Le chemin qui descend. Ardel Henri
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Название: Le chemin qui descend

Автор: Ardel Henri

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Elle regardait vers un groupe de trois petites qui semblaient comploter quelque malice à l'égard des autres.

      Claude, impatiente, répéta:

      – Que pensez-vous donc, mademoiselle, qui vous rend ainsi songeuse subitement?

      – Je pense que…

      – Quoi donc? Dites!

      – Je pense que… que… M. de Ryeux n'est peut-être pas… tout à fait, le chaperon qu'il vous faudrait comme compagnon de promenade… Ce n'est pas bien convenable que vous alliez avec lui…

      Un sourire malicieux souleva les lèvres de Claude.

      – Chère mademoiselle, est-ce que vous imagineriez encore que je m'occupe jamais de ce qui est ou non convenable, pour parler comme vous. C'est un luxe de fille riche, ça! Mme de Ryeux, qui m'a invitée, n'avait pas l'air, d'ailleurs, de penser rien de pareil!

      – Mme de Ryeux est si bonne qu'elle ne soupçonne jamais le mal.

      Taquine, Claude lança:

      – Vous n'êtes pas «si bonne», à ce que je vois!

      Mlle de Villebon devint pourpre.

      – Claude… mais, Claude… je vous confie, dans votre intérêt… une réflexion qui m'est venue… J'ai entendu beaucoup parler, naturellement, de Raymond de Ryeux qui est un peu parent avec notre famille. C'est un homme très honorable, bien entendu. Mais… mais… je crois qu'il n'est pas un mari… bien fidèle!

      – Ah! vraiment? Il est comme les autres, alors. Ce n'est pas bien étonnant. C'est peut-être la faute de sa femme? De quelle espèce est-elle?

      – Une personne très élégante, blonde, un peu forte, mais jolie… qui va beaucoup dans le monde…

      – Et un peu sotte, n'est-il pas vrai? finit Claude.

      – Oh! Claude, quelle idée!.. Pourquoi supposez-vous cela?

      – Mademoiselle, c'est votre signalement qui m'a donné cette idée… impertinente…

      – Vous ne savez rien d'elle! Alors…

      – Oh! non, rien du tout!.. Je suppose seulement. Il doit être plus intelligent qu'elle!.. Du reste, ça m'est égal! Je ne comprends pas très bien pourquoi, en somme, vous ne le trouvez pas pour moi un mentor assez sérieux, car enfin il m'a eu l'air de posséder l'âge canonique. Sa mère m'a annoncé qu'il pourrait être père de plusieurs enfants.

      – Il n'en a pas!

      – Oui, mais il pourrait en avoir! Je vous cite Mme de Ryeux. Alors, c'est tout comme, et je puis me fier à lui, ainsi qu'à un père. Bonne mademoiselle, ne soyez plus scandalisée… Et allons déjeuner! car mon protecteur viendra m'enlever à une heure et demie.

      – Bien… bien… Claude. Je vais ramener, pour midi, les enfants. Voulez-vous avertir Pauline, afin que son déjeuner soit prêt?

      – Oui, mademoiselle.

      Et Claude, de son pas ailé, partit si bien houspiller la lente et humble servante, qu'à l'heure dite, – à peu près!.. – le premier plat apparaissait dans la grande salle basse où Mlle de Villebon et Claude présidaient le repas des vingt fillettes affamées; Mlle de Villebon s'évertuant à les discipliner, tandis que Claude, distraite, intervenait seulement quand une incorrection trop grave la faisait sortir de son indifférence.

      Le service de la grosse Pauline n'était pas rapide, et Claude commençait à croquer ses noix quand, sur la route, gronda le roulement de l'auto. Sans se troubler, elle continua d'enlever la peau d'une belle noix fraîche et en mordit la chair bien blanche. Alors seulement, elle grimpa dans sa chambre, tout en recommandant à Pauline d'annoncer qu'elle descendait.

      Elle ne fut, d'ailleurs, pas longue à se préparer; et au bout de quelques minutes, elle revenait emprisonnée dans sa veste de laine, un long voile serrant le petit bonnet émeraude d'où s'échappaient quelques boucles vagabondes sur le front.

      Elle eut un rapide adieu pour Mlle de Villebon qui retenait, au seuil de la salle, le troupeau des petites se bousculant pour voir… Et elle apparut dans le jardinet. Devant la barrière, stationnaient l'auto et son conducteur qui attendait, arpentant la route, le pas impatient.

      Il eut un sourire à la vue de Claude, à laquelle, carrément, il tendit la main.

      – J'avais toujours peur que vous ne changiez d'avis. Maintenant je suis sûr de vous emmener!.. Est-ce que vous n'avez pas un manteau plus chaud?.. Vous allez avoir froid!

      Mais elle secoua la tête:

      – Je n'ai jamais froid. D'ailleurs, voyez, je suis une personne prudente, quoi que vous supposiez; j'ai emporté mon plaid.

      – Bien. Et puis, moi, j'ai des couvertures. Alors, filons vite, pour profiter du soleil.

      Il l'installait avec ce soin et cette adresse des hommes habitués à servir les femmes, allongeant sur ses genoux une vaste fourrure. Puis il interrogea:

      – Vous êtes bien ainsi?

      – Très bien…

      – Alors, en route!

      Elle répéta: «En route!» sans tourner la tête vers lui; car ses yeux cherchaient, par delà les vieux arbres tors, l'immensité houleuse…

      – Vous voulez aller très vite? j'imagine, interrogea-t-il.

      – Oui, quand il n'y a rien à voir!

      – Bon, entendu!.. Vous doutez-vous que je suis enchanté de l'idée de ma mère?

      Elle riposta, imperceptiblement ironique:

      – Vous êtes enchanté à peu de frais!.. Je vous ai prévenu que j'étais une ennuyeuse compagne!

      – Je n'en suis pas, cependant, convaincu encore… Enfin, on verra bien, comme disent les bonnes gens prudents… Nous montons la côte de Landemer à une sage vitesse, puisqu'elle est jolie… C'est votre avis?

      – Oh! oui!

      Il n'insista pas. Et la voiture se prit à filer assez vite pour que la sensation de vol vînt griser Claude; pas assez, pour qu'elle ne pût distinguer que des images confuses. Le vent fouettait son visage, soulevant les boucles autour du voile dont les longs pans voletaient éperdument.

      Elle regardait avec de larges prunelles, sans un mouvement, ni une exclamation. Ils traversèrent Landemer. Dans les creux des falaises, les bruyères roussissaient. Des fleurs d'or piquaient les buissons épineux des ajoncs. La brise violente courbait les branches, arrachait les feuilles brûlées par l'été, dressait en crêtes neigeuses les vagues qu'elle poussait au large.

      Ils laissèrent derrière eux le village où les dernières maisons s'égrenaient sur le haut de la falaise… Et ce fut la route en corniche qui fuyait droite, au-dessus de la mer.

      – Alors, maintenant, de la vitesse? fit-il brièvement, un peu tourné vers elle; et, une seconde, il y eut, dans ses prunelles, un éclair, tandis que ses yeux se posaient sur le jeune visage où, dans le pâle ivoire de la chair, les lèvres semblaient deux СКАЧАТЬ