Monsieur Lecoq. Emile Gaboriau
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Название: Monsieur Lecoq

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ à ce point que, les yeux crevés par l’évidence, ils la nient.

      – Cependant, insista le juge, les femmes dont voici les empreintes ont existé !… Le complice qui a laissé sur un madrier ces flocons de laine est un être réel… Cette boucle d’oreille est un indice réel, palpable…

      Gévrol se tenait à quatre pour ne pas hausser les épaules.

      – Tout cela, dit-il, s’explique sans qu’il soit besoin de chercher midi à quatorze heures. Que le meurtrier ait un complice… c’est possible. La présence des femmes est naturelle, partout où il y a des filous, on rencontre des voleuses. Quant au diamant, que prouve-t-il ?… Que les coquins avaient fait un bon coup, qu’ils étaient venus ici partager le butin, et que du partage est venue la querelle…

      C’était une explication, et si plausible, que M. d’Escorval garda le silence, se recueillant avant de prendre une détermination.

      – Décidément, déclara-t-il enfin, j’adopte l’hypothèse du rapport… Quel en est l’auteur ?

      La colère rendait Gévrol plus rouge qu’un homard.

      – L’auteur, répondit-il, est un de mes agents que voici, un fort et adroit, monsieur Lecoq !… Allons, malin, approche qu’on te voie…

      Le jeune policier s’avança, les lèvres contractées par ce sourire de satisfaction qu’on appelle familièrement « la bouche en cœur. »

      – Mon rapport n’est qu’un sommaire, monsieur, commença-t-il, mais j’ai certaines idées…

      – Vous me les direz si je vous interroge, interrompit le juge.

      Et sans se soucier du désappointement de Lecoq, il prit dans le portefeuille de son greffier deux imprimés qu’il remplit et qu’il tendit à Gévrol, en disant :

      – Voici deux mandats de dépôt… faites prendre, au poste où ils sont consignés, l’inculpé et la maîtresse de ce cabaret, et qu’on les conduise à la Préfecture, où on les tiendra au secret.

      Cet ordre donné, M. d’Escorval se retournait déjà vers les médecins, quand le jeune policier, au risque d’une rebuffade nouvelle, intervint.

      – Oserais-je, demanda-t-il, prier monsieur le juge de me confier cette mission ?

      – Impossible, je puis avoir besoin de vous ici.

      – C’est que, monsieur, j’aurais aimé pour recueillir certains indices, une occasion qui ne se représentera pas…

      Le juge d’instruction comprit peut-être les intentions du jeune agent.

      – Soit donc, répondit-il, mais en ce cas vous m’attendrez à la Préfecture où je me transporterai dès que j’aurai terminé ici… Allez !…

      Lecoq ne se fit pas répéter la permission ; il s’empara des mandats et s’élança dehors.

      Il ne courait pas, il volait à travers les terrains vagues. Des fatigues de la nuit, il ne ressentait plus rien. Jamais il ne s’était senti le corps si dispos et si alerte, l’esprit si net et si lucide.

      Il espérait, il avait confiance, et il eût été parfaitement heureux, s’il eût eu affaire à un tout autre juge d’instruction.

      M. d’Escorval le gênait et le glaçait au point de paralyser ses moyens. Puis, de quel air de dédain il l’avait toisé, de quel ton impératif il lui avait imposé silence, et cela, lorsqu’il venait de louer son travail…

      – Mais bast !… se disait-il, est-ce qu’on a jamais ici-bas une joie sans mélange !…

      Et il courait…

      Chapitre 11

      Quand, après vingt minutes de course, Lecoq arriva à l’entrée de la route de Choisy, le chef de poste de la place d’Italie faisait les cent pas, la pipe aux dents, devant son corps de garde.

      À son air soucieux, au coup d’œil inquiet qu’il jetait à chaque instant sur une petite fenêtre munie d’un abat-jour, les passants devaient reconnaître qu’il avait en cage, en ce moment, quelque oiseau d’importance.

      Dès qu’il reconnut le jeune policier, son front se dérida, et il suspendit sa promenade.

      – Eh bien !… demanda-t-il, quelles nouvelles ?

      – J’apporte l’ordre de conduire les prisonniers à la Préfecture.

      Le chef de poste, aussitôt, se frotta les mains à s’enlever l’épiderme.

      – Grand bien leur fasse !… s’écria-t-il, la voiture cellulaire passera d’ici à une heure, nous les y emballerons bien gentiment, et fouette cocher !…

      Force fut à Lecoq d’interrompre l’expansion de sa satisfaction.

      – Les prisonniers sont-ils seuls ? interrogea-t-il.

      – Absolument seuls, la femme d’un côté, l’homme de l’autre … la nuit n’a pas donné … une nuit de Dimanche gras !… c’est surprenant. Il est vrai que votre chasse a été interrompue.

      – Vous avez eu un ivrogne, cependant.

      – Tiens ! oui … dans le fait … ce matin, au jour… Un pauvre diable qui doit une fameuse chandelle à Gévrol.

      Ce mot, ironie involontaire, devait aviver les regrets de Lecoq.

      – Une fameuse chandelle, en effet !… approuva-t-il.

      – C’est sûr, quoique vous ayez l’air de rire : sans Gévrol, il se faisait écraser.

      – Et qu’est-il devenu, cet ivrogne ?…

      Le chef de poste haussa les épaules.

      – Ah !… dame !… répondit-il, vous m’en demandez trop !… C’était un brave homme, qui avait passé la nuit chez des amis, et que l’air a étourdi quand il est sorti. Il nous a expliqué cela, quand il a été dégrisé, au bout d’une demi-heure. Non, je n’ai jamais vu un homme si vexé. Il en pleurait. Il répétait comme cela : Un père de famille, à mon âge !… c’est honteux !… Qu’est-ce que va dire ma femme !… que penseront les enfants !…

      – Il parlait beaucoup de sa femme ?…

      – Rien que d’elle… Il doit même nous avoir dit son nom… Eudoxie, Léocadie… un nom dans ce genre-là, toujours. Il croyait, le pauvre bonhomme, qu’il était fautif, et qu’on allait le garder en prison. Il demandait à envoyer un commissionnaire chez lui. Quand on lui a dit qu’il était libre, j’ai cru qu’il allait devenir fou de plaisir, il nous embrassait les mains… Et il a filé !… Ah ! il ne demandait pas son reste !

      La raillerie du hasard continuait.

      – Et vous l’avez mis avec le meurtrier ? interrogea Lecoq.

      – Comme de juste.

      – Ils se sont parlé.

      – Parlé !… СКАЧАТЬ