Les trappeur de l'Arkansas. Gustave Aimard
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Название: Les trappeur de l'Arkansas

Автор: Gustave Aimard

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ talent, lorsqu’ils le jugent nécessaire, ils font disparaître les marques de leur passage.

      Cette facilité lui donnait à réfléchir. Pour que les Comanches n’eussent pas pris plus de soin, il fallait qu’ils se crussent bien forts, ou bien qu’ils eussent préparé une embuscade dans laquelle ils espéraient faire tomber leurs trop confiants ennemis.

      Les deux chasseurs s’avançaient, jetant de temps en temps un regard à droite ou à gauche afin d’être sûrs de ne pas se tromper, mais la piste allait toujours en ligne droite, sans détours ni circuits d’aucune sorte. Il était impossible de rencontrer plus de facilité dans une poursuite, Belhumeur lui-même commençait à trouver cela extraordinaire et à s’en inquiéter sérieusement.

      Mais si les Comanches n’avaient pas voulu se donner la peine de cacher leur marche, les chasseurs n’agissaient pas comme eux, ils n’avançaient qu’en effaçant au fur et à mesure la trace de leur passage.

      Ils arrivèrent ainsi sur les bords d’un ruisseau assez large, nommé le Vert-de-gris, qui est un affluent de la grande Canadienne.

      Avant de traverser cette petite rivière de l’autre côté de laquelle les chasseurs ne seraient plus très éloignés des Indiens, Cœur-Loyal s’arrêta en faisant signe à son compagnon de l’imiter.

      Tous deux descendirent de cheval, et, conduisant leurs montures par la bride, ils se retirèrent à l’abri d’un bouquet d’arbres, afin de ne pas être aperçus, si par hasard quelque sentinelle indienne était chargée de surveiller leur approche.

      Lorsqu’ils furent cachés dans l’épaisseur du bois, Cœur-Loyal posa un doigt sur sa bouche pour recommander la prudence à son compagnon, et approchant ses lèvres de son oreille, il lui dit d’une voix faible comme un souffle :

      – Avant d’aller plus loin, consultons-nous, afin de bien savoir ce que nous voulons faire.

      Belhumeur baissa la tête en signe d’acquiescement.

      – Je soupçonne quelque trahison, reprit le chasseur, les Indiens sont des guerriers trop expérimentés et qui ont trop l’habitude de la vie des prairies pour agir comme ils le font, sans une raison impérieuse.

      – C’est vrai, appuya le Canadien avec conviction, cette piste est trop belle et trop clairement indiquée pour ne pas cacher un piège.

      – Oui, mais ils ont voulu être trop fins, leur astuce a dépassé le but, ce ne sont pas de vieux chasseurs comme nous que l’on peut tromper ainsi. Nous devons donc redoubler de prudence, examiner chaque feuille et chaque brin d’herbe avec soin avant de nous aventurer plus près du campement des Peaux-Rouges.

      – Faisons mieux, dit Belhumeur en jetant un regard autour de lui, cachons nos chevaux dans un endroit sûr, où nous puissions les retrouver au besoin. Nous irons ensuite à pied reconnaître la position et le nombre de ceux que nous voulons surprendre.

      – Vous avez raison, Belhumeur, dit le Cœur-Loyal, votre conseil est excellent, nous allons le mettre en pratique.

      – Je crois qu’il faut nous hâter, alors.

      – Pourquoi donc ? ne nous pressons pas au contraire, les Indiens ne nous voyant pas paraître, se relâcheront de leur surveillance, et nous profiterons de leur négligence pour les attaquer, si nous sommes forcés d’en venir à ce moyen extrême : du reste, il vaudrait peut-être mieux attendre la nuit pour commencer notre expédition.

      – Mettons d’abord nos chevaux en sûreté, nous verrons ensuite.

      Les chasseurs sortirent du fourré avec la plus grande précaution. Au lieu de traverser la rivière ils rebroussèrent chemin et suivirent pendant quelque temps la route qu’ils avaient déjà faite, puis ils appuyèrent sur la gauche et s’engagèrent dans un ravin, où ils disparurent bientôt au milieu de hautes herbes.

      – Je vous laisse nous guider, Belhumeur, dit le Cœur-Loyal, je ne sais réellement pas où vous nous conduisez.

      – Rapportez-vous-en à moi, j’ai découvert par hasard à deux portées de fusil de l’endroit où nous sommes une espèce de citadelle où nos chevaux seront on ne peut mieux, et dans laquelle, le cas échéant, nous pourrions soutenir un siège en règle.

      – Caramba ! exclama le chasseur, qui par ce juron qui lui était habituel, trahissait son origine espagnole, comment avez-vous donc fait cette précieuse découverte ?

      – Mon Dieu ! dit Belhumeur, de la façon la plus simple, je venais de tendre mes trappes, lorsqu’en gravissant la montagne qui est là devant nous, afin d’abréger mon chemin et de vous rejoindre plus vite, à peu près aux deux tiers de la montée je vis passer entre les broussailles le museau velu d’un superbe ours.

      – Ah ! ah ! mais je connais à peu près cette aventure, vous m’avez apporté ce jour-là, si je ne me trompe, non pas une, mais bien deux peaux d’ours noir.

      – C’est cela même, mes gaillards étaient deux, un mâle et une femelle, vous comprenez qu’à leur vue mes instincts de chasseur se réveillèrent immédiatement, oubliant ma fatigue, j’armai ma carabine et je me mis à leur poursuite. Vous allez voir par vous-même quel fort ils avaient choisi, ajouta-t-il en mettant pied à terre, manœuvre que son compagnon imita.

      Devant eux s’élevait en amphithéâtre une masse de rochers qui affectaient les formes les plus bizarres et les plus capricieuses, de maigres broussailles poussaient çà et là dans l’interstice des pierres, des plantes grimpantes couronnaient la cime des rochers et donnaient à cette masse qui s’élançait à plus de six cents mètres au-dessus de la prairie, l’apparence d’une de ces antiques ruines féodales que l’on rencontre de loin en loin sur les bords des grands fleuves d’Europe.

      Ce lieu était nommé par les chasseurs de ces parages, les Châteaux Blancs, à cause de la couleur des blocs de granit dont il était formé.

      – Nous ne pourrons jamais monter là avec nos chevaux, fit le Cœur-Loyal, après avoir étudié un instant avec soin l’espace qu’ils avaient à franchir.

      – Essayons toujours, dit Belhumeur en traînant son cheval par la bride.

      L’ascension était rude, et tous autres chevaux que ceux des chasseurs habitués aux chemins les plus difficiles n’auraient pu l’accomplir et se seraient brisés mille fois en roulant du haut en bas.

      Il fallait choisir avec soin l’endroit où l’on posait le pied, puis s’élancer en avant d’un bond, et toujours ainsi avec des tours et des détours à donner le vertige.

      Après une demi-heure à peu près de difficultés inouïes, ils arrivèrent à une espèce de plate-forme de dix mètres de large tout au plus.

      – C’est ici, dit Belhumeur en s’arrêtant.

      – Comment ici ? répondit Cœur-Loyal en regardant de tous côtés sans apercevoir d’ouverture.

      Belhumeur sourit.

      – Venez, dit-il.

      Et toujours traînant son cheval, il passa derrière un bloc de rocher, le chasseur le suivit avec curiosité.

      Après avoir marché pendant cinq minutes dans une espèce de boyau large de trois pieds tout au plus qui semblait tourner sur lui-même, les aventuriers se trouvèrent subitement devant la bouche СКАЧАТЬ