Les français au pôle Nord. Boussenard Louis,
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Название: Les français au pôle Nord

Автор: Boussenard Louis,

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ à vous, mon cher Sériakoff, d'avoir provoqué cet incident.

      – Et vous m'emmenez, hein! d'Ambrieux?..

      «En ma qualité de Russe, je suis un peu parent de la banquise.

      – Impossible, à mon grand regret, cher ami.

      «L'expédition doit être exclusivement française.

      – Allons, tant pis!

      «J'eusse été pourtant bien heureux de vous accompagner, et de contribuer, dans la limite de mes moyens, à la victoire que je vous souhaite de tout cœur au pavillon français.

      – Encore une fois, messieurs, au revoir, termina d'Ambrieux en prenant congé.

      «Nous sommes en mai et le temps presse.

      – Celui-là, messieurs, ira loin! dit sir Arthur Leslie quand d'Ambrieux fut sorti.

      – Et il ne sera pas seul!» riposta Pregel en se retirant à son tour.

      II

      Avant l'appareillage. – Le capitaine d'Ambrieux. – Pour la patrie! – Un brave. – Descendant des Gaulois. – Construction de la Gallia. – Equipement d'un navire. – Matériel que comporte une expédition polaire. – Soins minutieux donnés à l'approvisionnement et à l'habillement. – Equipage bigarré mais irréprochable. – Tous Français. – Instant solennel. – Départ.

«Le Havre, 1er mai 1887.

      «Mes chers parents,

      «Si je mets la main à la plume, c'est pour vous annoncer que nous appareillons aujourd'hui, à la marée du soir, c'est-à-dire dans deux heures, et à seule fin finale de vous donner de mes nouvelles, vu que d'ici à longtemps je ne trouverais pas de boîte aux lettres ni de facteurs.

      «Pour quant à vous dire que je suis content de mon engagement, je suis content. Mais je dois vous faire part d'abord que je ne navigue ni pour l'Etat, puisque j'ai achevé mon temps, ni pour une compagnie maritime, comme qui dirait Transatlantique ou Chargeurs, ni pour le compte d'un armateur faisant pêche ou négoce.

      «Je suis sur un navire appartenant à un homme riche qui voyage pour son agrément, et qui s'en va dans un endroit qu'on appelle pôle Nord, peu connu des matelots et même des amiraux.

      «Mais ça ne fait rien, car paraît que nous partons en découverte. Une idée de particulier calé en monnaie, qu'a du temps à perdre et de l'argent à faire gagner à de fins matelots.

      «Ainsi, moi qui vous parle, je suis engagé pour trois ans, à quatre-vingts francs par mois pour la première année, cent francs pour la seconde et cent vingt francs pour la troisième.

      «Pour être une somme conséquente, on pourra pas dire que ça soit pas une somme conséquente.

      «Bien mieux que ça encore. Paraît que tout un chacun touchera un dixième de sa solde en plus, à partir du jour où que le navire aura franchi le cercle polaire.

      «Vous devez connaître ça, vous, mon ancien, qu'avez couru la bordée du côté des mers glaciales.

      «Paraît que ce cercle polaire, c'est comme qui dirait la ligne pour les pays froids. Le maître nous a expliqué ça, rapport à la chose de la haute paye; mais, pour tant qu'à moi, je n'ai rien compris, sinon que ça me rapporterait un bitord de vingt-cinq ou trente pièces de cent sous par an.

      «Mais, bien plus fort que tout le reste. Notre engagement, à tout un chacun, porte qu'au retour, il y aura pour chaque homme une prime de mille francs, si on monte à une certaine hauteur du côté de ce nommé Pôle.

      «Dans ces conditions-là, c'est un vrai beurre de bourlinguer. Une campagne vous enrichit un matelot et lui permet de s'établir en rentrant.

      «Faudra donc pas vous étonner si vous restez sans nouvelles, ni vous tourmenter sur mon compte.

      «Pour lors, je vous annonce que je suis en bonne santé, et que je souhaite que la présente vous trouve de même, et je vous embrasse tous, le pé, la mé, les petits, en vous promettant que je ferai mon devoir de bon matelot normand.

      «Votre fils et frère pour la vie,

Constant Guinard.«Matelot à bord du navire Gallia, pour deux heures encore au bassin Bellot.»

      Après avoir élaboré avec de grands gestes d'écolier malhabile cette lettre dont la forme un peu fantaisiste est scrupuleusement respectée, le marin plia le papier en quatre, l'insinua dans une enveloppe, cacheta celle-ci en appuyant de toute la force de son gros poing sur la portion gommée et se pencha au-dessus du bastingage.

      «Hé!.. moussaillon… dit-il en hélant un gamin qui flânait en curieux sur le quai de la première darse du bassin.

      – Voilà, mon ancien.

      – Prends ce bout de billet et c'te pièce de dix sous.

      «Cours acheter un timbre, colle-le sur la lettre et mets-la dans le pertuis d'une boîte à poste.

      «Tu boiras une bolée de cidre avec la monnaie.

      – C'est inutile, mon garçon, dit un homme de haute taille, de belle et noble figure, qui, accoudé sur la lisse, a entendu la recommandation du matelot.

      – A vos souhaits, capitaine, mais, pourtant, le bout de billet pour mes vieux de là-bas…

      – Le maître va tout à l'heure se rendre à la poste, il emportera ta lettre avec les miennes et celles de tes camarades.»

      Puis il ajoute, en s'adressant à un marin qui inspecte minutieusement les agrès du navire:

      «Guénic, rassemble l'équipage.»

      Ce dernier porte à ses lèvres un sifflet d'argent, et en tire une série de sons stridents qui font surgir du panneau de la machine et de la grande écoutille les hommes occupés à l'intérieur.

      En moins d'une minute tout le monde est rangé au pied du grand mât, en face du capitaine.

      «Mes amis, dit-il sans préambule, quand vous vous êtes engagés pour la campagne que nous allons entreprendre, on ne vous a pas caché les dangers et les souffrances qui vous attendaient.

      «Vous avez signé en toute connaissance de cause, et pourtant, j'éprouve comme un dernier scrupule, avant de vous emmener là-bas, au pays inconnu dont tant de vaillants matelots ne sont pas revenus.

      «Dans deux heures et demie, le navire aura quitté la France pour deux ou trois années… peut-être pour toujours…

      «Voyons, mes amis, pas de fausse honte… pas d'hésitation, car l'instant est grave… êtes-vous toujours fermement résolus à me suivre quoi qu'il arrive?..

      «S'il en est quelques-uns parmi vous qui craignent les souffrances, les privations, la maladie et la mort… qu'ils parlent sans appréhension et demandent à débarquer… je romprai de bon gré leur engagement et ne conserverai nul grief contre eux.

      «Bien plus, je vais remettre à chacun de vous deux cents francs, à titre de gratification pour votre excellente СКАЧАТЬ