entendre, devant eux-mêmes, tout ce que je pense d’eux, soit en bien soit en mal.

      Tout ce qu’elle dit convenait si bien au cas actuel ; et il fut si difficile à Edward de le supporter, que ne pouvant plus soutenir sa position, il se leva et voulut sortir.

      — Nous quitter aussitôt ! dit Maria, non, mon cher Edward, cela ne se peut. Rasseyez-vous, et restez, je vous en conjure ; et, le tirant un peu à l’écart, elle lui dit à l’oreille en jetant un coup-d’œil sur Lucy : attendez qu’elle soit partie, je vous en supplie ! elle s’en ira bientôt ; il y a des siècles qu’elle est là. Mais cette invitation manqua son effet. Il n’en sortit pas moins ; et Lucy qui était décidée à ne pas partir la première, fût-il resté deux heures, s’en alla bientôt après lui. Maria était de si mauvaise humeur qu’elle la salua à peine.

      — Qu’est-ce donc qui peut l’attirer si souvent ici, dit-elle à sa sœur, dès que Lucy eut tourné le dos ? ne pouvait-elle pas voir facilement comme nous désirions tous son départ ? Combien Edward était tourmenté !

      — Pourquoi donc, dit Elinor, Lucy serait-elle une étrangère pour lui ? il a demeuré chez son oncle près de Plymouth ; il la connaît depuis plus long-temps que nous : il est très-naturel qu’il ait aussi du plaisir à la voir. Du plaisir ! Edward a du plaisir à voir Lucy Stéeles qu’il a vue peut-être deux ou trois fois comme une petite fille ! Si même il l’a remarquée et reconnue, ce que je ne crois pas à l’air qu’il avait avec elle, il aurait bien voulu la voir loin d’ici. Je ne sais pas, Elinor, quelle est votre idée en me parlant d’Edward avec cette indifférence, ou en le supposant indifférent lui-même au plaisir d’être avec vous ? il n’y avait СКАЧАТЬ