Robert Burns. Angellier Auguste
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Название: Robert Burns

Автор: Angellier Auguste

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ type="note">202». Dans les agonies de poètes, il n'en est pas de plus affligeante; elle l'est plus que celles de Gilbert et d'Hégésippe Moreau. Ainsi se termina, avant la vingt-quatrième année, une vie qui avait été aimable, inoffensive, et, sous ses excès, innocente. Le souvenir de Fergusson resta cher à ses amis.

      Ce malheureux garçon était poète, un vrai poète, à sa manière et dans son petit domaine. Il n'avait pas le sens de la grâce physique, ni ces rapides éclairs épars dans Ramsay, ni ces soudains coups de beauté qui éclatent dans Burns. Dans les vieilles rues sombres, la race est souvent moins belle, et surtout ignore ces travaux qui montrent le corps dans des attitudes avantageuses. Il n'avait pas non plus le sentiment de fraîcheur qu'une enfance campagnarde a donné aux deux autres poètes. Sa poésie ne sent jamais l'aubépine, les senteurs des fèves en fleurs n'y arrivent pas. Pauvre Fergusson! Il n'avait jamais respiré à longs loisirs l'atmosphère large et pure des champs; il avait vécu dans l'ombre puante des ruelles, au pied humide des immenses maisons dont le toit seul connaît la lumière. Si le soleil apparaît chez lui, c'est au sommet des édifices quand il touche le coq de Saint-Giles ou le haut des cheminées. Enfermé toute la journée dans son taudis de commis, descendant le soir dans les tavernes, il semble surtout avoir vu le soleil en rentrant chez lui au point du jour. La clarté était pour lui une chose de luxe. Il lui manquait encore la vraie gaîté, le mouvement des vieux poèmes, la large jovialité qu'un tempérament robuste communiquait à Burns, et la claire animation que Ramsay tenait de son contentement de la vie. De complexion maladive, étiolé et affaibli par les privations et le manque d'air, il ne pouvait avoir la même vitalité. Enfin, chose étrange en un homme si jeune, il ne semble pas avoir aimé. Il n'y a guère d'allusion chez lui qu'aux amours nocturnes qu'on rencontre sous un réverbère. Il était misérable, mal vêtu, honteux. Dans des vers qui ne manquent pas de tristesse, il dit lui-même:

      Si un gars ardent gémit,

      Pour les faveurs des yeux d'une dame,

      Qu'il ait soin de ne pas se montrer,

      Avant d'avoir mis

      Son corps dans un fin fourreau

      De beau drap fin.

      Car s'il vient en habit râpé,

      Elle se souciera de lui comme d'une figue,

      Plissera amèrement sa jolie bouche,

      Et le renverra en grondant;

      L'amoureux peut s'épargner la route

      Qui n'a pas de drap fin203.

      On dirait qu'il y a là une souffrance personnelle. Mais avec tous ces manques, il avait une observation juste, précise et sincère, un joli sens pittoresque, beaucoup de naturel et d'aisance, une certaine grâce, une langue souple et claire, un filet d'ironie tranquille et légère. Il avait appliqué ces qualités aux scènes qui l'entouraient. Il a été le poète d'Édimbourg, le peintre des rues, des carrefours, des tavernes, des caves à huîtres, des scènes populaires, des fêtes de faubourg, des incidents qui mettent en émoi et en remuement le bas peuple.

      Tantôt il montre les réjouissances qui marquent à Édimbourg le jour de naissance du roi. Les cloches sonnent, le château tire une salve de canons; les mendiants du roi arrivent recevoir leur cadeau annuel. Ce sont des mendiants privilégiés; ils reçoivent ce jour-là autant de pence que le roi a d'années, un vêtement bleu neuf, un bon dîner et un sermon d'un des chapelains du roi.

      Chante, également, Muse, comment les gars en robe bleue,

      Comme des épouvantails détachés des arbres,

      Viennent ici quitter leurs habits en haillons,

      Et recevoir leur paie.

      Où est le magistrat qui est plus fier qu'eux

      Le jour de naissance du Roi?204

      La garde civique s'est mise en grand uniforme; les pétards partent, sifflant de tous côtés, brûlant de temps en temps une perruque; la populace fait de grosses farces. Ou bien ce sont les amusements et les plaisirs des Jours fous205, c'est-à-dire des quelques jours qui avoisinent le jour de l'an; l'Ouverture et la Clôture de la Session206; l'Élection du Magistrat207. Dans Auld Reekie, il chante la vie d'Édimbourg, depuis le moment où les servantes se frottant les yeux commencent de bonne heure leurs mensonges et leur clabaudage, jusqu'à celui où, le soir, on trouve, dans les flaques et les ruisseaux, «les macaroni» c'est-à-dire les élégants, ivres-morts, souillés et empuantis par l'heure dangereuse de la ville. Les deux plus jolis morceaux de Fergusson sont, dans ce genre, Les Courses de Leith et surtout La Foire de la Toussaint.

      Celle-ci commence par une description du matin:

      À la Toussaint, quand les nuits se font longues,

      Et que les étoiles luisent bien claires,

      Quand les gens, pour repousser le froid piquant,

      Portent leurs habits d'hiver;

      Près d'Édimbourg se tient une foire;

      Je crois qu'il n'y en a guère dont le nom soit,

      Pour les filles bien droites et les gars solides,

      Pour les verres et les pintes, plus fameuse

      Que celle de ce jour-là.

      Sur le haut des cheminées

      Le soleil a commencé à luire,

      Et a dit aux filles, en beaux habits, d'aller

      Chercher un beau bon-ami,

      À la foire de la Toussaint, où les fins brasseurs

      Vendent de la bonne ale sur des tréteaux,

      Et ne vous refusent pas un morceau

      De fromage de leur cuisine,

      Très salé ce jour-là208.

      Sur le champ de foire, les colporteurs étalent et prônent leurs marchandises; il y a des rétameurs, des chaudronniers, des maquignons, des diseuses de bonne aventure, un marchand de bas d'Aberdeen. Là-bas est l'inévitable sergent de recrutement qui apparaît dans toutes les foules de ce temps.

      Un roulement de tambours alarme nos oreilles;

      Le sergent piaille à haute voix:

      «Vous tous, gentlemen et volontaires,

      Qui souhaitez le bien de votre pays,

      Venez ici, et je vous donnerai

      Deux guinées plus une couronne,

      Un bol de punch où, comme sur la mer,

      Flotterait un long dragon,

      Aisément ce jour-ci209

      Plus loin, les chevaux piaffent et hennissent. Sous les tentes, les vieillards vident des verres. Il y a un tel tapage de cris, de bavardages de femmes et d'enfants, un tel boucan, qu'on se croirait revenu à la Tour de Babel. Le soleil se couche, et on rentre en ville s'entasser dans les tavernes. Mais il ne fait pas bon y trop rire. Les vieux butors de la garde civique sont là, qui brutalisent et molestent les bons ivrognes. Et il ne faut pas faire d'observations. Jock Bell s'en aperçoit. Il reçoit un coup de hache de Lochaber, et il a la mauvaise idée de protester.

      «Aïe! (dit-il) j'aimerais mieux être

      Piqué par une épée ou une bayonnette,

      Que mon corps ou mon crâne reçoivent

      Une entaille d'une si terrible СКАЧАТЬ



<p>203</p>

Braid Claith.

<p>204</p>

The King's Birth-Day in Edinburgh.

<p>205</p>

The Daft Days.

<p>206</p>

The Sitting of the Session; the Rising of the Session.

<p>207</p>

The Election.

<p>208</p>

Hallowfair.

<p>209</p>

Hallowfair.