Brancas; Les amours de Quaterquem. Assollant Alfred
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Название: Brancas; Les amours de Quaterquem

Автор: Assollant Alfred

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066085797

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СКАЧАТЬ acceptes donc?

      —Est-ce que je puis vous refuser quelque chose, cher oncle?

      —Et tu te souviendras toujours que je t'ai mis la députation à la main?

      —Jusqu'à la consommation des siècles. Mais quel besoin pouvez-vous avoir de moi? N'êtes-vous pas riche, n'êtes-vous pas bien en cour? Que vous reste-t-il à désirer?

      —Une misère, à laquelle je ne tiens que pour avoir la paix dans mon ménage; mais ta tante le veut, et je n'ose rien lui refuser.

      —Voyons cette misère.

      —Une commanderie dans la Légion d'honneur et la présidence d'une section du conseil d'État; ma femme prétend que cela fait bien au bas d'une carte.

      —Eh bien, cher oncle, ce n'est pas cela qui nous empêchera d'épouser Mlle Oliveira aux yeux de saphir. Mais est-ce à moi de distribuer des croix et de régler les rangs au conseil d'État?

      —Pourquoi non? Tu parles comme un Démosthènes et tu sais te faire entendre. Crois-tu que ce soit un mérite si commun à la Chambre des députés? Va, va, je connais plus d'un ministre qui serait en peine d'en faire autant. Si tu veux seulement nouer ta cravate avec moins de négligence, ne faire aucun geste, n'être ému de rien, avoir la tête et les yeux dans la position du soldat sans armes (les yeux à quinze pas devant toi, la tête fixe et mobile), ne te permettre aucune plaisanterie, ce qui choque toujours les niais (c'est-à-dire les trois quarts de toutes les Assemblées), et citer avec respect les divins axiomes de M. Royer-Collard; si à tous ces mérites tu ajoutes celui de voter bien, c'est-à-dire tantôt avec la gauche et tantôt avec le centre, suivant les intérêts du jour, je te prédis la plus brillante fortune. Tu seras premier ministre avant dix ans, et je serai, moi, grand-croix, ce qui fera plaisir à ma femme et honneur à la famille.

      —Accordé. Laissez-moi seulement le temps de faire restituer à mon ami Ripainsel un ou deux millions que la communauté de P.... a eu l'adresse de se faire léguer par son oncle: à mon retour, je vous suivrai chez le père Oliveira.

      —Que veux-tu dire avec ton Ripainsel?

      —Lisez cette lettre.

      —Laisse-moi là ce Ripainsel, dit l'oncle après avoir lu, et prends l'occasion par son unique cheveu. Viens voir Oliveira; c'est un bon homme qui a fait fortune dans le commerce des bottes percées et des vaudevilles éculés, et qui n'en est pas plus fier.

      —Il fait des vaudevilles?

      —Il n'en fait plus depuis qu'il est homme politique; mais il en a fabriqué, à vingt ans, cinq ou six douzaines qui n'étaient, ma foi, ni meilleurs ni pires que tous ceux qu'on applaudit et qu'on siffle. Tu ne connais donc pas ton futur beau-père?

      —Je ne l'ai jamais vu.—Vous dites qu'il est millionnaire et député, cela me suffit.

      —Oh! c'est quelque chose de plus. Tu vas voir un petit homme tout rond, riant, fleuri, bavard, spirituel, inventif, caressant, poli, cordial, empressé, obligeant, indifférent à tout, excepté à ses intérêts, sachant amasser, sachant dépenser, sachant promettre et oublier sa promesse, homme d'affaires qui serait un grand personnage s'il voulait prendre intérêt à la politique, sceptique au point de ne pas savoir s'il est baptisé ou circoncis, honnête homme au demeurant, autant que peut l'être un spéculateur de profession, et ami des arts comme ces banquiers illustres de Venise et de Florence pour qui peignaient et sculptaient Titien et Michel-Ange. Nous irons chez lui ce soir.

      —Ce soir, puisque vous le voulez», dit l'avocat.

       Table des matières

       Table des matières

      Oliveira les reçut avec cette politesse aimable et simple qui est la plus utile et la moins provinciale de toutes les vertus. Déjà les vieux colonels de l'Empire, les poètes chauves et les jeunes magistrats étaient assis et jouaient au whist. Oliveira conduisit ses deux hôtes dans un salon particulier rempli de crics malais, d'épées du moyen âge et de toute la menue ferraille qu'il est convenable d'avoir au-dessus de sa tête quant on veut fumer un cigare.

      «D'où vient cette dague florentine? demanda Brancas à son hôte.

      —La poignée, répondit négligemment Oliveira, est de Benvenuto Cellini, qui la cisela tout exprès pour François Ier; la lame est du senor Bermudez de Tolède.

      —Quoi? de Bermudez lui-même, dit l'avocat d'un air d'admiration.

      —Je le crois. Cette dague a son histoire comme un cheval arabe ou comme un prince. M. de Loignac le reçut d'Henri III et l'enfonça dans la poitrine du duc de Guise. Voyez à la pointe cette tache qu'on a respectée. C'est une goutte du sang du Balafré. Un petit neveu de M. de Loignac, émigré vers 1792, vendit sa dague à un boyard russe dont le fils est mort à Clichy. C'est de lui que je tiens cette lame admirable, dont Bermudez emprunta le secret aux fabricants d'Alep et de Damas.

      —Pardonnez-moi mon ignorance, dit l'avocat, et dites-moi, je vous prie, qui était ce merveilleux Bermudez?

      —C'était un alchimiste de Valence qui cherchait la pierre philosophale en Orient, vers 1520. Suivant l'usage, il donna son âme au diable et reçut en échange par l'entremise d'un fabricant d'Alep, l'art de combiner le platine avec l'acier, ce qui donne aux sabres une trempe irrésistible. Il apporta ce secret en Europe, avec beaucoup d'autres, et s'acquit une grande réputation. Par malheur, la sainte inquisition, le voyant peu assidu à la messe, car les voyages et les sciences occultes profitent rarement à la piété, le fit brûler en grande pompe à Valence l'an 1536 de notre ère.

      —Il faut avouer, monsieur, dit l'avocat, que vous êtes un savant homme.

      —Je cherche à me faire pardonner mes millions, répliqua Oliveira. Au reste, vous trouverez ce récit tout au long dans l'Histoire des alchimistes, sorciers et autres suppôts du diable dans les royaumes de Valence et d'Aragon, par le P. Bunardez, in-4º. Ségovie, 1640. Le seul exemplaire qui existe en France est déposé à la bibliothèque de Vieilleville, sous la garde du sieur Krantz, ancien artilleur, le plus hargneux des hommes.

      —Quoi! parmi tant d'affaires vous trouvez le temps de lire les histoires du P. Bunardez?

      —Oh! je n'ai pas été toujours l'homme affairé que vous voyez. Quand j'étais clerc d'huissier j'avais bien des loisirs».

      Le conseiller d'État sourit en regardant son neveu.

      «Comment peut-on être clerc d'huissier! reprit Oliveira. N'est-ce pas ce que vous voulez dire? Je vous jure, messieurs, qu'il n'y avait pas de ma faute; j'aurais beaucoup mieux aimé être duc et pair. J'ai quitté le métier aussitôt que je l'ai pu; mais enfin il fallait vivre, et je recevais de mon patron, tous les jours, une croûte de pain et une tranche de saucisson, qui m'aidaient merveilleusement à supporter la vie. Entre deux assignations j'allais à la Bibliothèque et au Musée.

      «J'admirais la Vénus de Médicis, si frêle et si délicate, et СКАЧАТЬ