Les français au pôle Nord. Boussenard Louis,
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Название: Les français au pôle Nord

Автор: Boussenard Louis,

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ qui bondit derrière elle sur les lames.

      III

      Le premier iceberg. – Enthousiasme du docteur pour les terres boréales. – Plume-au-Vent apprend ce que c'est que le Pôle. – Constant Guignard craint de ne pas trouver le cercle polaire. – A travers la brume. – Première escale. – Un pilote comme on en voit peu. – Julianeshaab.

      «Ma parole! c'est un glaçon… une véritable montagne de glace flottante, ce qu'en terme de baleinier on appelle un iceberg… pas vrai, Le Guern, toi qu'as pincé dans les temps de la grande pêche.

      – Foi de matelot! t'as raison, Parisien, c'est un iceberg!

      «Tonnerre de Brest! tu vois de loin, toi, pour un chauffeur… autant dire un rat de cambuse ou un terrien.

      – Moi! farceur, va!

      «A Paris, j'aperçois l'heure de l'Observatoire au Luxembourg… en tournant le dos à l'horloge.

      «Dis donc, le Maître a promis la goutte à celui qui signalerait la première glace… allons lui refiler la chose, hein!

      «Je t'invite à partager ma ration de tripoli.

      – Plume-au-Vent, t'es un frère!

      «Qué malheur que tu sois dans la machinerie! En dix ans, tu ferais un gabier de beaupré.»

      Puis, élevant la voix, il crie à tue-tête:

      «Glace par l'avant!

      «Maître, à nous la goutte.»

      Le lieutenant, alors de quart, fait aussitôt prévenir le capitaine qui déjeune avec le second et le docteur, et tous trois s'élancent sur le pont, une lorgnette à la main, pour reconnaître le premier ennemi.

      Heureux de cette apparition qui lui annonce la proximité du moins relative de la terre groenlandaise, le capitaine étend à l'équipage la largesse promise par Guénic et retourne au carré, terminer son repas.

      – Eh bien! docteur, dit-il au médecin qui vient de se hisser dans les premières enfléchures, vous laissez en souffrance le déjeuner?

      – Ma foi oui, capitaine, sauf toutefois votre bon plaisir.

      «Voyez-vous, je suis un hyperboréen passionné, moi, et vous l'avouerai-je, la vue de cet iceberg m'a positivement coupé l'appétit.

      «Il faut que je l'examine à l'aise, que je le voie s'approcher, que je le salue au passage, comme tant d'autres saluent la première hirondelle.

      – Faites donc comme vous l'entendrez.»

      Le capitaine était redescendu depuis deux minutes à peine, qu'on signalait, par tribord, une seconde masse flottante, mais infiniment moins volumineuse que la première. Puis une troisième, et bientôt une quatrième, également de petites dimensions.

      «Allons, ça va bien!.. ça va bien, murmurait le docteur tout radieux, sans se préoccuper de la bise aigre qui commençait à lui rougir le nez.

      – Paraît, dit à voix basse le Parisien, que le docteur a une passion folle pour le pays des engelures.

      – Mais oui, mon loustic, répond celui-ci, en homme habitué à percevoir les moindres bruits par l'auscultation, et possédant, de ce chef, une oreille superlativement fine.

      «Et vous l'aimerez comme moi, après votre première campagne, quand vous en aurez admiré la magnificence.

      – Faites excuse, monsieur, reprit le chauffeur un peu gêné malgré son aplomb habituel, je ne croyais pas que vous m'entendiez.

      – Il n'y a pas de mal, mon garçon.

      «Tiens!.. encore une autre là-bas… par tribord!

      «Ma parole! il en pleut!.. est-ce que la débâcle serait commencée?

      «Mais non, c'est impossible… nous ne sommes encore qu'au 15 mai.

      – Pardon, excuse, monsieur le docteur, dit en hésitant le Parisien qui n'ose interroger, mais voudrait bien savoir.

      – Quoi? mon garçon.

      – C'est donc véritablement beau, un pays tout en glaces…

      – Superbe! éblouissant! stupéfiant!

      «Vous trouvez là des collines, des montagnes, des précipices, des arches, des aiguilles, des clochers, un chaos de masses tourmentées, aux formes étranges, des flamboiements incomparables de lumière, que sais-je encore!..

      – Sauf vot' respect, monsieur le docteur, ce sera bientôt?

      – Certainement avant peu, car nous allons être, d'ici vingt-quatre heures, en vue du cap Farewell, qui forme la pointe inférieure du Groenland, par 60° environ de latitude Nord.

      – C'est extraordinaire, continue le Parisien en s'enhardissant devant la bienveillante bonhomie de son interlocuteur, je croyais, moi, que la glace était là-bas comme chez nous… comme partout, c'est-à-dire unie comme la surface d'un étang gelé.»

      Le docteur, après avoir quitté les haubans, s'est avancé, tout en causant, vers le gaillard d'avant, et part d'un immense éclat de rire qui fait retourner les matelots de quart.

      Plume-au-Vent a conscience d'avoir dit une énormité, rougit, balbutie et ne sait trop quelle contenance garder.

      «Mais, malheureux, reprit le docteur en riant de plus belle, si c'est là l'idée que vous vous faites du Pôle, il fallait rester à Paris et vous mettre marchand de marrons.

      «Vous ne savez donc pas qu'il y a des glaciers tellement vastes qu'ils mesurent jusqu'à cent kilomètres de largeur, et jusqu'à cent et cent cinquante mètres de hauteur au-dessus de la surface des eaux.

      «Je dis: au-dessus de la surface des eaux, parce qu'ils descendent jusqu'à cinq et six cents mètres de profondeur.

      – Tonnerre! s'écria le Parisien interloqué.

      – Et c'est de là que viennent les blocs flottants aperçus au large depuis un moment.

      «Sous l'influence du pâle soleil groenlandais et surtout sous l'effort incessant de la mer, ils se détachent par fragments plus ou moins gros, et s'en vont en dérive, jusqu'à ce qu'ils se fondent.

      «Vous verrez quand vous aurez passé le cercle polaire… je ne vous dis que ça!

      – Tenez, monsieur le docteur, puisque vous êtes si complaisant, je me permettrai… j'oserai vous adresser une prière.

      – Allez-y, mon garçon.

      «Nous sommes ici en famille… vous vous en apercevrez au cours de l'expédition, lorsque nous aurons vécu côte à côte, de la même vie, pendant de longs mois.

      «Voyons, qu'y a-t-il?

      – Eh bien! depuis que nous avons quitté les eaux françaises, l'entretien a roulé, vous pouvez m'en croire, presque chaque jour sur ce damné Pôle!

      «Faut-il СКАЧАТЬ