Chronique de 1831 à 1862, Tome 3 (de 4). Dorothée Dino
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Chronique de 1831 à 1862, Tome 3 (de 4) - Dorothée Dino страница 20

Название: Chronique de 1831 à 1862, Tome 3 (de 4)

Автор: Dorothée Dino

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ position diplomatique contre une situation de Cour; c'est Werther qui, en bon courtisan, a demandé ce changement, en temps utile; il s'est, par là, épargné un dégoût et procuré une bonne situation. Mme de Werther et Joséphine regrettent ce qu'elles quittent.

      Berlin, 6 septembre 1841.– Je vais me livrer au chemin de fer jusqu'à Potsdam. A Potsdam, je ferai ma toilette et dînerai chez la Princesse Charles de Prusse, au Klein Glienicke, aux portes de la ville; je me remettrai ensuite en route et passerai la nuit en voiture, pour arriver demain dans la matinée à Leipzig, où je trouverai les Hohenthal qui m'amènent ma nièce Fanny Biron que j'ai consenti à emmener avec moi en France; on redoutait pour sa santé, qui est délicate, un hiver de Saxe.

      Leipzig, 7 septembre 1841.– J'ai quitté mon auberge de Berlin hier matin. J'ai été prendre du chocolat chez Mme de Perponcher, où j'ai appris la triste nouvelle de la mort subite de ma jeune et charmante voisine, la princesse Adélaïde Carolath, mariée sous les auspices les plus dramatiques, il y a un an, à son cousin, et qu'une rougeole rentrée a enlevée en peu d'heures. C'était une personne vraiment idéale, et j'ai été bien saisie de cette disparition si prompte.

      J'ai été de Berlin à Potsdam avec le baron d'Arnim, Maître des cérémonies, qui dînait aussi à Glienicke. La Princesse m'a fait faire, en poney-chaise, le tour du parc; après le dîner, une promenade à pied, puis les adieux.

      Weimar, 9 septembre 1841.– Nous nous sommes séparées hier matin, à Leipzig, des Hohenthal. Les deux sœurs ont eu le cœur gros en se quittant, cependant le grand air, le joli pays que nous avons traversé ont remis Fanny.

      J'ai reçu ici une lettre de la Princesse de Prusse, qui, établie à Kreuznach sur le Rhin, me prie de l'y aller voir, du Johannisberg. J'irai certainement, quoique cela me fasse rester un jour de plus en route.

      Francfort-sur-le-Mein, 11 septembre 1841.– Je suis arrivée ici ce matin. Le temps est très beau. Ma nièce va aller, avec son ancienne gouvernante, passer quelques jours à Bonn près de son frère, qui y est en garnison et qui est malade en ce moment. Nous nous retrouverons le 15 à Mayence. Moi, je vais demain au Johannisberg.

      Francfort, 12 septembre 1841.– Hier, à l'heure du thé, nous est arrivé le comte Maltzan, qui de Kreuznach où il prend les bains est venu voir sa nièce Fanny. Il est fort aise d'être Ministre des Affaires étrangères. Je doute qu'à la longue il convienne au Roi de Prusse, car il est véhément, irascible, emporté, et le Roi, bon comme un ange, est vif comme salpêtre; mais cela ne me regarde pas. Le Comte est aimable et doux dans sa conversation de salon, et quand il sera déshabitué du commérage, défaut dont il a été infecté à Vienne, il sera très agréable, pour ceux qui n'auront pas d'affaires à traiter avec lui.

      Johannisberg, 13 septembre 1841.– Je suis arrivée ici hier à deux heures par une chaleur extrême. Je connaissais déjà ce lieu-ci; on y a fait peu de changements. La vue est très étendue, très riche, mais je trouve celle de Rochecotte, qui est analogue, plus gracieuse, tant à cause de la forêt qui couronne ma maison, que par la végétation de la Loire et des coteaux qui sont en face de moi, et qui rendent la vallée plus verte et plus belle. Ici, les vignes seules envahissent tout. Le château est très grand, et les appartements spacieux, mais assez pauvrement meublés. J'y ai été reçue à merveille, non seulement par les maîtres de la maison, mais par bien d'autres personnes de ma connaissance; mon cousin Paul Medem, qui aime autant retourner à Stuttgart comme Ministre que d'aller à Vienne comme Chargé d'affaires; M. de Tatitscheff, à peu près complètement aveugle, et Neumann qui retourne demain à Londres.

      Je ne sais aucune nouvelle; le prince de Metternich dit qu'il n'y en a pas. Il est fort aise de la chute des Whigs en Angleterre, et fort gracieux pour M. Guizot; il regrette qu'on ne lui envoie pas le duc de Montebello à Vienne; il reçoit des lettres humbles de M. de Flahaut, et commence à trouver qu'un Ambassadeur qui fait d'avance des platitudes doit être plus facile à manier que tout autre. Du reste, rien n'est encore officiellement connu sur le mouvement diplomatique français. On attend aujourd'hui les Apponyi, venant de Paris, et s'arrêtant ici avant de se rendre en congé en Hongrie; ils apporteront, croit-on, quelque chose de positif sur la nomination de l'Ambassadeur de France à Vienne.

      Johannisberg, 14 septembre 1841.– Je suis venue à bout de ma course à Kreuznach, qui a pris toute ma journée d'hier. Je ne suis revenue qu'à huit heures et demie du soir; j'ai dû traverser le Rhin dans l'obscurité, ce qui m'a fait un très médiocre plaisir, malgré la beauté du spectacle, car les bateaux à vapeur portant des réverbères, les lumières des rivages se reflétant dans la rivière, les masses des rochers grandis encore par les ombres de la nuit, tout cela faisait un effet imposant, dont je n'ai joui qu'à moitié, parce que j'avais un peu peur. A Kreuznach, j'ai passé plusieurs heures avec la Princesse de Prusse, toujours parfaite pour moi; j'ai eu le chagrin de la trouver fort changée, inquiète de sa santé, fatiguée par les eaux, et, jusqu'à présent, n'en éprouvant pas d'autre effet. J'ai dîné chez elle avec le comte Maltzan.

      Le prince de Metternich a reçu, hier, la nouvelle officielle de la nomination de M. de Flahaut à l'ambassade de Vienne: cela lui plaît médiocrement. Le reste du mouvement diplomatique français n'était pas connu.

      M. de Bourqueney est fort à la mode ici. Le Prince, sans le connaître personnellement, a beaucoup loué sa façon de faire à Londres, quoiqu'il ait ajouté qu'un diplomate collaborateur du Journal des Débats était une des étrangetés de notre époque.

      Johannisberg, 15 septembre 1841.– Hier, je n'ai pas quitté le château de toute la journée, quoiqu'il fît très beau. J'étais bien aise de me reposer; d'ailleurs, on est ici trop occupé à recevoir toutes les personnes qui se succèdent pour songer à la vie de campagne proprement dite.

      Mayence, 16 septembre 1841.– J'ai quitté le Johannisberg hier, fort touchée de toute la bienveillance des maîtres du lieu, et fort aise de mon séjour auprès d'eux. Je suis arrivée ici de bonne heure. J'y ai trouvé Mme de Binzer, Paul Medem et le baron de Zedlitz qui m'y attendaient; le baron, poète connu, est maintenant le successeur de Gentz, auprès du prince de Metternich, pour je ne sais quelle publication politique. Pendant que je dînais avec tout ce monde, trois coups de canon ont signalé le bateau à vapeur sur lequel la Princesse de Prusse remontait le Rhin pour se rendre, par Mannheim, à Weimar. Le bateau relâchant dix minutes ici, à trente pas de l'auberge, j'ai été passer ces dix minutes à bord avec la Princesse. Elle ne s'y attendait pas, et m'a témoigné la plus aimable satisfaction de cette petite attention.

      La soirée étant chaude et belle, nous avons été nous promener en calèche autour de la ville, dont les environs sont jolis, et voir la statue de Gutenberg, par Thorwaldsen, qui est d'un beau style. En rentrant, nous avons appris qu'un courrier des Rothschild, arrivant de Paris, avait apporté la nouvelle d'une petite émeute à Paris, et d'un coup de pistolet tiré sur le duc d'Aumale, mais qui ne l'a pas atteint39.

      Metz, 18 septembre 1841.– Je suis arrivée hier soir ici, accompagnée d'une pluie diluvienne, qui rend les voyages fort peu agréables. J'ai trouvé à l'auberge le général d'Outremont, qui a longtemps commandé à Tours. Il est en inspection à Metz, et a demandé à me voir; il m'a parlé des troubles de Clermont comme plus sérieux encore que ceux de Toulouse; en effet, le journal qu'on vient de me prêter en parle très gravement.

       Paris, 20 septembre 1841.– Me voici donc rentrée dans la grande Babylone. Barante, le bon et excellent Barante, guettait mon arrivée; il a passé la soirée ici, et voici ce qu'il m'a appris: les troubles de Clermont ont eu, ont peut-être encore le caractère le plus grave; c'est une véritable Jacquerie, et les manifestations sont plus inquiétantes que tout ce qui s'est vu en France, depuis 183040. Barante, СКАЧАТЬ



<p>39</p>

Les factions révolutionnaires, toujours en effervescence, poursuivaient avec acharnement l'idée de l'anéantissement de la Famille Royale: le 4 septembre 1841, un coup de pistolet fut tiré sur le duc d'Aumale, au moment où il descendait la rue du Faubourg-Saint-Antoine, à la tête de son régiment, le 17e léger; le cheval du lieutenant-colonel Levaillant, qui se tenait à côté du Prince, fut tué par une balle.

<p>40</p>

Le recensement fut, à Clermont-Ferrand comme à Toulouse, le prétexte de désordres qui éclatèrent le 13 septembre 1841, et qui continuèrent toute la journée du lendemain: les émeutiers attaquèrent la force armée, de nombreux soldats lurent tués ou blessés; les barrières de la ville furent brûlées, et le combat acharné. On eut à diriger des forces militaires considérables sur la ville, pour faire cesser la résistance et pour rétablir l'ordre.