Le chemin qui descend. Ardel Henri
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Название: Le chemin qui descend

Автор: Ardel Henri

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ inouïe et elle consentait.

      Mais c'est à Mme de Ryeux, que, soudain, les scrupules venaient. Hésitante, elle commençait:

      – Vous ne pensez pas, ma petite fille, que Mme Ronal trouverait peu convenable une promenade en ces conditions?

      Claude se mit à rire:

      – Oh! madame, Élisabeth est incapable d'avoir une pareille idée… Elle me laisse toujours libre d'aller où, et avec qui, je juge pouvoir le faire.

      Raymond de Ryeux écoutait attentif et intéressé. Il comprenait très bien que cette singulière gamine ne parlait pas ainsi par bravade, mais articulait simplement un fait. Elle était une vraie fille du vingtième siècle, usant avec une tranquillité fière de l'indépendance qui lui paraissait aussi naturelle que l'obéissance à ses sœurs, jadis.

      Mme de Ryeux, rassurée, continuait:

      – D'ailleurs, Raymond pourrait être un respectable père de famille, si le Ciel avait exaucé mes prières; et près de vous, mon enfant, il est presque un vieux monsieur.

      – Ma mère, vous me comblez! fit-il sur un ton de badinage, qui voilait, à peine, une impatience que Claude perçut, amusée.

      Que son compagnon fût vieux ou jeune, il ne lui importait guère à elle-même, très dédaigneuse à l'égard des hommes; sauf le cas où ils avaient une supériorité cérébrale. Celui-ci appartenait tout platement à la vaine phalange des gens du monde. Donc, pour elle, il comptait bien moins que son auto elle-même. Et avec une sincérité tranquille, elle répliqua:

      – Madame, soyez sans inquiétude. Élisabeth trouverait sûrement que je n'ai aucune raison pour ne pas profiter de votre bonne invitation.

      – Parfait! Alors la chose est convenue. Raymond, tu iras prendre cette petite… à quelle heure?

      – Pour que nous profitions du soleil, il faudrait partir vers une heure et demie. Cela vous conviendrait-il? mademoiselle.

      – Très bien. Je serai prête. Au revoir, madame, et merci. Je rentre prévenir Mlle de Villebon que, seulement à la fin de l'après-midi, je pourrai l'aider à surveiller les petites.

      – C'est bien… Au revoir, ma petite amie. Raymond, tu la reconduis?

      – Ne prenez pas la peine, monsieur; c'est bien inutile! Allez plutôt téléphoner au docteur qui pourrait bien finir par se déranger en pure perte. Je me reconduirai moi-même.

      – Mademoiselle, vous voulez que je me comporte comme un mufle!

      – Vous êtes cérémonieux, monsieur. Tant pis!.. Je vous avoue que, pour ma part, je pratique fort mal les cérémonies!

      Il avait ouvert la porte devant elle; et sans souci de sa protestation, il descendait à ses côtés les degrés du perron. Le souffle de la mer les enveloppa, plaquant autour du jeune corps de Claude, la laine souple de sa veste. Elle avait glissé les deux mains dans les poches tricotées et se reprenait à humer avidement l'air vif qui fouettait de rose la blancheur ivoirine du visage, soulevant les boucles autour du front.

      – Vous aimez la campagne… la mer… n'est-ce pas? mademoiselle.

      – Qui vous fait supposer cela?

      – La façon gourmande dont vos lèvres boivent la rude brise que nous envoie le large.

      Elle dit, d'un indéfinissable ton qui laissait douter si elle était sincère ou raillait:

      – J'aime tout ce qui est violent! Au revoir, monsieur. A tout à l'heure!

      Elle s'arrêta une seconde; et cette fois, un vrai sourire effaça l'expression un peu hautaine toujours du visage:

      – Vous me trouvez, peut-être, affreusement indiscrète, – à mon tour!.. – d'avoir ainsi accepté l'invitation de madame votre mère. Mais cette invitation a pris ma sagesse par surprise et elle était si séduisante, que je n'ai pas eu le courage de résister à la tentation!

      – J'en suis ravi! s'exclama-t-il, avec une sincérité qu'elle discerna et dont elle ne s'étonna pas. Elle savait très bien – les faits l'avaient instruite!.. – qu'elle attirait les hommes, justement peut-être parce qu'ils se sentaient sans action sur elle.

      – … Ce sera charmant pour moi, d'avoir une compagne!

      – Une compagne silencieuse, souligna-t-elle. Je ne serai pas gênante.

      – Près d'un chauffeur silencieux. Je ne serai pas gênant. C'est entendu; soyez sans inquiétude. Je vous présente mes hommages, mademoiselle.

      – Tout comme si nous étions dans quelque salon, acheva-t-elle, moqueuse imperceptiblement. A bientôt, monsieur.

      Elle ne lui tendait pas sa main toujours blottie dans la poche de sa vareuse; et elle souriait à peine, sans soupçon de la saveur qu'avait son visage d'androgyne pour le goût blasé de M. de Ryeux.

      Ils étaient devant la grille. Près d'eux, le vent courbait les glaïeuls d'un massif et arrachait des feuilles qui volaient en tremblant à travers le ciel très bleu.

      Raymond de Ryeux ouvrit la haute porte de la grille, voyant le geste qu'elle ébauchait pour en prendre le bouton.

      Elle eut un signe de tête. Lui, un profond salut. Et elle descendit la route.

      IV

      Elle partait ravie du plaisir imprévu; car elle pressentait que cet homme, de mine audacieuse, devait, ainsi que le lui reprochait sa mère, se plaire aux courses folles qui distillent l'ivresse du danger. Et c'était vrai qu'elle aimait tout ce qui était violent. Sa maîtrise d'elle-même voilait une source vive de passion.

      Dans la prairie, elle retrouva Mlle de Villebon qui, paisible et consciencieuse, surveillait, comme chaque jour, les ébats de son troupeau. Les petites bondissaient, criaient, venaient la harceler de leurs disputes, de leurs questions, voire même de leurs effusions qu'elle accueillait avec une inépuisable patience. De même que la veille, elle reçut par un sourire de bienvenue, Claude qui arrivait en coup de vent, toute fraîche des vives caresses de la brise.

      – Bonjour, Claude. Vous n'avez pas oublié d'aller chez Mme de Ryeux?..

      – Chère mademoiselle Cécile, je ne l'ai pas oublié… et j'en ai été récompensée. Mme de Ryeux m'envoie, tantôt, à Jobourg en auto, avec son fils. C'est délicieux, cette promenade!

      – En auto?.. A Jobourg?.. Avec son fils?.. Comment, Raymond de Ryeux est ici?

      – Juste!.. Vous le connaissez?

      – Oui… Oh! oui… Certes oui… je le connais…

      Claude la regarda, curieuse, voyant qu'elle s'arrêtait.

      – Mademoiselle, de quel ton singulier vous me répondez!.. C'est un monsieur bon à rien? n'est-ce pas… J'entends un monsieur qui ne fait rien, autrement dit qui ne compte pas!

      Mlle de Villebon eut l'air un peu scandalisée.

      – Mais si, il fait quelque chose. Il a une très importante écurie de courses!

      – Ce СКАЧАТЬ