Les compagnons de Jéhu. Alexandre Dumas
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Название: Les compagnons de Jéhu

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066088774

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      Ils étaient à détente simple.

      M. de Barjols jeta dessus un coup d'oeil; mais ne les toucha même pas.

      — Notre adversaire ne connaît point vos armes? demanda

       M. de Valensolle.

      — Il ne les a même pas vues, répondit sir John, je vous en donne ma parole d'honneur.

      — Oh! fit M. de Valensolle, une simple dénégation suffisait.

      On régla une seconde fois, afin qu'il n'y eût point de malentendu, les conditions du combat déjà arrêtées; puis, ces conditions réglées, afin de perdre le moins de temps possible en préparatifs inutiles, on chargea les pistolets, on les remit tout chargés dans la boîte, on confia la boîte au chirurgien, et sir John, la clef de sa boîte dans sa poche alla chercher Roland.

      Il le trouva causant avec un petit pâtre qui faisait paître trois chèvres aux flancs roides et rocailleux de la montagne, et jetant des cailloux dans le bassin.

      Sir John ouvrait la bouche pour lui dire que tout était prêt; mais lui, sans donner à lAnglais le temps de parler:

      — Vous ne savez pas ce que me raconte cet enfant, milord! Une véritable légende des bords du Rhin. Il dit que ce bassin, dont on ne connaît pas le fond, s'étend à plus de deux ou trois lieues sous la montagne, et sert de demeure à une fée, moitié femme, moitié serpent, qui, dans les nuits calmes et pures de l'été, glisse à la surface de leau, appelant les pâtres de la montagne et ne leur montrant, bien entendu, que sa tête aux longs cheveux, ses épaules nues et ses beaux bras; mais les imbéciles se laissent prendre à ce semblant de femme: ils s'approchent, lui font signe de venir à eux, tandis que, de son côté, la fée leur fait signe de venir à elle. Les imprudents s'avancent sans s'en apercevoir, ne regardant pas à leurs pieds; tout à coup la terre leur manque, la fée étend le bras, plonge avec eux dans ses palais humides, et, le lendemain, reparaît seule. Qui diable a pu faire à ces idiots de bergers le même conte que Virgile racontait en si beaux vers à Auguste et à Mécène?

      Il demeura pensif un instant, et les yeux fixés sur cette eau azurée et profonde; puis, se retournant vers sir John:

      — On dit que jamais nageur, si vigoureux qu'il soit, n'a reparu après avoir plongé dans ce gouffre; si j'y plongeais, milord, ce serait peut-être plus sûr que la balle de M. de Barjols. Au fait, ce sera toujours une dernière ressource; en attendant, essayons de la balle. Allons, milord, allons.

      Et, prenant par dessous le bras l'Anglais émerveillé de cette mobilité d'esprit, il le ramena vers ceux qui les attendaient.

      Eux, pendant ce temps, s'étaient occupés de chercher un endroit convenable et l'avaient trouvé.

      C'était un petit plateau, accroché en quelque sorte à la rampe escarpée de la montagne, exposé au soleil couchant et portant une espèce de château en ruine, qui servait d'asile aux pâtres surpris par le mistral. Un espace plan, d'une cinquantaine de pas de long et d'une vingtaine de pas de large, lequel avait dû être autrefois la plate-forme du château, allait être le théâtre du drame qui approchait de son dénouement.

      — Nous voici, messieurs, dit sir John.

      — Nous sommes prêts, messieurs, dit M. de Valensolle.

      — Que les adversaires veuillent bien écouter les conditions du combat, dit sir John.

      Puis, s'adressant à M. de Valensolle:

      — Redites-les, monsieur, ajouta-t-il; vous êtes Français et moi étranger; vous les expliquerez plus clairement que moi.

      — Vous êtes de ces étrangers, milord, qui montreraient la langue à de pauvres Provençaux comme nous; mais, puisque vous avez la courtoisie de me céder la parole, j'obéirai à votre invitation.

      Et il salua sir John, qui lui rendit son salut.

      — Messieurs, continua le gentilhomme qui servait de témoin à M. de Barjols, il est convenu que l'on vous placera à quarante pas; que vous marcherez l'un vers l'autre; que chacun tirera à sa volonté, et, blessé ou non, aura la liberté de marcher après le feu de son adversaire.

      Les deux combattants s'inclinèrent en signe d'assentiment, et, d'une même voix, presque en même temps, dirent:

      — Les armes!

      Sir John tira la petite clef de sa poche et ouvrit la boîte.

      Puis il s'approcha de M. de Barjols et la lui présenta tout ouverte.

      Celui-ci voulut renvoyer le choix des armes à son adversaire; mais, d'un signe de la main, Roland refusa en disant avec une voix d'une douceur presque féminine:

      — Après vous, monsieur de Barjols; j'apprends que, quoique insulté par moi, vous avez renoncé à tous vos avantages; c'est bien le moins que je vous laisse celui-ci, si toutefois cela en est un.

      M. de Barjols n'insista point davantage et prit au hasard un des deux pistolets.

      Sir John alla offrir l'autre à Roland, qui le prit, l'arma, et, sans même en étudier le mécanisme, le laissa pendre au bout de son bras. Pendant ce temps, M. de Valensolle mesurait les quarante pas: une canne avait été plantée au point de départ.

      — Voulez-vous mesurer après moi, monsieur? demanda-t-il à sir

       John.

      — Inutile, monsieur, répondit celui-ci; nous nous en rapportons,

       M. de Montrevel et moi, parfaitement à vous.

      M. de Valensolle planta une seconde canne au quarantième pas.

      — Messieurs, dit-il, quand vous voudrez.

      L'adversaire de Roland était déjà à son poste, chapeau et habit bas.

      Le chirurgien et les deux témoins se tenaient à l'écart.

      L'endroit avait été si bien choisi, que nul ne pouvait avoir sur son ennemi désavantage de terrain ni de soleil.

      Roland jeta près de lui son habit, son chapeau, et vint se placer à quarante pas de M. de Barjols, en face de lui.

      Tous deux, l'un à droite, l'autre à gauche, envoyèrent un regard sur le même horizon.

      L'aspect en était en harmonie avec la terrible solennité de la scène qui allait s'accomplir.

      Rien à voir à la droite de Roland, ni à la gauche de M. de Barjols; c'était la montagne descendant vers eux avec la pente rapide et élevée d'un toit gigantesque.

      Mais du côté opposé, c'est-à-dire à la droite de M. de Barjols et à la gauche de Roland, c'était tout autre chose.

      L'horizon était infini.

      Au premier plan, c'était cette plaine aux terrains rougeâtres trouée de tous côtés par des points de roches, et pareille à un cimetière de Titans dont les os perceraient la terre.

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