Monsieur Lecoq. Emile Gaboriau
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Monsieur Lecoq - Emile Gaboriau страница 26

Название: Monsieur Lecoq

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ peau, » si compromise qu’elle soit, ils sont lâches, ils sont douillets. L’abject Poulman, pendant sa détention, ne put jamais se résoudre à se laisser arracher une dent dont il souffrait tant qu’il en pleurait.

      D’un autre côté, le malheureux qui dans un moment d’égarement commet un crime, cherche presque toujours à échapper par une mort volontaire aux conséquences de son acte.

      Donc, la tentative avortée du prévenu était une forte présomption en faveur du système de Lecoq.

      – Il faut, se disait-il, que le secret de cet infortuné soit terrible, puisqu’il y tient plus qu’à la vie, puisqu’il a essayé de s’étrangler pour l’emporter intact dans la tombe.

      Il s’interrompit, quatre heures sonnaient.

      Lestement il sauta à bas de son lit, où il s’était jeté tout habillé, et cinq minutes plus tard, il descendait la rue Montmartre, où il logeait déjà à cette époque, mais dans un hôtel garni.

      Le temps était toujours détestable ; il brouillassait. Mais qu’importait au jeune policier !… Il marchait d’un bon pas, quand arrivé à la pointe Saint-Eustache, il fut interpellé par une grosse voix railleuse.

      – Hé !… joli garçon !…

      Il regarda et aperçut Gévrol qui, suivi de trois de ses agents, venait jeter ses filets aux environs des Halles. C’est un bon endroit. Il est rare qu’il ne se glisse pas quelques filous altérés dans les établissements qui restent ouverts toute la nuit pour les maraîchers.

      – Te voilà levé bien matin, monsieur Lecoq, continua l’inspecteur de la sûreté, tu cours toujours après l’identité de notre homme.

      – Toujours.

      – Est-ce un prince déguisé, décidément, ou un simple marquis ?

      – L’un ou l’autre, à coup sûr…

      – Bon !… En ce cas tu vas nous payer une tournée à prendre sur ta future gratification.

      Lecoq consentit, et la petite troupe entra en face, dans un débit.

      Les verres remplis :

      – Ma foi !… Général, reprit le jeune policier, notre rencontre m’évite une course. Je comptais passer à la Préfecture pour vous prier, de la part du juge d’instruction, d’envoyer ce matin même un de nos collègues à la Morgue. L’affaire de la Poivrière a fait du bruit, il y aura du monde, et il s’agirait de dévisager et d’écouter les curieux….

      – C’est bon !… le père Absinthe y sera dès l’ouverture.

      Envoyer le père Absinthe là où il fallait un agent subtil, était une moquerie. Cependant Lecoq ne protesta pas. Mieux valait encore être mal servi que trahi, et il était sûr du bonhomme.

      – N’importe !… continua Gévrol, tu aurais dû me prévenir hier soir. Mais quand je suis arrivé, tu étais déjà parti.

      – J’avais affaire.

      – Où ?

      – À la place d’Italie. Je voulais savoir si le violon du poste est pavé ou carrelé.

      Sur cette réponse, il paya, salua, et sortit.

      – Tonnerre !… s’écria alors Gévrol, en reposant violemment son verre sur le comptoir, sacré tonnerre !… Que ce cadet-là me déplaît ! Méchant galopin !… Ça ne sait pas le b, a, ba du métier, et ça fait le malin. Quand ça ne trouve rien, ça invente des histoires, et ça entortille les juges d’instruction avec des phrases, pour avoir de l’avancement. Je t’en donnerai, moi, de l’avancement … à rebours… Ah ! je t’apprendrai à te ficher de moi.

      Lecoq ne s’était pas moqué. La veille, en effet, il s’était rendu au poste où avait été renfermé le prévenu, il avait comparé au sol du violon la poussière qu’il avait en poche, et il rapportait, croyait-il, de cette expédition une de ces charges accablantes qui, souvent, suffisent à un juge d’instruction pour obtenir des aveux complets du plus obstiné prévenu.

      S’il s’était hâté de fausser compagnie à Gévrol, c’est qu’il avait une rude besogne à mener à bonne fin avant de se présenter à M. d’Escorval.

      Il prétendait retrouver le cocher qui avait été arrêté par les deux femmes rue du Chevaleret, et, dans ce but, il s’était procuré dans les bureaux de la Préfecture le nom et l’adresse de tous les loueurs de voitures établis entre la route de Fontainebleau et la Seine.

      Les débuts de ses recherches ne furent pas heureux.

      Dans le premier établissement où il se présenta, les garçons d’écurie, qui n’étaient pas levés, l’injurièrent. Les palefreniers étaient debout dans le second, mais pas un cocher n’était arrivé. Ailleurs, le patron refusait de lui communiquer les feuilles où est – où devrait être du moins – inscrit l’itinéraire quotidien de chaque cocher.

      Il commençait à désespérer, quand enfin, sur les sept heures et demie, au jour, chez un nommé Trigault, dont l’établissement était situé au delà des fortifications, il apprit que, dans la nuit du dimanche au lundi, un des cochers avait dû rebrousser chemin comme il rentrait.

      Même, ce cocher, on le lui montra dans la cour, où il aidait à atteler sa voiture.

      C’était un gros petit vieux, au teint enflammé, au petit œil pétillant de ruse, qui avait dû user sur le siège plus d’un fagot de manches de fouet. Lecoq marcha droit à lui.

      – C’est vous, lui demanda-t-il, qui, dans la nuit de dimanche à lundi, entre une heure et deux du matin, avez pris deux femmes rue du Chevaleret ?

      Le cocher se redressa, enveloppa Lecoq d’un regard sagace, et prudemment répondit :

      – Peut-être.

      – C’est une réponse positive qu’il me faut.

      – Ah ! Ah !… fit le vieux d’un ton narquois, monsieur connaît sans doute deux dames qui ont perdu quelque chose dans une voiture, et alors…

      Le jeune policier tressaillit de joie. Cet homme, évidemment, était celui qu’il cherchait, il l’interrompit :

      – Avez-vous entendu parler d’un crime dans les environs ?…

      – Oui, dans un cabaret borgne, on a assassiné…

      – Eh bien !… ces deux femmes s’y trouvaient ; elles fuyaient quand elles vous ont rencontré. Je les cherche ; je suis agent du service de la sûreté, voici ma carte ; voulez-vous me donner des renseignements ?…

      Le gros cocher était devenu blême.

      – Ah !… les scélérates, s’écria-t-il. Je ne m’étonne plus du pourboire qu’elles m’ont donné. Un louis, et deux pièces de cent sous pour la course, en tout trente francs… Gueux d’argent !… si je ne l’avais pas dépensé, je le jetterais…

      – Et où les avez-vous conduites ?

      – Rue СКАЧАТЬ