Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ heureuse que celle qui lui fit le triste présent de la vie sous de si fâcheux auspices. Cette enfant fruit de sa coupable liaison, âgée de trois ans, était avec elle ; elle la chérissait et ne l’avait point quittée, ce qui m’a prouvé qu’elle était vraie lorsqu’elle m’a juré qu’elle n’avait pas d’autre faute à se reprocher, et que le repentir seul lui avait fait quitter le père de cet enfant. Elle me le dit encore en expirant et en me recommandant sa fille, que je promis de regarder comme si elle était la mienne. Je sentis tout le prix de sa confiance, et je lui aurais bien volontiers servi de père dans le sens le plus strict, en veillant moi-même sur son éducation, si ma situation me l’avait permis, mais je n’avais, ni famille, ni demeure qui m’appartinssent ; ainsi je fus forcé de placer ma petite pupille dans une pension, sous le nom de Caroline Williams ; ce dernier est mon nom de baptême que je me plus, à lui donner. Je la vis aussi souvent qu’il me fut possible, et depuis la mort de mon frère, arrivée il y a cinq ans, qui me laissa la propriété de tous les biens de la famille, elle m’a souvent visite à Delafort. Je la présentais comme une parente dont j’avais été nommé le tuteur, mais je me doute qu’on a soupçonné dans le monde qu’elle me tenait de plus près. Résolu de la traiter comme ma fille, je n’ai pas démenti ce bruit, puisqu’également sa naissance n’était ni légitime ni avouée. Il y a trois ans que la trouvant grande et formée pour son âge, (elle avait alors quatorze ans), je l’ôtai de la pension où elle était depuis la mort de sa mère, pour la placer sous les soins d’une femme très-respectable qui réside en Dorsetshire, et s’est chargée de surveiller l’éducation de cinq ou six jeunes personnes. Pendant deux ans je fus parfaitement content de ma fille adoptive. Aussi jolie que sa mère, elle paraissait plus posée, plus calme : sa maîtresse qui l’aimait beaucoup avait en elle tant de confiance, qu’elle me sollicita de lui permettre de passer quelques semaines à Bath, avec les parens de l’une de ses jeunes amies qui désiraient sa société pour leur fille. Je connaissais cette famille sous un jour avantageux. La santé de Caroline avait toujours été délicate ; je pensais que cette course et les bains la fortifieraient, et j’eus l’imprudence d’y consentir : c’est là sans doute où elle fit la connaissance qui lui a été si fatale ! J’ai su depuis que le père de son amie ayant été retenu par la goutte à la maison, était soigné par sa femme, et que les deux jeunes amies allaient seules dans les promenades ou à leurs emplettes du matin. Quoique l’amie de Caroline n’ait jamais voulu convenir de rien, j’ai lieu de croire qu’elle était confidente de son inclination et la favorisait. De retour à leur pension, Caroline ne fut plus la même ; rêveuse, inégale, inattentive, elle s’échappait souvent pour se promener seule dans les environs : la maîtresse la menaça de m’avertir. Enfin au mois de février, il y a à présent une année, elle sortit un jour comme à l’ordinaire, et ne revint pas. Après un jour ou deux passés en recherches inutiles, je fus averti de sa disparition. J’accourus, et tout ce que je pus apprendre c’est qu’elle s’en était allée. Pendant huit mois je fus livré à des conjectures dont l’une détruisait l’autre et me replongeait dans une incertitude cruelle ! Tout ce que je pus découvrir, c’est qu’un jeune homme d’une figure, d’une beauté remarquable, avait souvent été vu dans les environs, se promenant avec elle ; mais je ne pus avoir aucune lumière sur son nom.

      Oh ciel ! s’écria Elinor, serait-ce ?… Est-il possible que ce soit Willoughby ! Sans lui répondre le colonel continua.

      Toutes les recherches pour découvrir quelques traces de sa demeure ayant été inutiles, je tombai dans un sombre abattement, dont mon ami sir Georges Middleton eut la bonté de s’inquiéter ; il m’invita de passer quelque temps à Barton-Park pour me distraire. Je ne lui avais point confié la cause de mon chagrin, espérant d’un jour à l’autre retrouver ma brebis égarée, et sauver au moins sa réputation. J’avais besoin de fuir les lieux où je l’avais vue, où je ne la voyais plus, et j’acceptai la proposition de mon ami. C’est alors que je fis la connaissance des intéressantes parentes de sir Georges ; c’est là que je vis avec un trouble que je ne pus cacher l’image vivante de ma pauvre Elisa, image qui me fit une impression d’autant plus vive, d’autant plus douloureuse, qu’elle me retraça en même-temps et la perte de la mère et celle du dépôt qu’elle avait confié à mes soins. Vous fûtes souvent témoin de ma mélancolie ; elle vous intéressa et rebuta peut-être la vive et brillante Maria. Bientôt un autre objet vint l’occuper en entier, et m’enlever même la faible espérance de pouvoir jamais lui plaire. Je combattais entre la nécessité de partir et le désir de rester, lorsque je reçus inopinément une lettre de Caroline elle-même, dans les premiers jours d’octobre ; elle me fut renvoyée de ma terre de Delafort où elle était adressée. Je la reçus le matin du jour où nous devions tous aller à Withwell ; vous vîtes l’émotion qu’elle me donna et qui fut d’autant plus vive que l’écriture, les expressions de ma pauvre repentante pupille me firent présumer qu’elle était très-malade et qu’elle avait un pressant besoin de mon secours. Elle me disait où je la trouverais ; c’était dans un hameau tellement retiré, que je ne fus pas surpris qu’elle eût échappé à toutes mes recherches : je n’avais donc pas un instant à perdre, et je résolus de partir tout de suite pour aller la chercher. Je parus fort étrange, fort entêté ; vous seule ne fîtes aucun effort pour me retenir, et pardonnez si j’ose croire que vous étiez celle qui me regrettait le plus. Je partis très-inquiet de l’état où je trouverais ma fille adoptive, et le cœur serré du regard courroucé de Maria, qui ne me pardonnait pas de faire manquer cette partie. Oh ! combien j’étais alors loin de me douter que cet heureux Willoughby, dont les regards me reprochaient l’impolitesse de mon départ, fut celui qui en était la cause, et lui-même s’il avait su que j’allais au secours de celle qu’il avait perdue, abandonnée ! mais en aurait-il été moins gai, moins satisfait ? Un sourire de Maria ne lui faisait-il pas oublier les larmes de ma pauvre Caroline. Non, non, l’homme capable de laisser la jeune fille dont il a séduit l’innocence, de la laisser dans la misère et dans l’abandon, sans asile, sans amis, sans secours, ignorant sa retraite, et qui pendant que sa victime meurt de sa douleur, médite peut-être la perte d’une autre, non un tel être n’est pas susceptible de remords ! Il avait quitté Caroline en lui promettant de revenir bientôt ; il n’était pas revenu, il ne lui avait pas écrit, il ne pensait plus à elle.

      Un mouvement involontaire avait fait baisser les yeux à Elinor, comme si elle avait eu honte pour sa sœur d’avoir été même sans le savoir complice d’une telle perfidie ; elle les releva pleins d’indignation : c’est au-dessus, dit-elle, de tout ce que je pouvais imaginer ! Mais mon cher colonel, pourquoi… Elle s’arrêta tremblant elle-même du reproche qu’elle se croyait en droit de lui faire.

      Je vous entends, dit-il, pourquoi ne vous ai-je pas avertie plutôt ? Non, je ne puis vous exprimer ce que j’ai souffert depuis mon retour ! Combattant chaque jour, chaque instant avec moi-même, pour vous cacher ou vous découvrir cette histoire. Lorsque je vis que Willoughby ne retournait point à Barton, j’espérai que quelque incident vous avait dévoilé son caractère, ou que sa légèreté l’avait entraîné loin de Maria, et qu’il n’était plus dangereux pour elle ; mais quand je vis, quand j’appris de vous-même qu’elle l’aimait plus tendrement, plus passionnément que jamais ; quand le bruit de leur mariage se répandit généralement ; quand je sus qu’ils étaient en correspondance, alors qu’aurais-je pu dire ? Mon intérêt personnel dans toute cette affaire était si grand, si… compliqué, qu’il m’était peut-être interdit de m’en mêler, lorsque tout était conclu. Je n’aurais peut-être persuadé personne, et Maria blessée, désespérée, et par moi ! m’offrait un tableau affreux à soutenir. Willoughby sans doute avait été rendu à la vertu par l’empire irrésistible d’une famille telle que la vôtre, et des charmes de Maria ; il avait continué à l’adorer, et j’osais espérer que revenu de ses erreurs de jeunesse, il la rendrait heureuse. Jamais je n’avais eu l’espoir que ma pauvre Caroline pût devenir sa compagne, vu la tache de sa naissance, celle même de sa séduction. Sans doute il fut bien coupable avec elle ; mais dans ce siècle, si l’on comptait trop sévèrement les torts de cette espèce, quel jeune homme serait digne d’obtenir la main d’une femme honnête ? et celle СКАЧАТЬ