Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome III. Bussy Roger de Rabutin
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Читать онлайн книгу Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome III - Bussy Roger de Rabutin страница 20

СКАЧАТЬ il doit à toute heure endurer,

      Dont n'y a que la mort qui l'en peut délivrer.

      Sitôt qu'en mariage une femme on a prise,

      On est si bien lié, qu'on perd toute franchise:

      L'homme ne peut plus rien faire à sa volonté.

      Le riche avec orgueil gêne sa liberté,

      Et le pauvre par là se rend plus misérable,

      Car pour un il lui faut en mettre deux à table.

      Qui d'une laide femme augmente sa maison

      N'a plaisir avec elle en aucune saison

      Et seule à son mari la belle ne peut être:

      Les voisins comme lui tâchent de la connoître.

      Elle passe le jour à se peindre et farder;

      Son occupation n'est qu'à se regarder

      Au cristal d'un miroir, conseiller de sa grâce.

      Elle enrage qu'une autre en beauté la surpasse.

      Semblable en leur beau teint à ces armes à feu

      Qui, n'étant point fourbis, se rouillent peu à peu,

      Si le pauvre mari leur manque de caresse,

      On l'accuse d'abord d'avoir d'autre maîtresse:

      La femme trouble un lit de cent mille débats,

      Si son désir ardent ne tente les combats,

      Et si l'homme souvent en son champ ne s'exerce,

      Labourant et semant d'une peine diverse.

      La mer, le feu, la femme avec nécessité,

      Sont les trois plus grands maux de ce monde habité.

      Le feu bientôt s'éteint; mais le feu de la femme

      La brûle incessamment, et n'éteint point sa flamme.

      Ainsi, crois-moi dessus ce point,

      Mon cher ami, n'y songe point.

      Le marquis eut du chagrin que la chose n'avoit pas réussi; cependant ils s'en consolèrent par la continuation de leurs amours.

      Mais comme par résistance

      On augmente le désir,

      Ainsi dans la jouissance

      On perd bientôt le plaisir. 82

      En effet, notre marquis perdit bientôt le souvenir de ses promesses83, car il commençoit à la négliger, et ne la voir qu'avec une espèce de chagrin. Elle fut encore assez heureuse de l'avoir possédé pendant près de dix ans; après quoi, voyant qu'il ne l'estimoit pas comme il avoit fait, qu'au contraire il la négligeoit tout à fait, elle prit une résolution de se retirer. Elle lui demanda la permission. D'abord il l'en voulut retenir par manière de bienveillance; mais il y consentit enfin sans grands efforts. Elle eut, tant de ses épargnes que de ce qu'il lui donna, une petite somme avec quoi elle s'achemina à Paris. D'abord elle fit assez bonne chère, ne pouvant se désaccoutumer aux bons morceaux qu'elle mangeoit avec le marquis; mais comme à Paris tout est cher, elle fut obligée de retrancher sa dépense et de songer à se mettre en condition. Elle pria pour cet effet une vieille entremetteuse de lui en procurer une; mais cette femme, la voyant jeune et d'assez bonne mine, lui proposa un parti pour se retirer. Elle ne s'en éloigna pas beaucoup, et s'inquiéta de la personne et de sa vacation; à quoi l'autre lui répondit que c'étoit monsieur Scarron, et qu'il étoit poëte84. Ce nom de poëte lui ravit d'abord l'âme, et elle demanda incontinent à le voir; mais la vieille, jugeant qu'il étoit à propos de la préparer à voir cette figure et de lui en faire d'avance un petit portrait, afin que l'aspect ne lui en parût pas si horrible, lui dit: «Ecoutez, Mademoiselle, je suis bien aise de vous dépeindre la personne avant que vous la voyiez. Premièrement, c'est un jeune homme qui est d'une taille moyenne, mais incommodé; ses jambes, sa tête et son corps font, de la manière dont ils sont situés, la forme d'un Z85. Il a les yeux fort gros et enfoncés, le nez aquilin, les dents couleur d'ébène et fort mal rangées, les membres extrêmement menus, j'entends les visibles (car pour le reste je n'en parle point). Il a infiniment de l'esprit au dessus du reste des hommes; de plus, il a de quoi vivre, il a une pension de la Cour, et est fils d'un homme de robe. A présent, si vous voulez, nous l'irons voir.» Elle s'y accorda, et elles y furent. Scarron, qui avoit été averti de leur venue, s'étoit fait ajuster comme une poupée, et les attendoit dans sa chaise. A leur abord il les reçut avec toute la civilité possible; à quoi Guillemette tâcha de correspondre, mais non pas sans rire de voir cette plaisante figure. Leur conversation ayant duré près d'une bonne heure, elles prirent enfin congé de lui, et la vieille l'engagea encore à y retourner avec elle. Elles eurent, à la seconde visite qu'elles lui rendirent, un petit régal de collation, et, la vieille s'étant employée pour aller chercher quelque chose qui leur manquoit, Scarron fit briller les charmes de son esprit et étala sa passion aux yeux de Guillemette. Il lui dit qu'il pouvoit bien conjecturer qu'une personne aussi bien faite comme elle l'étoit ne seroit pas bien aise de s'embarrasser d'un demi-monstre comme lui: «Mais pourtant, disoit-il, Mademoiselle, si j'osois me priser moi-même, je dirois que je n'ai que l'étui de mon âme mal composé, et possible y loge-t-il un esprit qui à peine se trouve dans ces personnes dont la taille est si avantageusement pourvue par la nature. D'ailleurs, une personne comme moi sera toujours obligée de rester dans un certain respect, au cas qu'on eût le bonheur de vous agréer. Je vous déclare peut-être trop nettement mon sentiment; mais, Mademoiselle, la longueur n'est pas bonne dans de telles occasions.» Comme elle alloit répondre, il entra une des sœurs de Scarron86, qui lui fit retenir ce qu'elle avoit à dire, tellement qu'elle ne s'en expliqua point pour cette fois; mais à l'autre visite qu'elle lui rendit, la vieille la sçut si adroitement persuader qu'elle lui promit d'être sa femme. Il en eut toute la joie imaginable, et depuis cet heureux aveu il ne manquoit journellement de lui écrire des billets doux, qu'il dictoit agréablement87; ce qui ne servit pas peu à la tenir toujours dans le même sentiment, où elle ne demeura pas longtemps, car il arriva entre eux une petite rupture. Sa vieille se remit aux champs pour raccommoder leur affaire; mais Guillemette demeura ferme dans sa résolution, et jura de ne le voir ni l'entendre jamais. Lorsque le pauvre Scarron sut cela, il en fut au désespoir, et encore plus de ce qu'elle avoit rebuté toutes ses lettres. Il étoit presque à bout de son rôle, aussi bien que sa confidente; mais comme il avoit infiniment de l'esprit, il se souvint qu'elle avoit marqué d'aimer fort les vers, et qu'elle avoit pris un indicible plaisir à lui en entendre réciter: il voulut donc la tenter par là, il lui écrivit plusieurs billets de cette manière. D'abord elle les rebuta comme les autres; après elle les lut, mais n'y vouloit point faire de réponse. Néanmoins notre amant ne se lassa jamais de lui envoyer ses billets doux: sa constance, ses soins respectueux, à quoi joint les assiduités de la confidente, le firent rentrer dans ses bonnes grâces; et comme il avoit éprouvé l'inconstance du sexe, il ne crut pas à propos de prolonger plus longtemps cette affaire: il la pressa donc, et firent si bien que dans peu ils achevèrent leur mariage88, de crainte de quelque autre désastre, car le sieur Scarron avoit tout sujet de se méfier de lui-même, connoissant son état et sa foiblesse89. Mais au lieu de trouver son bonheur et son repos dans le mariage, il y trouva tout le contraire; et n'ayant pas rencontré dans sa nouvelle épouse la satisfaction et la pudeur qu'il s'attendoit, et qu'un mari souhaite en telle occasion, il eut recours aux plaintes et aux reproches. Mais la nouvelle mariée, qui n'étoit pas sotte, se prévalant de la mauvaise constitution de son époux90, le traita d'abord du haut en bas, et, bien loin de dénier la chose, elle ne se mit pas beaucoup en peine de l'événement, car elle lui dit d'un ton impérieux que ce n'étoit pas à une postureСКАЧАТЬ



<p>82</p>

Var.: Ici la 1re édition intercale un long passage mêlé de prose et de vers. Le voici:

«Ce fut environ vers ce temps-là qu'un jeune homme, venu depuis peu des Universités, et qui ne savoit pas l'intrigue du marquis avec Guillemette, en devint effectivement amoureux, et l'auroit infailliblement épousée sans un accident qui arriva et qui ne lui permit pas de douter de la bonne intelligence qui étoit entre sa maîtresse et le marquis de Chevreuse. Cet accident fut une certaine enflure de ventre causée à la pauvre Guillemette par un commerce trop fréquent avec son marquis. Elle ne s'en fut pas plus tôt aperçue qu'elle l'avoua d'abord à celui qui en étoit l'auteur. Et cependant, pour tromper le jeune bachelier, dont elle espéroit de faire un mari, elle feignit d'être malade d'une hydropisie. Son amant le crut quelque temps, mais enfin on lui dessilla les yeux. Certaines manières libres qu'il avoit remarquées entre Guillemette et le marquis le firent entrer dans de grands soupçons, et une confidente affidée qui étoit dans la maison du marquis lui découvrit le pot aux roses et la véritable cause de cette hydropisie prétendue. Elle en guérit au bout de neuf mois; et quoique la chose fût assez secrète et que le jeune homme qui la recherchoit se soit contenté de la laisser, sans la diffamer, il ne put s'empêcher pourtant, avant de la quitter, de lui faire connoître la cause de sa froideur; et, comme il étoit poëte et qu'il aimoit sa patrie, il fit des vers sur cette aventure, qu'il lui envoya tout cachetés en forme de lettre. Comme elle en avoit reçu grand nombre de sa façon où il lui parloit de son amour, elle crut que c'étoient des vers du même style; mais elle fut bien surprise quand elle lut ces paroles, qui étoient une raillerie sanglante du malheur qui lui étoit arrivé:

StancesVous faisiez à l'amour un trop pénible outrageDe déguiser un mal dont lui-même est l'auteur.Iris, ne cachez plus un si parfait ouvrage,Qui fait de deux amants le souverain bonheur.En vain pour nous tromper vous usiez d'artifice,Couvrant de son mal feint un chef-d'œuvre si beau,Puisque l'illustre enfant de la déesse EriceA daigné l'éclairer de son divin flambeau.Qu'aucun regret pourtant ne saisisse votre âme,Et ne rougissez pas du fruit de votre amour;Ce sont les doux effets d'une féconde flamme,Qui s'alloient amortir s'ils n'eussent vu le jour.Peut-être que ces jeux, ces ébats, ces caresses,Dont vous payez les feux de votre cher amant,Et que ces doux baisers, ces aimables tendresses,N'étoient, à votre avis, qu'un simple jeu d'enfant.Sachez pourtant, Iris, que l'Amour, ce fier maître,A qui l'on donne à tort un éloge si bas,N'est pas toujours enfant, puisqu'il en fait tant naître,Et que même il se plaît dans les sanglants combats.S'il revêt quelquefois une forme si tendre,C'est pour nous abuser, c'est pour tromper un cœur;Mais après qu'à ses traits on s'est laissé surprendre,Il prend d'un homme fait la force et la vigueur.Que le triste regret de vous être déçueN'apporte aucun obstacle à des plaisirs si doux;S'il ne vous eût frappée, Iris, que dans la vue,Vous ne sauriez pas bien ce que peuvent ses coups.Savante à vos dépens, vous avez cette gloireQu'il a, pour vous soumettre, employé tous ses traits,Et, pour être plus sûr de gagner la victoire,Sans doute qu'il voulut vous frapper de plus près.Cessez donc de pleurer un sort digne d'envie,Et ne regrettez pas la plus belle des fleurs;Si ne la garder pas c'est faire une folie,On goûte en la perdant mille et mille douceurs.

Ces vers piquèrent un peu celle pour qui ils avoient été faits; mais comme elle étoit au-dessus de ces petits reproches et qu'elle s'étoit familiarisée avec son marquis, elle ne s'en mit pas fort en peine, et, résolue désormais de laisser parler le monde, elle ne songea qu'à goûter les douceurs de la vie et à y chercher de nouveaux raffinements, à quoi elle réussit mieux que femme du monde, comme nous l'allons apprendre dans la suite de cette histoire.»

<p>83</p>

Ici les deux textes recommencent à se confondre.

<p>84</p>

D'après le P. Laguille, mademoiselle d'Aubigné auroit demeuré, quand elle accompagna à Paris, soit madame de Neuillan, comme l'assure Tallemant (in-8, t. 9, p. 126), soit madame de Villette, soit madame de Navailles, fille de madame de Neuillan, «dans le même quartier où logeoit le fameux Scarron.» Segrais, cité par M. Ed. Fournier dans une note sur ce passage (Var. hist. et littér., VIII, 65), dit aussi que l'intimité s'établit par le voisinage. Scarron demeuroit rue des Saints-Pères, à l'Hôtel de Troie. D'après le P. Laguille, ce seroit madame de Navailles qui auroit proposé à Scarron son mariage.

<p>85</p>

Scarron nous a laissé de lui un portrait qui est la meilleure preuve de la fidélité de celui-ci.

<p>86</p>

Le poëte avoit deux sœurs, dont l'une épousa, dit-on, secrètement, le duc de Tresmes, père du marquis de Gesvres, ou plutôt fut sa maîtresse. «Scarron disoit de ses deux sœurs que l'une aimoit le vin et l'autre aimoit les hommes. On savoit qu'il n'avoit que ces deux sœurs et qu'elles n'étoient point mariées.» (Segraisiana, p. 58.)

<p>87</p>

On a deux lettres de Scarron à mademoiselle d'Aubigné: dans l'une elle est nommée; dans l'autre, adressée à ***, on la reconnoît facilement; enfin, dans une troisième, adressée à M. de Villette, Scarron parle de mademoiselle d'Aubigné devenue sa femme, et donne quelques détails précieux qui ne semblent pas avoir été relevés. La première est connue: «Mademoiselle, lui dit le pauvre estropié, je m'étois toujours bien douté que cette petite fille que je vis entrer il y a six mois dans ma chambre avec une robe trop courte, et qui se mit à pleurer, je ne sçay pas bien pourquoy, estoit aussi spirituelle qu'elle en avoit la mine. La lettre que vous avez écrite à madame de Saint-Hermine est si pleine d'esprit que je suis mal content du mien de ne m'avoir pas fait connoître assez tout le mérite du vôtre. Pour vous dire vray, je n'eusse jamais cru que dans les îles de l'Amérique ou chez les religieuses de Niort on apprît à faire de belles lettres.» (Dernières œuvres de M. Scarron, t. I, p 11.) Dans la seconde, nous remarquons les passages suivants: «Vous êtes devenue malade de la fièvre tierce; si elle se tourne en quarte, nous en aurons pour tout notre hiver, car vous ne devez point douter qu'elle ne me fasse autant de mal qu'à vous… Je me fie bien à mes forces, accablé de maux comme je suis, de prendre tant de part dans les vôtres. Je ne sçay si je n'aurois point mieux fait de me défier de vous la première fois que je vous vis. Je le devois, à en juger par l'événement. Mais aussi, quelle apparence y avoit-il qu'une jeune fille dût troubler l'esprit d'un vieil garçon?..

Tandis que, la cuisse étendue,Dans un lit toute nueVous reposez votre corps blanc et grasEntre deux sales draps,Moy, malheureux pauvre homme,Sans pouvoir faire un sommeEntre mes draps, qui sont sales aussy,Je veille en grand soucy.

Tout cela pour vous aimer plus que je ne pensois. La male peste! que je vous aime! et que c'est une sottise que d'aimer tant! Comment, vertu de ma vie! à tout moment il me prend envie d'aller en Poitou, et par le froid qu'il fait! N'est-ce pas une forcenerie!» (Dernières œuvres, t. 1, p. 23.) La troisième est datée du 12 novembre 1659. Scarron écrit à M. de Villette: «Madame Scarron est bien malheureuse de n'avoir pas assez de bien et d'équipage pour aller où elle voudroit, quand un si grand bonheur lui est offert que celuy d'estre souhaitée à Brouage par une mademoiselle de Mancini… J'espère qu'elle se r'acquittera d'une si grande perte quand la cour sera retournée à Paris… Paris est désert autant que votre Brouage est remply. Je ne m'en apperçois point dans nostre petite maison. On fait dire tous les jours aux princes, ducs et officiers de la couronne qu'on ne voit personne, et l'ambition d'être admis dans notre petite société commence à être grande et à s'échauffer furieusement dans la cour et dans la ville…»

<p>88</p>

La date du mariage de Scarron s'est trouvée, pour des écrivains superficiels, dans ce passage de Segrais: «Scarron se maria en 1650, et cette année plusieurs personnes d'esprit se marièrent aussi comme lui… Cela fit dire à madame de Rambouillet qu'elle craignoit que l'envie ne lui prît aussi de se marier.» (Segraisiana, p. 100.) Or, premièrement madame de Rambouillet n'étoit pas encore veuve à ce moment, et la plaisanterie ne s'expliqueroit pas de sa part étant mariée; ensuite Segrais dit, en parlant du projet qu'avoit formé Scarron d'aller en Amérique, que, cette année, il demanda la main de mademoiselle d'Aubigné et que le mariage se fit deux ans après. Ce sont là de purs commérages. Loret est bien mieux renseigné. Dans sa Gazette du 31 décembre 1651, il dit:

Monsieur Scarron, dit-on, se piqueDe transporter en AmériqueSon corps meigret, foible et menu.

Il ajoute que sa sœur, Céleste Scarron, doit l'accompagner, et ne dit mot de sa femme, dont il n'eût pu manquer de parler si Scarron eût été marié. – Dans sa lettre du 14 juin il écrit que Scarron vient de perdre un procès important contre la seconde femme de son père,

Dont il se plaint mal à propos,Car enfin, ledit personnageAyant contracté mariageAvec une epouze ou moitiéQu'il a prise par amitié,

il doit plutôt se féliciter de voir finir, avec son procès, ses embarras. Scarron, qui n'étoit pas marié le 31 décembre 1651, est donc marié le 14 juin 1652. Mais depuis quand? La Lettre du 9 novembre suivant nous l'apprend à peu près. Loret rappelle ce qu'il a dit dans ses lettres du 14 juin et du 5 octobre, et il ajoute:

Or j'ay maintenant à vous direQue cet autheur à faire rire,Nonobstant son corps maladif,Est devenu generatif;Car un sien amy tient sans feinteQue sadite espouse est enceinteDe trois ou quatre mois et plus;Et puis, dites qu'il est perclus!

Le fait rapporté par Loret étoit une grossière plaisanterie. Mais une grossesse de trois ou quatre mois supposoit bien alors que le mariage s'étoit fait vers le mois de juin, au temps même où Loret en a parlé pour la première fois. – Le P. Laguille s'est également trompé en donnant pour date 1649 ou 1650.

<p>89</p>

Malgré le bruit qui courut et que nous avons rappelé dans la note précédente, madame Scarron ne fut jamais mariée que de nom. C'est ce qu'elle dit elle-même dans une lettre à son frère: «Vous savez bien que je n'ai jamais été mariée.» – «Elle est vefve sans avoir été femme», dit Somaize. (Dict. des Précieuses, t. 1, p. 221.)

<p>90</p>

Var.: Après ces mots: «ils achevèrent leur mariage», et avant ceux-ci: «le traita d'abord du haut en bas», on trouve cette variante dans l'autre édition:

«Mais il se trouva déçu, car ce qu'il avoit cru être son bonheur ne fut que le contraire: il trouva la brèche toute faite, et qu'un autre ou plusieurs avoient monté à l'assaut. Il s'en plaignit à elle, qui le traita d'abord du haut en bas…»