Les trappeur de l'Arkansas. Gustave Aimard
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Название: Les trappeur de l'Arkansas

Автор: Gustave Aimard

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ tard le général mettant pied à terre offrit galamment la main à une jeune femme qui sauta légèrement hors du palanquin et il la conduisit sous la tente où, grâce au capitaine Aguilar, tout avait été préparé pour qu’elle se trouvât aussi confortablement que les circonstances le permettaient.

      Derrière le général et sa nièce, deux personnes entrèrent dans la tente.

      L’une était un homme gros et court, à la figure pleine et rougeaude, portant des lunettes vertes et une perruque blonde, qui étouffait dans un uniforme d’officier de santé.

      Ce personnage dont l’âge était un problème, mais qui paraissait avoir près de cinquante ans, se nommait Jérôme-Boniface Durieux, il était français et chirurgien-major au service du Mexique.

      En mettant pied à terre, il avait saisi et placé sous son bras, avec une espèce de respect, une grosse valise attachée derrière la selle de son cheval et dont il semblait ne vouloir pas se séparer.

      La seconde personne était une jeune fille ou plutôt une enfant de quinze ans, à la mine mutine et éveillée, au nez retroussé et au regard hardi, appartenant à la race métisse, qui servait de camériste à la nièce du général.

      Un superbe Nègre décoré du nom majestueux de Jupiter, se hâtait, aidé par deux ou trois gambusinos, de préparer le souper.

      – Eh bien ! docteur, dit en souriant le général au gros homme qui venait en soufflant comme un bœuf de s’asseoir sur sa valise, comment trouvez-vous ma nièce, ce soir ?

      – La señorita est toujours charmante, répondit galamment le docteur en s’essuyant le front, ne trouvez-vous pas que la chaleur est étouffante ?

      – Ma foi non, répondit le général, pas plus qu’à l’ordinaire.

      – Alors je me le serai figuré, dit le médecin avec un soupir, de quoi riez-vous, petite masque ? ajouta-t-il en se tournant vers la camériste, qui, en effet, riait à se démonter la mâchoire.

      – Ne faites pas attention à cette folle, docteur, vous savez bien que c’est une enfant, dit la jeune femme avec un charmant sourire.

      – Je vous ai toujours dit, doña Luz, insista le médecin en fronçant ses gros sourcils et en enflant ses joues, que cette petite fille est un démon, pour qui vous êtes trop bonne et qui finira par vous jouer un mauvais tour un jour ou l’autre.

      – Ooouh ! le méchant ramasseur de cailloux ! dit avec une grimace la métisse, faisant allusion à la manie du docteur de collectionner les pierres.

      – Allons ! allons ! la paix, dit le général, la route d’aujourd’hui vous a-t-elle fatiguée, ma nièce ?

      – Non, pas excessivement, répondit la jeune fille avec un bâillement étouffé ; depuis près d’un mois que nous sommes en voyage, je commence à m’habituer à ce genre de vie, que je l’avoue, dans les commencements, je trouvais excessivement pénible.

      Le général poussa un soupir, mais ne répondit pas. Le docteur était absorbé par le soin avec lequel il classait les plantes et les pierres qu’il avait recueillies dans la journée.

      La métisse tournait comme un oiseau dans la tente occupée à mettre en ordre les divers objets dont sa maîtresse pourrait avoir besoin.

      Nous profiterons de cet instant de répit pour faire en deux mots le portrait de la jeune femme.

      Doña Luz de Bermudez était la fille d’une sœur cadette du général.

      C’était une charmante enfant de seize ans au plus. Ses grands yeux noirs couronnés de sourcils dont la teinte foncée tranchait avec la blancheur de son front pur, étaient voilés par de longs cils de velours qui en cachaient chastement l’éclat, sa bouche mignonne ornée de dents de perles était bordée de deux lèvres rouges comme du corail, sa peau fine avait conservé ce duvet des fruits mûrs et les tresses de ses cheveux aux reflets bleuâtres pouvaient, lorsqu’elles étaient défaites, former un voile à tout son corps.

      Sa taille était fine et cambrée, elle possédait au suprême degré ce mouvement onduleux, gracieusement serpentin qui distingue les Américaines, ses mains et ses pieds étaient d’une petitesse extrême, sa démarche avait cette nonchalante mollesse des créoles, si remplie de désinvolture.

      Enfin, toute la personne de cette jeune fille était un composé de grâces et de perfections.

      Ignorante comme toutes ses compatriotes, elle était gaie et rieuse, s’amusant de la moindre bagatelle et ne connaissant de la vie que ce qu’elle a d’agréable.

      Mais cette belle statue ne vivait pas, c’était Pandore avant que Prométhée eût dérobé pour elle le feu du ciel, et pour continuer notre comparaison mythologique, l’amour ne l’avait pas encore effleurée de son aile, ses sourcils ne s’étaient pas froncés sous la pression de la pensée et son cœur n’avait pas battu sous l’attrait du désir.

      Élevée par les soins du général dans une retraite presque claustrale, elle ne l’avait quittée que pour le suivre dans le voyage qu’il avait entrepris dans les prairies.

      Dans quel but ce voyage, et pourquoi son oncle avait-il si absolument désiré l’emmener avec lui ? Cela importait peu à la jeune fille.

      Heureuse de vivre au grand air, de voir sans cesse des pays nouveaux, d’être libre en comparaison de la vie qu’elle avait menée jusque-là, elle n’en avait pas demandé davantage, et n’avait jamais tenté d’adresser à son oncle d’indiscrètes questions.

      À l’époque où nous la rencontrons, doña Luz était donc une heureuse enfant, vivant au jour le jour, satisfaite du présent, ne songeant nullement à l’avenir.

      Le capitaine Aguilar entra, précédant Jupiter qui portait le dîner.

      La table avait été dressée par Phébé la camériste.

      Le repas se composait de conserves et d’un cuissot de daim rôti.

      Quatre personnes prirent place autour de la table.

      Le général, sa nièce, le capitaine et le docteur.

      Jupiter et Phébé servaient.

      La conversation fut assez languissante pendant le premier service, lorsque l’appétit des convives fut un peu calmé, la jeune fille qui se plaisait à lutiner le docteur lui adressa la parole.

      – Avez-vous fait une riche moisson aujourd’hui, docteur ? lui demanda-t-elle.

      – Pas trop bonne, señorita, répondit-il.

      – Eh ! mais, fit-elle en souriant, il me semble que les pierres sont assez abondantes sur notre route, et qu’il n’a tenu qu’à vous d’en ramasser la charge d’une mule.

      – Vous devez être heureux de votre voyage, il vous offre l’occasion de vous livrer en liberté à votre passion pour les plantes de toutes sortes, dit le général.

      – Pas trop, général, je vous l’avoue, la prairie n’est pas aussi riche que je l’aurais cru, et, si ce n’était l’espoir que j’ai de découvrir une plante dont les qualités puissent faire faire un pas à la science, je regretterais presque ma petite maison de Guadeloupe où ma vie s’écoulait si tranquille et si uniforme.

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