Madame Putiphar, vol 1 e 2. Petrus Borel
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Название: Madame Putiphar, vol 1 e 2

Автор: Petrus Borel

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ très-claires pour moi, j’entendis mademoiselle Déborah dire à Patrick: «Ne restons pas ici; ma mère m’a recommandé de nous tenir sur nos gardes: si, par hasard, nous étions espionnés, on pourroit, caché dans ces taillis, nous écouter et nous entendre; montons à la clairière.»

      – Ventre de papiste! as-tu bien ouï cela?

      – Oui, mon commodore, mot à mot. Ils montèrent donc sur la colline et allèrent s’asseoir sur la roche, au milieu des genêts; là, obligé, pour ne pas me découvrir, de rester assez loin, j’entendois mal leurs dialogues; cependant je puis vous affirmer, mon commodore, que ce brigand de Pat… Ah! si je ne m’étois retenu!..

      – Ventre de papiste! ça tourne à mal…

      – Voici, mon commodore, le mouchoir de my lord Pat, oublié dans la bruyère, et l’écharpe de mademoiselle Déborah. Je suivois de près mademoiselle à sa rentrée, et, avec votre excuse, mon commodore, je lui ai fait une fameuse peur: caché dans un buisson au moment où elle passoit, j’ai tiré en l’air ma carabine: quelle frayeur! mon commodore, je crois que ça la dégoûtera des maraudes nocturnes.

      – Chien-de-mer! imbécile! au lieu de Déborah, c’est Pat qu’il falloit suivre pour lui décharger ta carabine dans la tête…

      – Mon commodore, je ne fais rien sans votre ordre; si je n’avois craint de vous déplaire, volontiers, très-volontiers, j’aurois étranglé master Pat, à qui je garde rancune depuis long-temps. Tout à votre service, mon commodore!

      Le comte rugissoit de colère, ses pieds rompoient les panneaux de son lit; ses poings frappoient la muraille.

      – God-damn!.. Et tu n’as pas tué Patrick!.. hurloit-il. Lâche! va-t’en, va-t’en!

      Tout à coup, il se jeta à bas du lit, en brisant sa table de nuit sur le plancher. Il ne se possédoit plus; son sang avoit reflué vers sa tête; ses regards étoient des coups de lance; il arpentoit la chambre traînant ses draps à sa suite; il agitoit ses jambes comme s’il eût voulu écraser quelque chose. Chris demeuroit pétrifié.

      – Et tu ne l’as pas tué, Chris! hurloit-il de plus en plus avec rage; il écumoit. Va-t’en! te dis-je, va-t’en! je te briserois!.. Ne vois-tu pas ma colère? Va-t’en, je te tuerois!..

      Chris sortit.

      Lord Cockermouth, resta immobile un instant, puis soudain se saisit d’un cordon de sonnette, et l’agita violemment en se laissant tomber sur un fauteuil.

      Presque aussitôt la comtesse accourut; appercevant le désordre de son époux et le désordre de la chambre, elle demeura stupéfaite à l’entrée.

      – Ne m’avez-vous pas sonnée, mylord? Grands dieux! que vous est-il arrivé? Qu’est-ce donc que tout ceci?

      Cockermouth, à la voix de son épouse, releva sa tête abattue sur sa poitrine; vainement, il essaya de s’arracher à son fauteuil, la violence l’avoit exténué; sa voix, cassée par la colère, étoit sourde et rauque.

      – Ah! c’est vous, madame!.. Bien! toujours votre petit air candide qui vous sied à ravir. Je crois qu’à la potence même vous feriez l’ingénue. Bien! maintenant, prenez l’air patelin, Saint hearted milk-soup!

      – Milord…

      – Mylady.

      – Qu’avez-vous, mon ami, parlez?

      – J’ai à me louer de vous, mistress; vous êtes franche, sincère, soumise, obéissante; vous avez de nobles manières de voir et d’agir; vous ne sauriez déroger à votre rang ni à vos devoirs, vous ne sauriez forfaire à l’honneur de ma maison; vous êtes bonne mère, et de bon conseil et de bonne vigilance; recevez mes félicitations empressées.

      Toutes ces congratulations étoient dites avec emphase et ornées de rires outrageants.

      – Comte, vos plaisanteries sont amères.

      – Qui se sent blessé porte la main à sa plaie.

      – Expliquez-vous.

      – Vous comprenez très-bien.

      – Mylord, c’est de l’apocalypse.

      – Ah! vous vouliez me jouer, madame l’ingénue! Vous vous êtes toujours fait une loi d’enfreindre mes commandements; vous vous êtes toujours ri de mes désirs; vous n’avez jamais voulu conserver la moindre dignité, ni observer la plus populaire bienséance; prenez garde! vous me poussez à bout!

      – Mylord, je ne sais en quoi j’ai pu pécher.

      – Ah! vous vouliez me jouer! Ah! vous vous êtes fait une loi de prostituer ma fille! Vous ne la prostituerez pas!.. Combien l’avez-vous vendue?

      – Mylord, je suis mère! vous parlez d’une façon exécrable.

      – Combien l’avez-vous vendue à M. Pat? Vous complotiez avec lui, vous facilitiez ses attentats, tandis que vis-à-vis de moi vous protestiez de son innocence, et repoussiez loin mes trop justes soupçons. Vous appelez cela de la finesse, sans doute. Madame, cette finesse-là mène à Newgate.

      – Comte, vous m’outragez!.. vous m’accusez à faux!..

      – Vous mentez, madame!

      – D’où vous viennent ces idées monstrueuses?

      – Monstrueuses! vous l’avez dit… Chris, cette nuit, a suivi votre fille dans le parc, et l’a vue avec Pat faire la tourterelle; il l’a entendue disant à ce bouvier: «Ne restons pas ici, ma mère m’a bien recommandé de nous tenir sur nos gardes…» Voici, mylady, d’où viennent ces idées monstrueuses! Qu’en dites-vous?

      – Je vous supplie seulement de m’écouter, monseigneur; et vous verrez, malgré ces apparences, que ma conduite à été pure. – Quoique je ne pusse croire aux rapports de Chris, votre valet, craignant toutefois que vos soupçons ne vinssent à se confirmer, par foiblesse maternelle, j’avertis Déborah de vos doutes à son égard pour lui épargner les peines que lui feroit porter votre juste colère. Je l’interrogeai; elle m’avoua toute sa faute: depuis un an elle revoyoit Patrick, surtout au parc, dans des rendez-vous nocturnes: mais, en tout respect et tout honneur.

      – Vous croyez!.. Baste!..

      – Ne calomniez pas ma fille, mylord; faites le joli plaisant, n’avez-vous pas honte de votre esprit grossier? Jamais vous n’avez pu comprendre le chaste commerce de deux âmes; pour vous l’amour n’a jamais été qu’un faune ou un satyre.

      – Un faune ou un satyre, en tout respect et tout honneur, mylady.

      – Après les reproches et les avis que mes devoirs de mère me dictèrent, je la suppliai de rompre avec Patrick: elle me le promit à une seule condition: celle d’aller pour la dernière fois à un rendez-vous qu’elle avoit hier au soir même, afin de lire à Patrick son arrêt et de lui dire un éternel adieu. Elle m’accordoit tant que je ne pouvois lui refuser si peu. Je lui recommandai donc de se tenir sur ses gardes pour éviter vos espions, et ne pas perdre, par maladresse dans cette dernière entrevue, le fruit de ses bonnes résolutions. Voilà tout mon crime, j’en prends Dieu à témoin! jugez-le dans votre cœur. Quant à Déborah, je réponds d’elle, sur ma tête, СКАЧАТЬ