Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures
Автор: Джейн ОÑтин
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 9788027302383
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— Excellens en vérité ! Leur attention pour notre bien-être en général, leur obligeance en chaque occasion, vont plus loin qu’il n’est possible de l’exprimer.
— Je suis charmé de savoir cela, excessivement charmé sur ma parole ! mais cela doit être ainsi ; ils sont vos parens, et très-riches. Il va sans dire que vous devez vous attendre à tout ce qu’ils peuvent faire pour rendre votre situation plus agréable. Ainsi vous êtes, commodément établies dans votre hermitage, et vous n’y manquez de rien. Edward nous en a parlé avec enthousiasme ; c’est, assure-t-il, ce qu’il a vu de plus charmant dans ce genre ; et vous avez à tout égard, au-delà de ce qu’il faut. Ç’a été une grande satisfaction pour nous, je vous assure, d’apprendre que des parens qui ne vous connaissaient point, se conduisaient si bien avec vous, et que vous ne manquiez de rien.
Elinor était honteuse, non pas pour elle, mais pour son frère, et ne fut pas fâchée d’être dispensée de lui répondre par l’arrivée du domestique de madame Jennings, qui vint avertir ces dames que sa maîtresse les attendait à la porte. M. Dashwood les accompagna et fut présenté à madame Jennings à la portière du carosse. Elle l’invita cordialement à venir souvent voir ses sœurs. Il promit qu’il y viendrait sans manquer le lendemain, et les quitta ; il vint en effet. Madame Jennings s’attendait aussi que madame John Dashwood viendrait voir ses belles-sœurs ; Elinor en doutait, et Maria plus encore. Celle-ci la connaissait trop bien pour rien attendre d’elle. En effet, leur frère vint seul ; il apportait pour excuse qu’elle était toujours avec sa mère et n’avait pas un instant de libre. Madame Jennings trop bonne femme pour être exigeante, lui assura qu’entre amis on était sans cérémonie, que l’amie de ses belles-sœurs devait être aussi celle de sa femme, et qu’elles iraient la voir les premières. M. Dashwood fut amical avec ses sœurs, excessivement poli avec madame Jennings, et un peu en peine de savoir comment il fallait être avec le colonel Brandon qui vint quelques momens après lui. Il lui fut présenté sous son nom et sous son titre. Madame Jennings y joignit celui d’ami de la maison ; mais cela ne suffisait pas à M. John Dashwood pour régler le degré de politesse. Il fallait savoir au juste combien il avait de revenu : aussi se contenta-t-il de le regarder avec curiosité, et d’être honnête de manière à pouvoir ensuite l’être plus ou moins, suivant sa valeur et ses rentes.
Après être resté une demi-heure, il se leva et pria Elinor de venir avec lui à Conduit-Street, pour l’introduire chez sir Georges et lady Middleton. Le temps était beau ; elle y consentit, et prit le bras de son frère. À peine furent-ils dehors de la maison, qu’il lui demanda : Qui est donc ce colonel Brandon, Elinor, a-t-il de la fortune ?
— Oui, il a une belle terre en Dorsetshire.
— J’en suis charmé, reprit M. Dashwood. Il a très-bon ton cet homme-là. Je lui crois un très-bon caractère, et, d’après la manière dont il vous a saluée, je pense que je puis vous féliciter sur l’espoir d’un bon établissement.
— Moi ! mon frère, que voulez-vous dire ?
— Il vous aime ; cela n’est pas douteux. Je l’ai bien observé, et j’en suis convaincu. À combien monte sa fortune ?
— On dit qu’il a deux mille pièces de revenu.
— Deux mille pièces ! Je voudrais de tout mon cœur, ma chère Elinor, dit-il avec un air de générosité, comme si son souhait était un présent, je voudrais qu’il en eût le double.
— Je vous en remercie pour lui, dit Elinor en riant ; mais pour moi cela m’est assez égal. Je suis très-sûre que le colonel Brandon n’a pas la moindre idée de m’épouser.
— Vous vous trompez, Elinor, vous vous trompez beaucoup ; avec un peu de soins et de peine de votre côté vous vous assurez cette conquête. Peut-être n’est-il pas encore décidé ; votre peu de fortune peut le faire balancer. Sans doute sa famille est contre vous ; c’est tout simple, et cela doit-être ainsi. Mais quelques-uns de ces petits encouragemens que les jolies femmes savent si bien donner, le décideront en dépit de lui même ; et je ne vois aucune raison qui puisse vous en empêcher. Je n’imagine pas qu’un premier attachement de votre côté puisse influer. Vous n’êtes pas romanesque, vous Elinor,… et en un mot vous savez fort bien qu’un attachement, de cette nature est hors de la question… Vous avez assez d’esprit pour me comprendre et assez de raison pour sentir qu’il y a des obstacles insurmontables. Non, non, le colonel Brandon, voilà celui sur lequel vous devez jeter vos vues ; et de ma part aucune politesse, aucune attention, ne sera, épargnée pour qu’il se plaise avec vous et votre famille. Je l’inviterai à dîner au premier jour, je vous le promets. C’est une affaire qui nous donnerait à tous une vraie satisfaction. Vous devez sentir, dit-il en baissant la voix, d’un air important, que cela, ferait plaisir à tout le monde… Toute ma famille désire excessivement, Elinor, de vous voir bien, établie. Fanny particulièrement a votre intérêt à cœur, je vous assure, et sa mère aussi, madame Ferrars, qui ne vous connaît pas encore, mais qui a souvent entendu parler de vous, et qui est une très-bonne femme. Elle disait l’autre jour qu’elle donnerait tout au monde pour vous voir bien mariée. — À tout autre qu’à son fils, pensa Elinor sans le dire. Pauvre dame Ferrars ! ce n’est pas moi qui vous donnerai du chagrin !
— Vous ne répondez pas, reprit M. Dashwood ; vous êtes convaincue, je le vois ; et l’affaire ira. Ce serait une chose très remarquable et très plaisante d’avoir deux noces en même temps dans la famille et que Fanny mariât son frère et moi ma sœur ; cela n’est pas impossible.
— Est-ce que M. Ferrars doit se marier ? demanda Elinor avec fermeté.
— Cela n’est pas encore conclu, répondit-il ; mais il en est fort question. Il a une si excellente mère ! Madame Ferrars avec une libéralité que l’on voit rarement chez une femme aussi riche, lui donne mille livres sterling par année en faveur de ce mariage. Aussi est-ce un parti qu’il ne faut pas laisser échapper : c’est mademoiselle Morton, la fille unique de feu lord Morton, qui aura le jour de son mariage trente mille pièces. Edward, comme vous le savez, est très-aimable ; il a un bon caractère, tout ce qu’il faut pour rendre une femme très-heureuse. Ainsi c’est un mariage très sortable des deux côtés, et qui se fera sûrement. Edward doit à sa mère de n’y mettre aucun obstacle. Une mère qui se prive pour son fils d’un revenu de mille pièces ; c’est superbe ! Il lui en reste encore deux mille ; mais-elle a deux autres enfans, Fanny et Robert. Elle ne les oublie pas non plus ; elle est si généreuse, si noble ! L’autre jour quand nous arrivâmes à la ville, pensant qu’un peu d’argent nous ferait plaisir, elle glissa dans la main de Fanny un billet de banque de deux cents pièces. Jugez comme cela venait à propos !
— Est-ce que vous auriez fait quelque perte d’argent, dit Elinor, essuyé quelque banqueroute ?
— Non, non rassurez-vous ; je ne place mon argent qu’en lieu sûr : il n’y a rien à craindre. Mais mon Dieu ! dans ces temps-ci on a tant de dépenses à faire, et qui s’augmentent quand on vient à Londres. Voyez il faut un collier neuf à Fanny. Elle donnera bien le vieux en paiement ; mais il y a toujours la façon. Je veux aussi vous donner, mes chères sœurs, à chacune une petite paire de boucles d’oreilles. Quand nous retournerons chez Grays vous choisirez. Vous n’en achetiez pas ce matin, j’espère ? Il serait piquant que vous m’eussiez prévenu.
— Non, non, mon frère, rassurez-vous ; nous n’en avons pas besoin du tout. Notre bonne maman a voulu absolument nous donner quelques-uns de ses bijoux, plus que nous n’en voulions ; et je les faisais remonter. — Bien, fort bien, j’en suis charmé ; c’est très-bien fait. Quel besoin en a-t-elle à la campagne ? Enfin vous avez vu ma bonne volonté. J’ai СКАЧАТЬ