Han d'Islande. Victor Hugo
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Название: Han d'Islande

Автор: Victor Hugo

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ de vos affaires, mais pour vous occuper des miennes. Entrons.

      Spiagudry ne se souciait guère d'introduire le nouveau venu près du corps de Gill; mais ces dernières paroles le rassurèrent un peu, et d'ailleurs, pouvait-il résister?

      Il laissa donc passer le jeune homme, et, refermant la porte:

      – Benignus Spiagudry, dit-il, est à votre service pour tout ce qui concerne les sciences humaines. Cependant, si, comme votre visite nocturne semble l'annoncer, vous croyez parler à un sorcier, vous avez tort; ne famam credas; je ne suis qu'un savant.– Entrons, seigneur étranger, dans mon laboratoire.

      – Non pas, dit Ordener, c'est à ces cadavres qu'il faut nous arrêter.

      – À ces cadavres! s'écria Spiagudry, recommençant à trembler. Mais, seigneur, vous ne pouvez les voir.

      – Comment, je ne puis voir des corps qui ne sont déposés là que pour être vus! Je vous répète que j'ai des renseignements à vous demander sur l'un d'eux; votre devoir est de me les donner. Obéissez de gré, vieillard, ou vous obéirez de force.

      Spiagudry avait un profond respect pour les sabres, et il en voyait briller un au côté d'Ordener.

      – Nihil non arrogat armis, murmura-t-il; et, fouillant dans le trousseau de ses clefs, il ouvrit la grille à hauteur d'appui, et introduisit l'étranger dans la seconde section de la salle.

      – Montrez-moi les vêtements du capitaine, dit celui-ci.

      En ce moment, un rayon de la lampe tomba sur la tête sanglante de Gill Stadt.

      – Juste Dieu! s'écria Ordener, quelle abominable profanation!

      – Grand saint Hospice, ayez pitié de moi! dit à voix basse le vieux concierge.

      – Vieillard, poursuivit Ordener d'une voix menaçante, êtes-vous si loin de la tombe, pour violer le respect qu'on lui voue, et ne craignez-vous pas, malheureux, que les vivants ne vous apprennent ce que l'on doit aux morts?

      – Oh! s'écria le pauvre concierge, grâce, ce n'est pas moi! Si vous saviez!.... Et il s'arrêta, car il se rappela ces mots du petit homme: Sois fidèle et muet.

      – Avez-vous vu quelqu'un sortir par cette ouverture? demanda-t-il d'une voix éteinte.

      – Oui. Est-ce ton complice?

      – Non, c'est le coupable, le seul coupable! j'en, jure par toutes les réprobations infernales, par toutes les bénédictions célestes, par ce corps même si indignement profané!– Et il s'était prosterné sur la pierre devant Ordener.

      Tout hideux qu'était Spiagudry, il y avait cependant dans son désespoir, dans ses protestations, un accent de vérité qui persuada le jeune homme.

      – Vieillard, dit-il, relève-toi, et si tu n'as point outragé la mort, n'avilis point la vieillesse.

      Le concierge se releva. Ordener continua:

      – Quel est le coupable?

      – Oh! silence, noble jeune seigneur, vous ignorez de qui vous parlez. Silence!

      Et Spiagudry se répétait intérieurement: Sois fidèle et muet.

      Ordener reprit froidement:

      – Quel est le coupable? Je veux le connaître.

      – Au nom du ciel, seigneur! ne parlez pas ainsi, taisez-vous, de peur....

      – La peur ne me fera point taire et te fera parler.

      – Excusez-moi, pardon, mon jeune maître! dit le désolé Spiagudry, je ne puis.

      – Tu le peux, car je le veux. Tu nommeras le profanateur!

      Spiagudry chercha encore à tergiverser.

      – Eh bien! noble maître, le profanateur de ce cadavre est l'assassin de cet officier.

      – Cet officier est donc mort assassiné? demanda Ordener, ramené par cette transition au but de sa recherche.

      – Oui, sans doute, seigneur.

      – Et par qui? par qui?

      – Au nom de la sainte que votre mère invoquait en vous donnant le jour, ne cherchez pas à savoir ce nom, mon jeune maître, ne me forcez pas à le révéler.

      – Si l'intérêt que j'ai à le savoir avait besoin d'être accru, vous y ajouteriez, vieillard, l'intérêt de la curiosité. Je vous commande de me nommer ce meurtrier.

      – Eh bien, dit Spiagudry, remarquez ces profondes déchirures produites par des ongles longs et tranchants sur le corps de ce malheureux. Elles vous nomment l'assassin.

      Et le vieillard montrait à Ordener de longues et fortes égratignures sur le cadavre nu et lavé.

      – Comment? dit Ordener, est-ce quelque bête fauve?

      – Non, mon jeune seigneur.

      – Mais, à moins que ce ne soit le diable....

      – Chut! prenez garde de trop bien deviner. N'avez-vous jamais entendu parler, poursuivit le concierge à voix basse, d'un homme ou d'un monstre à face humaine, dont les ongles sont aussi longs que ceux d'Astaroth qui nous a perdus, ou de l'Antéchrist qui nous perdra?

      – Parlez plus clairement.

      – Malheur! dit l'Apocalypse....

      – C'est le nom de l'assassin que je vous demande.

      – L'assassin… le nom?.... Seigneur, ayez pitié de moi, ayez pitié de vous.

      – La seconde de ces prières détruirait la première, quand bien même des motifs graves ne me forceraient pas à t'arracher ce nom. N'abuse pas plus longtemps....

      – Eh bien, vous le voulez, jeune homme, dit Spiagudry se redressant et d'une voix haute, ce meurtrier, ce profanateur est Han d'Islande.

      Ce nom redoutable n'était pas ignoré d'Ordener.

      – Comment! reprit-il, Han! cet exécrable bandit!

      – Ne l'appelez pas bandit, car il vit toujours seul.

      – Alors, misérable, comment le connaissez-vous? Quels crimes communs vous ont donc rapprochés?

      – Oh! noble maître, daignez ne pas croire aux apparences. Le tronc de chêne est-il vénéneux parce que le serpent s'y abrite?

      – Point de vaines paroles! un scélérat ne peut avoir d'ami qu'un complice.

      – Je ne suis point son ami, et moins encore son complice; et si mes serments ne vous ont pas persuadé, seigneur, veuillez de grâce remarquer que cette profanation détestable m'expose, dans vingt-quatre heures, quand on viendra relever le corps de Gill Stadt, au supplice des sacrilèges, et me jette ainsi dans la plus effroyable inquiétude où innocent se soit jamais trouvé.

      Ces considérations d'intérêt personnel firent encore plus sur Ordener СКАЧАТЬ