Madame Putiphar, vol 1 e 2. Petrus Borel
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Название: Madame Putiphar, vol 1 e 2

Автор: Petrus Borel

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ ce cas, veuillez me permettre de l’attendre, j’ai grand besoin de le voir et de lui parler.

      – Entrez, monsieur.

      A peine la porte refermée sur lui, M. de Villepastour, faisant l’agréable, s’écria: – Ma belle miss, vous avez introduit le loup dans la bergerie; il n’est plus besoin de houlette ni de hoqueton! – Et, rejetant au loin son chapeau et son manteau, il se montra comme la première fois, dans son brillant costume vert-naissant.

      A cette vue, Déborah poussa un cri de frayeur, et s’enfuit au fond de son appartement: il l’y suivit, et se jeta à ses genoux.

      – Par votre petite babouche que j’embrasse, et votre joli pied qui l’habite, et pour lequel je donnerois touts les trônes et touts les sceptres des rois, ne me fuyez pas, mademoiselle! Ne craignez rien, vous êtes avec moi en noble et sûre compagnie. J’aimerois mieux perdre la vie à l’instant que vous causer la moindre douleur. Ne vous offensez pas de la ruse que j’ai employée pour pénétrer auprès de vous; je sais bien tout ce que ma conduite a d’effronté et d’indélicat; mais quand la passion commande, quand la raison est foulée aux pieds, pourroit-on écouter la froide bienséance? Je languissois; il falloit que je vous visse, que j’entendisse votre voix; que je m’enivrasse de vos émanations, car vous êtes une fleur de beauté, cruelle miss, une tulipe emplie de nectar: heureux les frelons qui boivent à votre calice!.. Hélas! où m’entraîne mon délire?.. Hélas! hélas! je suis fou, fou d’amour…

      Non, M. de Villepastour n’étoit ni délirant ni fou; il jouoit seulement la comédie avec assez d’adresse. Il n’avoit pas le plus léger sentiment pour Déborah, son âme étoit froide, sa tête brûlante. Son pouls battoit, les désirs sensuels l’entraînoient: l’ardeur de la volupté l’animoit; il caressoit en imagination un corps admirable, que ses regards de faune devinoient; toute sa pensée étoit là; étreindre ce beau corps, labourer de baisers ces charmes nus.

      L’innocente Déborah, trompée par ces faux-semblants, fut émue un instant, la force lui manqua pour repousser durement un beau jeune homme qui lui paroissoit plus malheureux que coupable. Quelle que soit la candeur d’une femme elle ne peut se défendre d’un secret orgueil lorsqu’un amoureux courbé à ses pieds lui révèle la puissance de sa beauté.

      – Relevez-vous, monsieur, lui dit-elle alors avec un accent d’émotion; elle étoit si troublée qu’elle ne put en ajouter d’avantage.

      – Qui relève, pardonne. Oh! vous me pardonnez. Oh! vous êtes bonne, comme vous êtes belle! Tant d’attraits, tant de perfections ne sauroient recéler une âme inhumaine. Oh! je vous remercie; laissez que je vous baise les mains! J’avois par l’excès de ma flamme mérité tout votre courroux; mais vous avez daigné comprendre, vous êtes si bonne, que la faute en est à vos charmes séducteurs, et qu’il seroit mal de punir en moi un tort qui procède de vous.

      – Si je vous ai prié de vous relever, monsieur, c’est parce qu’il m’étoit importun de vous avoir à mes genoux, dit sèchement Déborah, blessée profondément de l’air déjà triomphant et du chant de victoire du marquis; et si je vous prie de vous retirer, c’est parce qu’il m’est importun que vous soyez ici. Sortez, je vous en prie!

      – Oui, je le sens, je dois vous être importun, je vous suis tout étranger encore. En effet, rien n’est plus insipide que de se trouver seul à seul avec un être indifférent; mais de cet être indifférent et étranger que je vous suis, tel est le pouvoir de l’amour: avec un seul regard, un seul mot vous pouvez, sublime métamorphose! faire un esclave, un ami, un amant lié à vous par des chaînes de fleurs. Allons, laissez tomber sur moi ce regard initiateur, dites ce mot magique, que je change de sort!

      – Monsieur, vous perdez auprès de moi votre merveilleuse jactance; soyez-en plus ménager; un muguet comme vous doit souvent en avoir besoin. Croyez-moi, je ne vous serai jamais rien, pour cent raisons, et parce que, vous ne devez pas l’ignorer, je suis liée non par des liens de fleurs, mais par des liens indissolubles.

      – Des liens indissolubles, my dear miss, sont de lourdes chaînes, qui pour être supportables ont besoin d’être cachées sous des guirlandes de roses.

      – Mais, c’est tout franc, du Marmontel! Monsieur fait sans doute un poème d’opéra?

      – Dont vous êtes l’héroïne farouche, ma belle dame.

      – Et vous, sans doute, le héros galantin non moins que fastidieux. Mais, je vous en supplie, monsieur, vous m’obsédez, retirez-vous! Vous le savez, j’attends mon époux; je tremble à chaque instant qu’il ne vienne; partez! je vous en supplie, qu’il ne vous trouve pas ici. Épargnez-vous un esclandre, épargnez-moi une scène horrible à voir: il est si violent, si jaloux, il vous tueroit!

      – Ho! ho! mais vous en faites un ogre: je suis curieux de savoir comment il me dévorera, et je demeure…

      – Partez, de grâce, je vous en supplie à genoux, monsieur… Grands-Dieux! on sonne… C’est lui! vous êtes perdu! je vous l’avois bien dit…

      – Qu’il soit le bien-venu céans.

      – Que faire?..

      – Ouvrez.

      – Non, monsieur; je serai plus généreuse que vous n’en êtes digne, j’aurai pitié de vous: tenez, voici la porte d’un escalier secret, prenez-le; partez, fuyez!

      – Partir? fuir?.. Non, merci: à d’autres votre escalier dérobé, pour moi, je me plais fort ici, et n’en bougerai pas. Ouvrez à l’ogre.

      – Vous le voulez? soit! Mais ne vous en prenez qu’à vous de ce qui va suivre.

      – Ouvrez à l’ogre.

      – Assez, monsieur!..

      Un moment après, seule, d’un air chagrin, Déborah reparut tenant ouverte une lettre décachetée.

      – Hé bien! qu’avez-vous donc? ce n’étoit donc pas lui, ma belle mylady?

      – Non, pas encore.

      – Mais ce billet est de sa main, je reconnois l’écriture. Il vous annonce, sans doute, qu’il est empêché de venir. Il ne viendra pas effectivement. Je gage que le libertin aura été bloqué aux arrêts.

      – Vous savez donc?.. Seriez-vous aussi mousquetaire?

      – En ai-je l’air?

      – Non pas, mais l’insolence. – Mon Dieu! mon Dieu! faut-il qu’il ne puisse venir, quand j’aurois tant besoin de lui! Mais, Saints du Ciel! qui me délivrera de vous?..

      – Personne.

      – J’ai reculé long-temps devant un scandale, vous me poussez à bout: sortez, ou j’appelle au secours, par la croisée.

      – Vous n’appellerez pas.

      En disant ceci, M. le marquis la repoussa de la fenêtre, puis ferma les serrures au double tour et mit les clefs dans ses poches.

      – D’ailleurs, vous voici enfermée avec moi; on n’entrera ici qu’en effondrant les portes: résignez-vous.

      Déborah, désespérée, se jeta presque évanouie sur un sopha.

      – Mais СКАЧАТЬ