Madame Putiphar, vol 1 e 2. Petrus Borel
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Название: Madame Putiphar, vol 1 e 2

Автор: Petrus Borel

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ et promirent-elles plus de plaisirs! car il n’y a de plaisirs vrais que dans le mystérieux et le soudain. Allons, ma Diane, laissez-vous aller, laissez aller ce beau corps au spasme du plaisir! le plaisir est rare et infidèle, souvent on se donne beaucoup de peines et de fatigues pour le goûter enfin: vous l’avez à vos pieds, qui se consume, cueillez-le!.. Follement, vous combattez contre vous-même: je vois bien que vous êtes enflammée aussi; votre front est pâle, vos yeux étincellent de désirs, votre sein bat doucement dans sa prison, vos mains comme des charbons brûlent mes lèvres, vous frémissez à mes attouchements! Ah! je meurs! rendez-moi caresse pour caresse!.. mêlons notre âme, notre vie, notre jeunesse!.. Un baiser, un seul… et je serai un demi-dieu!

      Que vous êtes cruelle, madame!..

      – Que vous êtes dangereux!

      – Que vous me faites souffrir! Caresses, pleurs, menaces, désespoir, rien ne peut donc sur vous?

      – Rien; Dieu m’assiste, je ne succomberai pas.

      – Vous êtes une muraille!

      – Contre laquelle vous vous brisez, monsieur.

      – Je vois avec peine que vous avez votre éducation à refaire, madame; vous avez toujours vécu éloignée de la Cour, vous êtes garnie de préjugés bourgeois et de mœurs provinciales; vous auriez un beau succès de ridicule à Versailles.

      – C’est le seul qu’une honnête femme puisse envier en ce lieu.

      – Pourtant si ce n’étoit votre sauvagerie, votre beauté vous y donneroit de tout autres droits, ce n’est que là que vous pourriez paroître dans toute votre splendeur.

      – Recevez mes compliments, votre luth de séduction n’est pas monotone: sans résultat vous avez touché la corde de la passion, maintenant vous essayez celle de l’orgueil.

      – Votre amant, ou votre époux comme vous le nommez, n’est qu’un simple mousquetaire; je suis mieux que cela: ma parole est de poids, mon bras est puissant; si vous lui portez quelque intérêt, à ce pauvre garçon, si votre destinée est liée à la sienne, pourroit-il vous être indifférent de le voir prospérer, de le voir monter au faîte des faveurs et de la fortune?

      – A merveille! Maintenant, voici que résonne la corde de l’ambition.

      – Auriez-vous fait, par hasard, des projets de fidélité conjugale, en quittant votre île? Mon Dieu! qu’on est arriéré dans votre Irlande! Mais ce seroit un meurtre que tant de perfections, tant de beautés, si bien faites pour être célèbres, passassent incognito sur cette terre. La femme est le plus bel instrument créé; mais abandonnée à elle-même, c’est le meuble le plus morne et le plus insignifiant. Pour mettre en jeu la poésie et l’harmonie qu’elle recèle, il faut, comme au clavecin, qu’une main habile se promène sur son clavier d’ivoire; il faut qu’une bouche amoureuse l’anime de son souffle, comme un haut-bois.

      – Vous êtes infatigable.

      – Ce n’est qu’un titre de plus, mylady.

      – Vous êtes impudent!

      – Qui n’est pas impudent ne sera jamais seigneur en amour.

      – A ce compte, vous devez y être roi.

      – Roi et roué, madame.

      Petit à petit le marquis s’étoit glissé doucement sur le canapé, aux côtés de Déborah, et cherchoit à lui saisir la taille et les mains.

      – Laissez-moi, monsieur, ne m’approchez pas; je vous le dis, touts vos efforts sont vains. Allez-vous recommencer vos assauts? Vous êtes un fou!

      – Ah! que n’êtes-vous une folle, nous serions plus sages touts les deux: moi, je ne m’acharnerois pas à vouloir attendrir un cœur de marbre, et à semer mon grain parmi les pierres; vous, mistress, vous ne laisseriez pas s’écouler en paroles et en simagrées, un temps qui, pour notre bonheur mutuel, pourroit être si délicieusement employé. Que de caresses déjà nous eussions dû échanger! que de baisers déjà nous eussions dû cueillir, que de pâmoisons!.. A propos, aimez-vous les estampes, belle miss? Tenez, j’ai là sur moi un livre plein d’excellentes gravures, dont les dessins sont attribués à Clodion. Approchez la bougie, tenez, voyez.

      Le marquis de Villepastour avoit tiré de sa poche un petit livre richement relié, et il le présentoit ouvert à Déborah; c’étoit une de ces compositions dégoûtantes d’obscénité, ornées de dessins, pour l’intelligence et l’illustration du texte, comme il s’en fabriquoit et s’en consommoit tant à cette époque immonde. Elle laissa tomber dessus un regard confiant, qu’elle détourna aussitôt, en jetant un cri d’horreur, et en repoussant au loin cette ordure. Le marquis courut la ramasser soigneusement, en riant jusqu’aux larmes de sa fine plaisanterie.

      – Voilà donc le cas, belle dame, que vous faites des Heures de Cythère?..

      – Monsieur, vous avez tout mon dégoût et tout mon mépris!

      – Ces gravures sont vraiment fort belles; à la Cour, elles ont été très-goûtées: les Dames du Palais de la Reine en ont fait leurs délices; et je tiens celui-ci d’une Dame d’honneur. – M. le maréchal prince de Soubise, maréchal surtout en cette matière, avoit souscrit, à lui seul, pour deux cents exemplaires.

      Si madame veut en accepter l’hommage?..

      – Vous me faites horreur! Ne m’approchez pas, ou je crie au feu. Partez, laissez-moi, vous vous êtes fourvoyé; vos pareils n’ont que faire ici. Je vous l’ai dit: je ne vous serai jamais rien!

      – Pardon, vous me serez une victime.

      Il est déjà dix heures passées, volontiers je coucherois en votre lit, si, auprès d’une inspirée Judith comme vous, je n’avois à redouter la parodie d’Holopherne. Bonsoir!

      Le marquis, s’étant renveloppé de son manteau, fit plusieurs salutations dérisoires et se retira, gonflé de colère et de dépit, qu’il s’étoit efforcé à déguiser.

      XVIII

      Quand le lendemain Patrick vint visiter Déborah, il la trouva agitée et désolée encore des affronts et des terreurs de la veille.

      – Qu’avez-vous, que vous est-il donc arrivé, mon amie? lui dit-il en la baisant au front; vous avez l’air chagrin.

      – Hier, mon bon Pat, j’ai bien souffert de votre absence.

      – J’aime votre tendresse, et pourtant je la blâmerai: vous n’eussiez pas dû vous alarmer à ce point, la chose n’avoit rien de grave: pour un mot, pour une peccadille, M. de Gave de Villepastour m’avoit consigné au quartier, et mis aux arrêts pour vingt-quatre heures, comme je vous l’ai écrit: c’est là tout, en vérité!

      Déborah se garda bien de rendre franchise pour franchise, et de dévoiler l’attentat dont elle avoit été l’objet. La sensibilité de Patrick en auroit été trop affectée; son esprit ombrageux en auroit conçu trop de crainte et de colère, et se seroit consumé dans de mortelles angoisses. A quoi bon d’ailleurs troubler la paix de son âme? Une amante peut être excusable de semer de la jalousie dans un cœur, pour réveiller un amour qui s’y éteint, mais en semer à plaisir dans un cœur exalté et pénétré d’une passion profonde, c’eût été d’une barbarie СКАЧАТЬ