Les compagnons de Jéhu. Alexandre Dumas
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Les compagnons de Jéhu - Alexandre Dumas страница 14

Название: Les compagnons de Jéhu

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066088774

isbn:

СКАЧАТЬ

      — Ah! pardieu! fit Roland, j'accepte et de grand coeur!

      — Voilà le service que je voulais rendre, moi, à vous!

      Roland lui tendit la main.

      — Merci, dit-il.

      L'Anglais s'inclina.

      — Maintenant, continua Roland, vous avez eu le bon goût, milord, avant de m'offrir vos services, de me dire qui vous étiez; il est trop juste, du moment où je les accepte, que vous sachiez qui je suis.

      — Oh! comme vous voudrez.

      — Je me nomme Louis de Montrevel; je suis aide de camp du général

       Bonaparte.

      — Aide de camp du général Bonaparte! je suis bien aise.

      — Cela vous explique comment j'ai pris, un peu trop chaudement peut-être, la défense de mon général.

      — Non, pas trop chaudement; seulement, l'assiette…

      — Oui, je sais bien, la provocation pouvait se passer de l'assiette; mais, que voulez-vous! je la tenais à la main, je ne savais qu'en faire, je l'ai jetée à la tête de M. de Barjols; elle est partie toute seule sans que je le voulusse.

      — Vous ne lui direz pas cela, à lui?

      — Oh! soyez tranquille; je vous le dis, à vous, pour mettre votre conscience en repos.

      — Très bien; alors, vous vous battrez?

      — Je suis resté pour cela, du moins.

      — Et à quoi vous battrez-vous?

      — Cela ne vous regarde pas, milord.

      — Comment, cela ne me regarde pas?

      — Non; M. de Barjols est l'insulté, c'est à lui de choisir ses armes.

      — Alors, l'arme qu'il proposera, vous l'accepterez?

      — Pas moi, sir John, mais vous, en mon nom, puisque vous me faites l'honneur d'être mon témoin.

      — Et, si c'est le pistolet qu'il choisit, à quelle distance et comment désirez-vous vous battre?

      — Ceci, c'est votre affaire, milord, et non la mienne. Je ne sais pas si cela se fait ainsi en Angleterre, mais, en France, les combattants ne se mêlent de rien; c'est aux témoins d'arranger les choses; ce qu'ils font est toujours bien fait.

      — Alors ce que je ferai sera bien fait?

      — Parfaitement fait, milord.

      L'Anglais s'inclina.

      — L'heure et le jour du combat?

      — Oh! cela, le plus tôt possible; il y a deux ans que je n'ai vu ma famille, et je vous avoue que je suis pressé d'embrasser tout mon monde.

      L'Anglais regarda Roland avec un certain étonnement; il parlait avec tant d'assurance, qu'on eût dit qu'il avait d'avance la certitude de ne pas être tué.

      En ce moment, on frappa à la porte, et la voix de l'aubergiste demanda:

      — Peut-on entrer?

      Le jeune homme répondit affirmativement: la porte s'ouvrit, et l'aubergiste entra effectivement, tenant à la main une carte qu'il présenta à son hôte.

      Le jeune homme prit la carte et lut:

      «Charles de Valensolle.»

      — De la part de M. Alfred de Barjols, dit l'hôte.

       — Très bien! fit Roland.

      Puis, passant la carte à lAnglais:

      — Tenez, cela vous regarde; c'est inutile que je voie ce monsieur, puisque, dans ce pays-ci, on n'est plus citoyen… M. de Valensolle est le témoin de M. de Barjols, vous êtes le mien: arrangez la chose entre vous; seulement, ajouta le jeune homme en serrant la main de l'Anglais et en le regardant fixement, tâchez que ce soit sérieux; je ne récuserais ce que vous aurez fait que s'il n'y avait point chance de mort pour l'un ou pour lautre.

      — Soyez tranquille, dit lAnglais, je ferai comme pour moi.

      — À la bonne heure, allez, et, quand tout sera arrêté, remontez; je ne bouge pas d'ici.

      Sir John suivit laubergiste; Roland se rassit, fit pirouetter son fauteuil dans le sens inverse et se retrouva devant sa table.

      Il prit sa plume et se mit à écrire.

      Lorsque sir John rentra, Roland, après avoir écrit et cacheté deux lettres, mettait ladresse sur la troisième.

      Il fit signe de la main à l'Anglais d'attendre qu'il eût fini afin de pouvoir lui donner toute son attention.

      Il acheva ladresse, cacheta la lettre, et se retourna.

      — Eh bien, demanda-t-il, tout est-il réglé?

      — Oui, dit lAnglais, et ça a été chose facile, vous avez affaire à un vrai gentleman.

      — Tant mieux! fit Roland.

      Et il attendit.

      — Vous vous battez dans deux heures à la fontaine de Vaucluse — un lieu charmant — au pistolet, en marchant l'un sur l'autre, chacun tirant à sa volonté et pouvant continuer de marcher après le feu de son adversaire.

      — Par ma foi! vous avez raison, sir John; voilà qui est tout à fait bien. C'est vous qui avez réglé cela?

      — Moi et le témoin de M. Barjols, votre adversaire ayant renoncé à tous ses privilèges d'insulté.

      — S'est-on occupé des armes?

      — J'ai offert mes pistolets; ils ont été acceptés, sur ma parole d'honneur qu'ils étaient aussi inconnus à vous qu'à M. de Barjols; ce sont d'excellentes armes avec lesquelles, à vingt pas, je coupe une balle sur la lame d'un couteau.

      — Peste! vous tirez bien, à ce qu'il paraît, milord?

      — Oui; je suis, à ce que l'on dit, le meilleur tireur de lAngleterre.

      — C'est bon à savoir; quand je voudrai me faire tuer, sir John, je vous chercherai querelle.

      — Oh! ne cherchez jamais une querelle à moi, dit l'Anglais, cela me ferait trop grand-peine d'être obligé de me battre avec vous.

      — On tâchera, milord, de ne pas vous faire de chagrin. Ainsi, c'est dans deux heures.

      — Oui; vous m'avez dit que vous étiez pressé.

      — Parfaitement. Combien y СКАЧАТЬ