Monsieur Lecoq. Emile Gaboriau
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Название: Monsieur Lecoq

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ celle qui vous a payé, si on vous la représentait ?

      – Dame !… non.

      La voiture arrivait au milieu de la rue de Bourgogne ; le cocher arrêta son cheval en disant :

      – Attention !… Voici la maison où sont entrées les deux coquines… là.

      Retirer le foulard qui lui servait de cache-nez, le plier, le glisser dans sa poche, sauter à terre et entrer dans la maison indiquée, fut pour le jeune policier l’affaire d’un instant.

      Dans la loge du concierge une vieille femme cousait.

      – Madame, lui dit poliment Lecoq en lui présentant son foulard, je rapporte ceci à une de vos locataires.

      – À laquelle ?…

      – Par exemple, voilà ce que je ne sais pas.

      La digne concierge crut comprendre que ce jeune homme si poli était un mauvais plaisant qui prétendait se moquer d’elle.

      – Vilain malhonnête, commença-t-elle.

      – Pardon, interrompit Lecoq, laissez-moi finir ; voici la chose. Avant-hier soir, avant-hier matin plutôt, sur les trois heures, je rentrais me coucher, tranquillement, quand, ici près, deux dames qui avaient l’air très pressées me devancent. L’une d’elles laisse tomber ceci… Je le ramasse, et comme de juste, je hâte le pas pour le lui remettre… Peine perdue, elles étaient déjà entrées ici. À l’heure qu’il était, je n’ai pas osé sonner dans la crainte de vous déranger ; hier j’ai été occupé, mais aujourd’hui j’arrive : voici l’objet.

      Il posa le foulard sur la table et fit mine de se retirer, la concierge le retint.

      – Grand merci de la complaisance, dit-elle, mais vous pouvez garder ça. Nous n’avons pas, dans la maison, des femmes qui rentrent seules après minuit.

      – Cependant, insista le jeune policier, j’ai des yeux, j’ai vu…

      – Ah !… j’oubliais, s’écria la vieille femme. La nuit que vous dites, en effet, on sonne ici… quelle scie ! Je tire le cordon et j’écoute… rien. N’entendant ni refermer la porte ni monter dans l’escalier, je me dis : « Bon ! encore un polisson qui me fait une niche. » La maison, vous m’entendez, ne pouvait pas rester ouverte au premier venu. Lors, je ne fais ni une ni deux, je passe un jupon et je sors de la loge. Qu’est-ce que je vois ?… deux ombres qui filent, bssst… et qui me plantent la porte sur le nez. Vite je reviens me tirer le cordon à moi-même, et je cours regarder dans la rue… Qu’est-ce que j’aperçois ?… Deux femmes qui couraient !…

      – Dans quelle direction ?…

      – Elles allaient vers la rue de Varennes…

      Lecoq était fixé ; il salua civilement la concierge, dont il pouvait avoir besoin encore, et regagna la voiture.

      – Je l’avais prévu, dit-il au cocher, elles ne demeurent pas là.

      Le cocher eut un geste de dépit. Sa colère allait s’épancher en un flux de paroles, mais Lecoq, qui avait consulté sa montre, l’interrompit :

      – Neuf heures !… dit-il, je serai en retard de plus d’une heure, mais j’apporterai des nouvelles… Conduisez-moi à la morgue, et vite !

      Chapitre 15

      Les lendemains de crimes mystérieux et de catastrophes dont les victimes n’ont pas été reconnues, sont les grands jours de la Morgue.

      Dès le matin, les employés se hâtent, tout en échangeant des plaisanteries à faire frissonner. Presque tous sont très gais, par suite d’un impérieux besoin de réagir contre l’horrible tristesse de ce qui les entoure.

      – Nous aurons du monde, aujourd’hui, disent-ils.

      Et de fait, quand Lecoq et son cocher atteignirent le quai, ils purent de loin distinguer des groupes nombreux et animés qui stationnaient autour du lugubre monument.

      Les journaux avaient rapporté l’affaire du cabaret de la veuve Chupin, et dame ! on voulait voir…

      Sur le pont, Lecoq se fit arrêter, et sauta sur le trottoir.

      – Je ne veux pas descendre de voiture devant la morgue, dit-il.

      Puis, tirant alternativement sa montre et son porte-monnaie, il poursuivit :

      – Nous avons, mon brave, une heure quarante minutes ; par conséquent, je vous dois…

      – Ah !… rien du tout !… répondit impérieusement le cocher.

      – Cependant…

      – Non !… pas un sou. Je suis trop vexé d’avoir dépensé l’argent de ces satanées coquines… Je voudrais, tenez, que ce que j’en ai bu m’eût donné la colique. Ainsi, ne vous gênez pas… s’il vous faut une voiture, prenez la mienne, pour rien, jusqu’à ce que vous ayez pincé les scélérates.

      Lecoq n’était pas riche, à cette époque, il n’insista pas.

      – Vous avez bien pris mon nom au moins, poursuivit le cocher, et mon adresse ?…

      – Assurément !… Il faudra que le juge d’instruction entende votre déposition. Vous recevrez une assignation…

      – Eh bien ! c’est ça… Papillon (Eugène), cocher, chez M. Trigault… Je loge chez lui, parce que, voyez-vous, je suis un peu son associé.

      Déjà le jeune policier s’éloignait, Papillon le rappela.

      – En sortant de la Morgue, lui dit-il, vous irez bien quelque part… vous m’avez déclaré que vous aviez un rendez-vous, et que même vous étiez en retard.

      – Sans doute, on m’attend au Palais de Justice, mais c’est à deux pas…

      – N’importe… je vais vous espérer au coin du quai. Ah !… ce n’est pas la peine de répondre non, je l’ai mis dans ma tête et je suis Breton. C’est un service que je vous demande : gardez-moi au moins pour les trente francs des coquines.

      Il y eût eu cruauté à repousser cette requête. Lecoq fit donc un geste d’assentiment et se dirigea rapidement vers la Morgue.

      S’il y avait tant de monde aux alentours, c’est que le sinistre établissement était plein, et on faisait queue, littéralement.

      Lecoq, pour pénétrer, dut jouer énergiquement des coudes.

      Au dedans, c’était hideux. Oui, hideux à se demander quelles dégoûtantes émotions venaient chercher là ces féroces curieux.

      Il y avait des femmes en grand nombre, des jeunes filles aussi.

      Les petites ouvrières qui, en se rendant à leur ouvrage, sont obligées de passer aux environs, font un détour pour venir contempler la moisson de cadavres inconnus que donnent quotidiennement le crime, les accidents de voitures, la Seine et le canal Saint-Martin. Les plus sensibles restent à la porte, les СКАЧАТЬ