Les compagnons de Jéhu. Alexandre Dumas
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Название: Les compagnons de Jéhu

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066088774

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      Le postillon, qui n'attendait qu'un ordre, fouetta ses chevaux; la voiture partit, rapide et grondante comme la foudre, et disparut par la porte d'Oulle.

      III — L'ANGLAIS

      Roland resta immobile à sa place, non seulement tant qu'il put voir la voiture, mais encore longtemps après qu'elle eut disparu.

      Puis, secouant la tête comme pour faire tomber de son front le nuage qui l'assombrissait, il rentra dans l'hôtel et demanda une chambre.

      — Conduisez monsieur au n° 3, dit l'hôte à une femme de chambre.

      La femme de chambre prit une clef suspendue à une large tablette de bois noir, sur laquelle étaient rangés, sur deux lignes, des numéros blancs, et fit signe au jeune voyageur qu'il pouvait la suivre.

      — Faites-moi monter du papier, une plume et de l'encre, dit le jeune homme à l'hôte, et si M. de Barjols s'informe où je suis, donnez-lui le numéro de ma chambre.

      L'hôte promit de se conformer aux intentions de Roland, qui monta derrière la fille en sifflant la Marseillaise.

      Cinq minutes après, il était assis près d'une table, ayant devant lui le papier, la plume, l'encre demandés, et s'apprêtant à écrire.

      Mais, au moment où il allait tracer la première ligne, on frappa trois coups à sa porte.

      — Entrez, dit-il en faisant pirouetter sur un de ses pieds de derrière le fauteuil dans lequel il était assis, afin de faire face au visiteur, qui, dans son appréciation, devait être soit M. de Barjols, soit un de ses amis.

      La porte s'ouvrit d'un mouvement régulier comme celui d'une mécanique, et l'Anglais parut sur le seuil.

      — Ah! s'écria Roland, enchanté de la visite au point de vue de la recommandation que lui avait faite son général, c'est vous?

      — Oui, dit l'Anglais, c'est moi.

      — Soyez le bienvenu.

      — Oh! que je sois le bienvenu, tant mieux! car je ne savais pas si je devais venir.

      — Pourquoi cela?

      — À cause d'Aboukir.

      Roland se mit à rire.

      — Il y a deux batailles d'Aboukir, dit-il: celle que nous avons perdue, celle que nous avons gagnée.

      — À cause de celle que vous avez perdue.

      — Bon! dit Roland, on se bat, on se tue, on s'extermine sur le champ de bataille; mais cela n'empêche point quon ne se serre la main quand on se rencontre en terre neutre. Je vous répète donc, soyez le bienvenu, surtout si vous voulez bien me dire pourquoi vous venez.

      — Merci; mais, avant tout, lisez ceci.

      Et l'Anglais tira un papier de sa poche.

      — Qu'est-ce? demanda Roland.

      — Mon passeport.

      — Qu'ai-je affaire de votre passeport? demanda Roland; je ne suis pas gendarme.

      — Non; mais comme je viens vous offrir mes services, peut-être ne les accepteriez-vous point, si vous ne saviez pas qui je suis.

      — Vos services, monsieur?

      — Oui; mais lisez.

      «Au nom de la République française, le Directoire exécutif invite à laisser circuler librement, et à lui prêter aide et protection en cas de besoin, sir John Tanlay, dans toute létendue du territoire de la République.

      «Signé: FOUCHÉ.»

      — Et plus bas, voyez.

      «Je recommande tout particulièrement à qui de droit sir John

       Tanlay comme un philanthrope et un ami de la liberté.

      «Signé: BARRAS.»

      — Vous avez lu?

      — Oui, j'ai lu; après?…

      — Oh! après?… Mon père, milord Tanlay, a rendu des services à

       M. Barras; c'est pourquoi M. Barras permet que je me promène en

       France, et je suis bien content de me promener en France; je

       m'amuse beaucoup.

      — Oui, je me le rappelle, sir John; vous nous avez déjà fait l'honneur de nous dire cela à table.

      — Je l'ai dit, c'est vrai; j'ai dit aussi que j'aimais beaucoup les Français.

      Roland s'inclina.

      — Et surtout le général Bonaparte, continua sir John.

      — Vous aimez beaucoup le général Bonaparte?

      — Je l'admire; c'est un grand, un très grand homme.

      — Ah! pardieu! sir John, je suis fâché qu'il n'entende pas un

       Anglais dire cela de lui..

      — Oh! s'il était là, je ne le dirais point.

      — Pourquoi?

      — Je ne voudrais pas qu'il crût que je dis cela pour lui faire plaisir, je dis cela parce que c'est mon opinion.

      — Je n'en doute pas, milord, fit Roland, qui ne savait pas où l'Anglais en voulait venir, et qui, ayant appris par le passeport ce qu'il voulait savoir, se tenait sur la réserve.

      — Et quand j'ai vu, continua l'Anglais avec le même flegme, quand j'ai vu que vous preniez le parti du général Bonaparte, cela m'a fait plaisir.

      — Vraiment?

      — Grand plaisir, fit l'Anglais avec un mouvement de tête affirmatif.

      — Tant mieux!

      — Mais quand j'ai vu que vous jetiez une assiette à la tête de

       M. Alfred de Barjols, cela m'a fait de la peine.

      — Cela vous a fait de la peine, milord; et en quoi?

      — Parce qu'en Angleterre, un gentleman ne jette pas une assiette à la tête d'un autre gentleman.

      — Ah! milord, dit Roland en se levant et fronçant le sourcil, seriez-vous venu, par hasard, pour me faire une leçon?

      — Oh! non; je suis venu vous dire: vous êtes embarrassé peut-être de trouver un témoin?

      — Ma foi, sir John, je vous lavouerai, et, au moment où vous avez frappé à la СКАЧАТЬ