Les français au pôle Nord. Boussenard Louis,
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Название: Les français au pôle Nord

Автор: Boussenard Louis,

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ coups.

      Les matelots se présentent en groupe, réclamant tous le périlleux honneur de combattre le monstre.

      Un cri d'horreur échappe aux moins impressionnables. Le fugitif a glissé, puis s'est abattu lourdement. L'ours n'est plus qu'à deux pas de lui.

      Un coup de feu retentit, et la balle frappant à un mètre de l'animal, fait voler un éclat de glace.

      L'ours, un moment effrayé par le choc et le sifflement du projectile, s'arrête et regarde avec inquiétude le navire.

      Ce répit, si court qu'il soit, permet à l'homme de se relever et de reprendre sa course, mais en zigzag.

      Un second coup de feu se fait entendre, mais sans plus de résultat.

      «Maladroit!» s'écrie le docteur tout dépité, en glissant deux cartouches métalliques dans le tonnerre de son arme encore fumante.

      Le lieutenant fait feu à son tour et manque la bête qui semble invulnérable.

      «Cent francs à qui l'abat,» dit le capitaine.

      Castelnau arrivait portant de chaque main une carabine toute chargée.

      Dumas le cuisinier, son tablier blanc relevé d'un bord, en triangle, comme un foc, l'arrête au passage.

      «Donne-moi ça, petit, dit-il à l'armurier, et je veux toute ma vie manger de la cuisine au beurre si je ne gagne pas la prime.»

      Avec une aisance parfaite, il saisit une carabine, la porte à l'épaule, met en joue et s'adressant au docteur avec sa familiarité provençale:

      «Trois cents mètres… plein guidon, n'est-ce pas monsieur le dôtur?

      – Plein guidon! et tâchez de faire mieux que moi.

      – Eh!.. zou!»

      Il ajuste trois secondes à peine et presse doucement la détente.

      Paf!.. pîîî… îcth!.. il semble qu'on suive le sillage de la balle qui s'éloigne en sifflant.

      Et soudain, l'ours fait un bond énorme, se dresse convulsivement sur les pieds de derrière, oscille et s'écroule sur le dos en gigotant.

      «Tonnerre de Brest!.. un mathurin de Lorient n'eût pas mieux fait, s'écrie Guénic n'en pouvant croire ses yeux.

      – Eh, millé dioux! il y en a encore deux autres, s'écrie le Provençal.

      «Les petits… les mouçerons…

      «Ce que ze vais t'éçeniller ces vermines!»

      M. Dumas, superbe comme un capitan, la barbe hirsute, l'œil allumé, reçoit une cartouche, charge le canon droit de sa carabine, et avec le sang-froid d'un chasseur qui fusille des perdreaux, fait feu, deux fois coup sur coup.

      Les deux oursons qui se sont arrêtés près du cadavre de leur mère, tressautent brusquement, et chose à peine croyable qui stupéfie littéralement l'équipage, tombent, foudroyés!

      «Coup double! dit avec son large rire le cuisinier.

      «Ce n'était pas plus difficile que ça!

      – Sacrebleu! mon garçon, quel joli tireur vous faites!

      – Oh! monsieur le dôtur, répond modestement Dumas, tout le monde pourrait en faire autant à Beaucaire.

      «Seulement, on n'y trouve zénéralement pas d'ours.

      – Très bien, Dumas, très bien! interrompt le capitaine.

      «Je ne te connaissais pas ce talent, et puisque tu aimes la chasse, tu auras plus tard occasion de satisfaire ton goût.»

      L'homme ainsi miraculeusement sauvé s'était avancé jusqu'au bord du chenal où venait de stopper la Gallia.

      La baleinière, armée au moment où l'habile tireur accomplissait son exploit, abordait en deux coups de rame au glaçon au milieu duquel les trois ours frissonnaient leur agonie.

      Sur un signe du patron, le malheureux à demi nu, tout grelottant, prenait place dans l'embarcation, pendant que deux matelots munis de grelins, allaient crocher les plantigrades pour les haler sur le pack.

      Mais une difficulté se présente tout d'abord. L'ourse est tellement pesante, qu'on ne peut la mouvoir. Il faut un palan!

      «Tron de l'air! monsieur le dôtur, c'est donc une bestiole conséquente? demande à son interlocuteur le Provençal.

      – Le diable soit de votre bestiole!

      «Mais, mon garçon, ça pèse au moins cinq cents kilos!

      – Bagasse! monsieur… et moi qui n'ai zamais çassé que la grive et l'ortolan.

      – Eh bien! ça vous a joliment fait la main.

      «Ma foi, vous êtes digne de rivaliser avec le héros de Tarascon.

      «Le grand… l'illustre Tartarin, votre homonyme.

      – Faites excuse, monsieur le dôtur, mais je suis né natif de Beaucaire et zamais ze n'ai mis le pied à Tarascon.

      «Ze ne sais pas qui est ce monsieur Tartareïn, dont ce mouçeron de Parisien m'a donné le surnom, et qu'il m'appelait chasseur de casquettes…

      – Je vous ferai connaître ce héros dont un de nos plus illustres écrivains, votre compatriote, M. Daudet, a écrit les aventures extraordinaires, mais authentiques!

      «Le livre est dans la bibliothèque, vous le dégusterez pendant l'hivernage.

      «Et maintenant, comme à un tireur de votre force il faut une arme digne de lui, je suis heureux de vous offrir cette excellente carabine anglaise de Dougall.

      – Mais, monsieur… je ne veux pas vous priver de…

      – J'en ai une autre toute pareille.

      «Allons ne faites pas la petite bouche… acceptez!..

      «Sur ce, mon brave, allons voir vos victimes que l'on hisse en ce moment à bord.

      «Nous ferons l'autopsie ensemble.»

      VIII

      Histoire d'Oûgiouk. – Comment on déshabille un ours polaire. – Capacité d'un estomac groenlandais. – Un amateur de tripes. – Symphonie de blanc et de bleu. – La tempête. – Déviations de la boussole. – A Port-Foulque. – Forêts en miniature. – A terre. – Tentative malheureuse d'un cocher improvisé. – Des effets d'une morue sèche sur un attelage récalcitrant. – Un ours blessé.

      Le docteur n'avait point exagéré le poids réellement surprenant du monstre si proprement dépêché par Dumas dit Tartarin, cuisinier de la Gallia.

      La femelle pesait cinq cent cinquante kilogrammes, et les oursons chacun trois cents.

      Une véritable montagne de victuailles, et trois fourrures splendides qui furent СКАЧАТЬ