Voyages loin de ma chambre t.1. Dondel Du Faouëdic Noémie
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СКАЧАТЬ chapelle est en marbre noir. Sur l’autel, on aperçoit à travers une grille la statue en bois noir de la Vierge tenant l’enfant Jésus. Tous deux sont revêtus de splendides vêtements, et portent des couronnes d’or ornées de pierreries. Quelques écrivains disent que cette vierge fut volée par les Français, ainsi que le trésor du couvent en 1798. Les religieux assurent au contraire qu’ils sauvèrent la vierge du pillage, qu’elle fut cachée dans le Tyrol, d’où les bons pères la rapportèrent en 1803.

      L’intérieur est orné de plusieurs objets d’art. Au-dessus du maître-autel, voici un splendide tableau représentant l’Assomption de la Vierge.

      J’admire dans la nef latérale un superbe crucifix et sur le marbre du chœur une Cène en bronze qu’on me dit coulée d’un seul jet par Pozzi.

      L’aspect général d’Einsiedeln rappelle Notre-Dame-de-Lorette.

      Entre les deux tours, on compte onze cloches: une pèse cent vingt quintaux. Lorsqu’elles chantent ensemble, leur voix grandiose est comme le prélude des célestes harmonies et des chants magnifiques qui attendent le pèlerin aux offices. L'âme écoute frémissante ces concerts du ciel, et comme on prie ensuite avec ferveur, les uns debout tout haut, les bras en croix, les autres prosternés, s’absorbant dans une muette contemplation qui tient de l’extase. Des centaines de bougies s’allument de tous côtés, image de l’ardeur des prières et des vœux.

      Entre le bourg et le couvent, sur une vaste place, se trouve une fontaine en marbre noir.

      Pour que le pèlerinage soit complet, il faut boire à cette fontaine, parce que la tradition rapporte que Notre Seigneur Jésus-Christ s’y désaltéra. Or, quatorze filets d’eau y jaillissent à la fois, et la tradition ne disant pas auquel bu Notre-Seigneur, les pèlerins consciencieux boivent aux quatorze petites sources pour être bien sûrs de ne pas se tromper.

      Au-dessus des arcades se dressent les statues d’Othon Ier et d’Henry Ier, protecteurs du monastère.

      «Quelle admirable légende que celle de saint Meinrad! Après avoir été la gloire du couvent de Reichenau, il chercha la perfection dans la vie solitaire de ce désert situé à deux mille neuf cent quatre-vingt-dix pieds au-dessus du niveau de la mer.

      «Ce noble Germain vivait au neuvième siècle; il périt sous le fer de deux misérables, qui s’enfuirent à Zurich, poursuivis par les corbeaux familiers du cénobite; leurs clameurs les désignèrent à la justice, et les firent arrêter.

      «Ce miracle et les hautes vertus du saint martyr sanctifièrent le désert d’Einsiedeln; la vénération des peuples s’y attacha.

      «Ainsi fut fondé le sanctuaire de Notre-Dame-des-Ermites. Une pieuse et universelle croyance ajoute que le ciel présida à la consécration du sanctuaire; le Christ lui-même, la Vierge et les anges bénirent le lieu merveilleux. On entendit les harmonies célestes, et dès lors ce fut une tradition sacrée.»

      A peu de distance du bourg, sur l’emplacement de la première cellule de saint Meinrad, la vue s’étend sur le lac de Zurich, dont les perspectives, d’abord riantes, se transforment, s’accentuent, et les glaciers éternels apparaissent dans leurs beautés dramatiques.»

      Que de légendes religieuses, que de légendes naïves ont pris leur essor de ce lieu privilégié!

      En voici une bien triste et qui reste à l’état de tradition consacrée dans une des familles les plus distinguées de la Suisse allemande.

      «A la fin du siècle dernier, le comte et la comtesse de R… avaient leurs deux fils dans la garde suisse à Paris. Les nuages s’épaississaient, la tempête révolutionnaire grondait. Les échos, de plus en plus lugubres, n’arrivaient qu’à demi dans ce canton lointain, aucunes nouvelles précises n’étaient venues confirmer les anxiétés des parents. Le 10 août 1792, la mère éplorée vint confier sa peine à Notre-Dame-des-Ermites; elle priait devant l’autel, plus inquiète que de coutume, lorsqu’elle vit tout à coup ses deux fils, en uniforme, franchir sans bruit la porte du sanctuaire, une épée flamboyante à la main.

      «La vision s’effaça à peine entrevue, ne laissant à sa place qu’une ombre lumineuse qui s’éteignit à son tour.

      Peu de temps après, le comte de R… apprenait que, ce même jour, à cette même heure, ses deux fils, victimes du devoir et de l’honneur, avaient été massacrés en défendant Louis XVI.

      Quelques parties de la Suisse, comme la belle et riante vallée de Schwitz nous présentent, en plein dix-neuvième siècle, des familles quasi primitives, ayant échappé jusqu’ici au progrès d’une civilisation vraiment effrénée par certains côtés. Ce n’est pas sans une très douce émotion que j’ai pénétré dans la pittoresque demeure d’une vieille famille de paysans, demeure qui a gardé le type bien connu des chalets suisses.

      «Soubassements en maçonnerie, étages supérieurs en madriers de sapin, escaliers et balcons en bois découpé, le tout coiffé d’une large toiture qui surplombe d’un à deux mètres sur la façade du bâtiment.» Cette construction rustique est aussi souriante qu’originale, avec l’ombrage de ses grands arbres, les verdures reposantes de ses tapis d’herbes et le cristal limpide de sa fontaine qui se termine en ruisseau.

      La famille au complet, lorsque je suis entrée, se groupait autour du père, le chef vénéré. L’intérieur m’a paru fort simple mais d’une grande propreté, la propreté c’est la coquetterie des maisons simples et modestes, cependant le plafond et les lambris sont en bois artistement sculpté, l’autre luxe de cette salle, c’est le poële de faïence brillante, aux formes rectangulaires et monumentales, sur l’un de ses carreaux de faïence, je lis incrustée dans son émail cette belle sentence.

      «Mit Gott fang an,

      Mit Gott hor auf,

      Das ist der schonste Lebenstauf.»

      Ce qui peut se traduire en français:

      «Commencer avec Dieu, finir avec Dieu, voilà le meilleur emploi de la vie.»

      Un vaisselier, une grande table au milieu, un beau crucifix entouré d’images pieuses, un bénitier fleuri d’un rameau de buis, suspendu près de la porte d’entrée composent le mobilier, quelques chaises de bois découpé entourent la table, mais on leur préfère le banc adossé à la muraille.

      On ressent dans cet heureux intérieur une sensation de calme inexprimable.

      Ah! que je me sens loin du brouhaha des grandes villes et de la vie à outrance qu’on y mène. C’est dans ces intérieurs paisibles qu’il faut venir puiser les plus hauts enseignements de la pure morale et le sentiment qui est la force et le salut des nations. L’amour et le respect de la famille et de Dieu.

      «Heureuses les vieilles races, sur lesquelles ne pèsent pas le poids des révolutions.»

      Schaffhouse est une ancienne ville forte, située au bord du Rhin, sur l’extrême frontière Suisse.

      Ma première pensée à Schaffhouse est pour la cascade de la Lauffen, la plus belle de l’Europe. – En y arrivant, mon imagination a d’abord été désappointée de ne pas voir les eaux tomber d’une plus grande hauteur; elles descendent graduellement en nappes d’une immense largeur jusqu’à l’énorme rocher planté au milieu du fleuve contre lequel elles se précipitent l’une par dessus l’autre avec un fracas épouvantable. Malgré la déception du premier moment, mes yeux ne peuvent se détacher de ce spectacle étourdissant. Je reste là comme pétrifiée, СКАЧАТЬ