Monsieur Lecoq. Emile Gaboriau
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Название: Monsieur Lecoq

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ assis, ne s’apercevant ni du froid ni du vol du temps, quand un coupé s’arrêta devant le porche, et M. d’Escorval en descendit suivi de son greffier.

      Il se dressa et courut au devant d’eux, haletant, interrogeant.

      – Mes recherches sur le terrain, lui dit le juge, me confirment dans l’idée que vous avez vu juste. Y a-t-il du nouveau ?

      – Oui, monsieur, un fait futile en apparence, mais d’une importance qui…

      – C’est bien !… interrompit le juge, vous m’expliquerez cela dans un moment. Je veux avant interroger sommairement les prévenus … simple affaire de forme pour aujourd’hui. Attendez-moi donc ici…

      Quoique le juge eût promis de se hâter, Lecoq comptait sur une heure au moins de faction, et il en prenait son parti. Il avait tort. Vingt minutes ne s’étaient pas écoulées, quand M. d’Escorval reparut … sans son greffier.

      Il marchait très vite, et adressa d’assez loin la parole au jeune policier.

      – Il faut, lui dit-il, que je rentre chez moi… à l’instant. Je ne puis vous écouter…

      – Cependant, monsieur…

      – Assez !… on a porté à la Morgue les cadavres des victimes… Ayez l’œil de ce côté. Puis, pour ce soir, faites… Ah ! faites ce que vous jugerez utile.

      – Mais, monsieur, il me faudrait…

      – Demain !… demain !… à neuf heures, dans mon cabinet… au Palais.

      Lecoq voulait insister, mais déjà M. d’Escorval était monté, s’était jeté plutôt, dans son coupé, et le cocher fouettait le cheval.

      – En voilà un juge !… murmura le jeune policier demeuré tout pantois sur le quai. Devient-il fou !…

      Et une mauvaise pensée traversant son esprit :

      – Ou plutôt, ajouta-t-il, ne tiendrait-il pas la clef de l’énigme ?… Ne voudrait-il pas se priver de mes services ?…

      Ce soupçon lui fut si cruel, qu’il rentra précipitamment, espérant tirer quelque lumière de l’attitude du prévenu, et qu’il courut coller son œil au guichet ménagé dans la porte épaisse des « secrets. »

      Le meurtrier était couché sur le grabat placé vis-à-vis la porte, la figure tournée du côté du mur, enveloppé jusqu’aux yeux dans la couverture.

      Dormait-il ?… Non, car le jeune policier surprit un mouvement singulier. Ce mouvement qu’il ne put s’expliquer l’intrigua ; il appliqua l’oreille au lieu de l’œil, à l’ouverture, et il distingua comme une plainte étouffée !… Plus de doute !… le meurtrier râlait.

      – À moi !… cria Lecoq épouvanté, à l’aide !…

      Dix gardiens accoururent.

      – Qu’y a-t-il ?

      – Le prévenu !… là… il se suicide.

      On ouvrit, il était temps.

      Le misérable avait déchiré une bande de ses vêtements, il l’avait nouée autour de son cou, et se servant en guise de tourniquet d’une cuiller de plomb apportée avec sa pitance, il s’étranglait…

      Le médecin de la prison, qu’on envoya chercher, et qui le saigna, déclara que dix minutes encore et c’en était fait, la suffocation étant déjà presque complète.

      Quand le meurtrier revint à lui, il promena autour de son cabanon un regard de fou. On eût dit qu’il s’étonnait de se sentir vivant. Puis, une grosse larme jaillit de ses paupières bouffies, roula le long de sa joue et se perdit dans sa barbe.

      On le pressa de questions… Pas un mot.

      – Puisque c’est ainsi, fit le médecin, qu’il est au secret et qu’on ne peut lui donner un compagnon, il faut lui mettre la camisole de force.

      Après avoir aidé à emmailloter le prévenu, Lecoq se retira tout pensif et péniblement ému. Il sentait, sous le voile mystérieux de cette affaire, s’agiter quelque drame terrible.

      – Mais que s’est-il passé ? murmurait-il. Ce malheureux s’est-il tu, a-t-il tout avoué au juge ?… Pourquoi cet acte de désespoir ?…

      Chapitre 13

      Lecoq ne dormit pas, cette nuit-là !

      Et cependant il y avait plus de quarante heures qu’il était sur pied, et qu’il n’avait pour ainsi dire ni bu ni mangé.

      Mais la fatigue même, les émotions, l’anxiété, l’espoir, communiquaient à son corps l’énergie factice de la fièvre, et à son esprit la lucidité maladive qui résulte d’efforts exorbitants de la pensée.

      C’est qu’il ne s’agissait plus, comme au temps où il travaillait chez son protecteur l’astronome, de poursuivre des déductions en l’air. Ici, les faits n’avaient plus rien de chimérique. Ils n’étaient que trop réels, les cadavres des trois victimes qui gisaient sur les dalles de la Morgue.

      Mais si la catastrophe était matériellement prouvée, tout le reste n’était que présomptions, doutes, conjectures. Pas un témoin ne se levait pour dire quelles circonstances avaient entouré, précédé, préparé l’affreux dénouement.

      Une seule découverte, il est vrai, devait suffire à éclairer ces ténèbres où se débattait l’instruction, l’identité du meurtrier.

      Quel était-il ?… Qui avait tort ou raison, de Gévrol soutenu par tous les gens du Dépôt, ou de Lecoq, seul de son bord.

      L’opinion de Gévrol s’appuyait sur une preuve formidable, l’évidence qui pénètre dans l’esprit par les yeux.

      L’hypothèse du jeune policier ne reposait que sur une série d’observations subtiles et de déductions dont le point de départ était une phrase prononcée par le meurtrier.

      Et cependant Lecoq n’avait plus l’ombre d’un doute, depuis une courte conversation avec le greffier de M. d’Escorval, qu’il avait rencontré en sortant du Dépôt.

      Ce brave garçon, adroitement interrogé par Lecoq, n’avait point vu d’inconvénient à lui apprendre ce qui s’était passé dans la cellule des « secrets, » entre le prévenu et le juge d’instruction.

      C’était, autant dire, rien.

      Non-seulement le meurtrier n’avait rien avoué à M. d’Escorval, mais il avait, assurait le greffier, répondu de la façon la plus évasive aux questions qui lui étaient posées, et même, à certaines, il n’avait pas répondu.

      Et si le juge n’avait pas insisté, c’est que pour lui ce premier interrogatoire n’était qu’une formalité destinée à justifier la délivrance un peu prématurée du mandat de dépôt.

      Dès lors, que penser de l’acte de désespoir du prévenu ?…

      La statistique des prisons est là, pour démontrer que les « СКАЧАТЬ