Brancas; Les amours de Quaterquem. Assollant Alfred
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Название: Brancas; Les amours de Quaterquem

Автор: Assollant Alfred

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066085797

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СКАЧАТЬ est favorable pour entrer en matière et faire ta cour. Va donc, et bonne chance; ma commanderie est dans tes mains, et ton portefeuille aussi.»

       Table des matières

      Marguerite Oliveira, blonde aux yeux de saphir, que ses amies de pension appelaient Rita, avait toute la grâce et la simplicité qu'on ne trouve qu'au deux pôles de la civilisation, chez les sauvagesses d'Otaïti et dans quelques salons de Paris. Grande, assez instruite au besoin pour tout comprendre et parler de tout sans affectation, elle plaisait à tout le monde et ne s'imposait à personne. Son âme était limpide et sans mystère comme son regard. Peut-être n'était-elle pas faite pour les grandes passions; bien faite, riante, pleine de douceur et de charme, pour parler comme Chateaubriand, elle n'avait pas été mouillée par la pluie des orages du coeur.

      Rita offrit du thé au conseiller d'État qui s'empressa d'accepter. L'avocat fit un geste de refus.

      «Mademoiselle, dit-il, je vous remercie, je n'aime pas le thé.

      —Ce n'est pas une raison, monsieur, répliqua-t-elle. Qui est-ce qui aime le thé? Personne; car je ne compte pas deux ou trois cents millions de Chinois, qui en boivent par patriotisme, et trente millions d'Anglais, par entêtement. C'est une tisane des plus médiocres, mais acceptée par les honnêtes gens. Il faut bien faire comme tout le monde. Prenez donc, monsieur, prenez et buvez!»

      Pendant ce temps, le conseiller d'État se retirait sous prétexte d'aller au whist, et les deux jeunes gens se trouvèrent, non sans quelque embarras, à peu près seuls dans un coin du salon.

      «Mademoiselle, dit l'avocat en feuilletant un album, vous avez là de fort beaux paysages. Quel est ce large fleuve qui coule entre deux chaînes de montagnes escarpées? Est-ce une vue d'Allemagne ou de Suisse?

      —Ceci monsieur? c'est une vue du Delaware que j'ai visité l'an dernier avec mon père. Ces montagnes sont les Alleghanys, et ce pont qui s'enfonce dans le fleuve sous le poids d'un convoi de chemin de fer, c'est un pont du Pensylvanian Rail-Rand à qui cet accident est arrivé pendant que nous allions de Philadelphie à Pittsbourg. Ce bateau à vapeur que vous voyez un peu plus loin, appartient au constructeur du pont; il sert à repêcher les trains qui tombent à l'eau, et je vous assure qu'au dire des voisins, il ne manque pas d'occupation.

      —Vous avez vu les États-Unis? dit l'avocat étonné.

      —Oui, monsieur, et le Canada. Cela n'est pas dans les règles, je le sais bien, et mon père aurait dû me conduire en Suisse ou en Italie comme toutes les petites filles qui sortent de pension; mais alors, pourquoi se déranger? Pour voir des sites que tout le monde connaît, des auberges que tout le monde décrie, et des voyageurs qu'on rencontre partout? autant vaut rester chez soi. Mon père l'a bien compris, et m'a menée du premier coup à la cataracte du Niagara, qui est la plus belle chose de la création...»

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      J'avais pensé d'abord à rapporter mot à mot la conversation de Rita et de l'avocat, espérant qu'elle servirait de modèle aux jeunes gens des deux sexes qui veulent s'engager dans les doux liens de l'hyménée: déjà mon siège était fait, et mon héros comme on doit s'y attendre, n'aurait prononcé que des discours graves, sensés, spirituels, philosophiques, moraux, harmonieux et doux, tels enfin que dans les romans anglais du genre high life en débitent d'une voix posée et mélodieuse ces gentilshommes dont les favoris épais et bien brossés, la taille perpendiculaire et les grâces inimitables font les délices du peuple parisien; mais le hasard ayant fait tomber dans mes mains une lettre de Mlle Rita Oliveira à Mlle Claudie Bonsergent, où le même sujet est traité avec une grande supériorité, j'ai cru devoir laisser la parole à Mlle Rita, meilleur juge que moi, sans contredit, des grâces et de l'éloquence de son fiancé. Voici cette lettre, ou plutôt le post-scriptum.

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      «P. S. Grande nouvelle. On me marie. On, c'est-à-dire mon père. La femme étant au dire des poëtes, le chef-d'oeuvre de la création, comment se fait-il, très-chère, que tout bon père de famille n'ait pas d'autre inquiétude que de se débarrasser du dit chef-d'oeuvre en faveur du premier venu? Les poëtes se moqueraient-ils de nous, par hasard? Réponds à cela, subtile raisonneuse. Pour moi, j'en suis toute humiliée.

      «Hier matin, j'étais en tête-à-tête avec Julie, cette adorable Julie qui me peigne si bien, et que tu m'as enviée si souvent. Je me regardais assez complaisamment dans la glace, adoucissant mes yeux et essayant mes sourires, ainsi que tu fais sans doute en pareille circonstance, lorsque mon père est entré.—Bravo! Rita, m'a-t-il dit en m'embrassant, tu aiguises tes armes, à ce que je vois. (J'ai rougi un peu.)—Papa, tu sais bien qu'il ne faut pas entrer chez les dames sans les faire avertir.—Le mal n'est pas grand, je n'ai rien vu. As-tu donné les ordres, pour ce soir? (Il faut te dire que mon père offre tous les mardis du thé, du punch et des cigares à trente ou quarante personnes qui se divisent en trois catégories: les gens riches, les gens d'esprit et les gens bien cravatés. Quand la conversation est engagée et qu'on s'échauffe, quand on partage l'Orient, donnant l'Égypte aux Anglais, Constantinople aux Russes, le reste à je ne sais qui, et à la France la Gloire de présider au partage; je m'esquive doucement sur la pointe du pied.)—Tout est prêt, papa, ai-je dit. Il m'a regardée dans les yeux, m'a embrassée une seconde fois très-tendrement, s'est assis près de moi et m'a demandé d'un air mystérieux: Penses-tu quelquefois au ménage?—Pas encore.» C'était presque vrai. Je n'y pense qu'à mes moments perdus, et je t'assure que ma toilette, les emplettes du matin, les promenades au bois de Boulogne dans l'après-midi, quelques visites à mes bonnes amies, les leçons de chant, l'Opéra, et l'édifiante lecture des romans de M. Jules Sandeau, ne me laissent guère de loisirs. «J'en suis fâché, a-t-il repris, car j'avais justement à te proposer un mari très-présentable; mais, puisque le mariage te déplaît, n'en parlons plus.—Oh! je n'ai ni sympathie ni antipathie pour le mariage; je n'y pense pas. Voyons un peu ton mari très-présentable.—Non, mon enfant, je ne veux pas gêner tes goûts ni tes habitudes....—Mais, papa, tu ne gênes rien ni personne, je t'assure.—Non, Rita, je connais le danger des unions mal assorties....—Mais papa, cette union n'est ni bien ni mal assortie, puisqu'elle n'est pas assortie du tout.—Non, mon enfant, je ne suis pas de ces pères barbares!... (Plus j'insistais, plus il reculait et s'amusait à irriter ma curiosité.)—Eh bien garde ton secret, ai-je dit avec impatience. Il s'est décidé à parler: Que dis-tu du nom de Brancas?—Duc de Brancas?—Non, non, Brancas avocat.—Il y a tant d'avocats!—Pas plus que de ducs.—Oh! je ne tiens pas aux ducs. Comment est-il fait ton M. Brancas, qui n'est pas duc?—Je ne sais pas, je le connais à peine, СКАЧАТЬ