François le Bossu. Comtesse de Ségur
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Название: François le Bossu

Автор: Comtesse de Ségur

Издательство: Bookwire

Жанр: Книги для детей: прочее

Серия:

isbn: 4064066089283

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      FRANÇOIS

      —Et dans quoi les mettrons-nous? nous n'avons pas d'assiettes.

      GABRIELLE

      —Nous allons en avoir tout à l'heure. Que chacun prenne une grande feuille de châtaigner; en voici trois.

      Chacun prit sa feuille, et François commença le partage; les petites filles le regardaient faire. Quand il eut fini:

      «C'est très mal partagé, dît Gabrielle; tu nous as presque tout donné; et il t'en reste à peine.»

      —-Tiens, mon bon petit, en voici des miennes, dit Christine en versant une part de ses fraises dans la feuille de François.

      —-Et en voilà des miennes, dit Gabrielle en faisant comme Christine.

      FRANÇOIS

      —C'est trop, beaucoup trop, mes bonnes amies.

      GABRIELLE

      —Du tout, c'est très bien: mangeons.

      FRANÇOIS

      —Comme vous êtes bonnes! Quand je suis avec d'autres enfants, ils prennent tout et ne m'en laissent presque pas.

       Table des matières

       Table des matières

      Les enfants finissaient de manger leurs fraises et ils sortaient du bois, quand ils virent arriver un jeune homme de dix-huit à vingt ans qui tenait son chapeau à la main, et qui saluait à chaque pas en s'approchant des enfants. Puis il resta debout devant eux, sans parler.

      Les enfants le regardaient et ne disaient rien non plus.

      «Signora, signor, me voilà», dit le jeune homme saluant encore.

      Les enfants saluèrent aussi, mais un peu effrayés.

      «Sais-tu qui c'est», dit François à l'oreille de Gabrielle.

      GABRIELLE

      —Non; j'ai peur. Si nous nous sauvions?

      «Signora, signor, sé souis venou, mé voici», recommença l'étranger saluant toujours.

      Pour toute réponse, Gabrielle prit la main de Christine et se mit à courir en criant:

      «Maman, maman, un monsieur!»

      Elles ne tardèrent pas à rencontrer Mme de Cémiane et M, de Nancé qui les avaient entendues crier et qui accouraient aussi, craignant quelque accident.

      «Qu'y a-t-il? Où est François?» demanda M. de Nancé avec anxiété.

      —Là, là, dans le bois, avec un monsieur fou qui va lui faire du mal, dit Christine tout essoufflée.

      M. de Nancé partit comme une flèche et aperçut François debout et souriant devant l'étranger, qui se mit à saluer de plus belle?

      M. DE NANCÉ

      —Qui êtes-vous, monsieur? Que voulez-vous?

      L'ÉTRANGER, saluant.

      —Moi, zé souis invité de venir sé signor conté. C'est vous, signor Cémiane.

      M. DE NANCÉ

      —Non, ce n'est pas moi, monsieur; mais voici Mme de Cémiane.

      L'étranger s'approcha de Mme de Cémiane, recommença ses saluts, et répéta la phrase qu'il venait de dire à M. de Nancé.

      MADAME DE CÉMIANE

      —Mon mari est absent, monsieur, il va rentrer; mais veuillez me dire votre nom, car je ne crois pas avoir encore reçu votre visite.

      —Moi, Paolo Peronni, et voilà une lettre dé signor conté Cémiane.

      Il tendit à Mme de Cémiane une lettre, qu'elle parcourut en réprimant un sourire.

      «Ce n'est pas l'écriture de mon mari», dit-elle.

      PAOLO

      —Pas écritoure! Alors, quoi faire? Il invite à dîner, et moi, povéro Paolo, z'étais très satisfait. Z'ai marcé fort; z'avais peur de venir tard. Quoi faire?

      MADAME DE CÉMIANE

      —Il faut rester à dîner avec nous, monsieur; vos amis ont voulu sans doute vous jouer un tour, et vous le leur rendrez en dînant ici et en faisant connaissance avec nous.

      PAOLO

      —Ça est bon à vous; merci, madame; moi, zé souis pas depuis longtemps ici; moi, zé connais personne.

      Le jeune homme raconta comme quoi il était médecin, Italien, échappé à un affreux massacre du village de Liepo, qu'il défendait avec deux cents jeunes Milanais contre Radetzki.

      «Eux sont restés presque tous toués, coupés en morceaux; moi zé mé souis sauvé en mé zétant sous les amis morts; quand la nouit est venoue, moi ramper longtemps, et puis zé mé souis levé debout et z'ai couru, couru; lé zour, zé souis cacé dans les bois, z'ai manzé les frouits des oiseaux, et la nouit courir encore zousqu'à Zènes; pouis z'ai marcé et z'ai dit Italiano! et les amis m'ont donné du pain, des viandes, oune lit; et moi zé souis arrivé en vaisseau en bonne France; les bons Français ont donné tout et m'ont amené ici à Arzentan; et moi, zé connais personne, et quand est arrivée oune lettre dou signor conté Cimiano, moi z'étais content, et les camarades de rire et toussoter, et oune me dit: «Va pas, c'est pour rire»; mais moi, z'ai pas écouté et z'ai fait deux lieues en oune heure; et voilà comment Paolo est venu zousqu'ici... Vous riez comme les camarades; c'est drôle, pas vrai?»

      Mme de Cémiane riait de bon coeur; M. de Nancé souriait et regardait le pauvre Italien avec un air de profonde pitié.

      «Pauvre jeune homme!» dit-il avec un soupir, Et où sont vos parents?

      «Mes parents?...»

      Et le visage du jeune homme prit une expression terrible.