Les Forestiers du Michigan. Jules Berlioz d'Auriac
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Les Forestiers du Michigan - Jules Berlioz d'Auriac страница 7

Название: Les Forestiers du Michigan

Автор: Jules Berlioz d'Auriac

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ vous soyez de leur race, vous ne pouvez désirer ma perte, moi qui viens de vous sauver?..

      – Allez-vous-en! allez-vous-en! reprit-elle en le regardant dans les yeux.

      Mais, soit ignorance, soit obstination, elle ne dit pas d'autre parole.

      – Vous laisserai-je donc là?

      Apparemment elle ne comprit pas cette question: sans quoi elle y aurait répondu.

      – Eh! bien! je pars, mais je vous emmène! dit-il soudain, en s'enfonçant avec elle dans les ténèbres.

      Le feu, pendant ce temps, s'était presque éteint, et les derniers tisons ne jetaient plus qu'une fumée rougeâtre: tout disparut au milieu des sombres obscurités de la tempête.

      Quand il vit que tout était noir autour de lui, Basil éprouva une certaine satisfaction: quels que fussent ses ennemis, Blancs ou Rouges, il se trouvait dans des conditions égales vis-à-vis d'eux; la nuit, l'ouragan, le désert étaient pour lui comme pour d'autres.

      Tout en cheminant à pas précipités, il repassait et commentait dans son esprit les événements inouïs dont il était le héros. On peut croire que la question était au moins aussi grave et perplexe que son précédent problème sur les femmes. Mais ici, Basil était sur son terrain, il examina les choses sur toutes leurs faces avec une grande facilité d'esprit. – Une jeune Indienne se mourant de froid, au cœur du grand désert américain, par cette nuit d'horrible tempête; – cette même Indienne cherchant obstinément à éloigner son sauveur!

      Veghte eut beau tourner et retourner cette énigme complexe; il n'y put rien comprendre.

      Une préoccupation détourna l'honnête forestier de ses spéculations métaphysiques; il s'aperçut qu'il marchait parfaitement à l'aventure. Toute sa perspicacité sauvage lui devenait inutile au milieu des ténèbres palpables qui l'entouraient. A cette observation désobligeante s'en joignait une autre: Johnson n'avait nullement fait retentir sa carabine, ainsi qu'il avait été convenu entre eux. Et pourtant, l'excursion de Basil avait duré assez longtemps, pour que son mystérieux compagnon s'inquiétât de lui, et songeât à donner quelque signal.

      A la fin, se sentant mal à l'aise, il prit le parti de faire feu, lui-même, à trois reprises différentes.

      Rien ne lui répondit.

      Cependant, comme il avait marché avec une précaution extrême, il se croyait certain de n'être pas loin de son premier campement.

      – Ce coquin là doit pourtant m'avoir entendu! grommela-t-il; c'est un singulier compagnon, celui-là! et sa conduite me paraît louche. Je ne me fie que tout juste à son amitié, et si nous devons faire route ensemble, il faudra que je le fasse marcher. Impossible qu'il se soit endormi comme une brute!

      Comme il parlait encore, une lueur fugitive, ou plutôt une ombre de lueur frappa ses yeux vigilants.

      C'était son bienheureux foyer, dont il ne s'était guère détourné, dans sa course à tâtons.

      Quelques secondes lui suffirent pour y arriver; il s'installa en jetant à Johnson un regard de travers.

      CHAPITRE IV

      PROBLÈME INSOLUBLE

      – Pourquoi n'avez-vous pas tiré des coups de fusil, comme je vous l'avais recommandé? demanda Veghte, assez aigrement, à Johnson qui s'était mis debout pour le recevoir.

      – Au nom du ciel qu'amenez-vous là? riposta ce dernier.

      – Eh! une créature qui s'en allait mourant de froid si je ne lui avais porté secours, malgré vos bons conseils.

      – Tiens! tiens! une femme! s'écria Johnson au comble de l'étonnement: que je sois pendu si ce n'en est pas une!.. et vivante, encore!

      – Eh bien! oui, vivante! qu'y a-t-il là d'extraordinaire?

      A ce moment, la jeune fille se débattit si fort dans ses couvertures qu'elle les fit tomber et bondit comme une biche effarouchée.

      – Là! là! doucement! fit Basil; reprenez vos couvertures et ne faites pas de sottises! Enfant! ou bien!.. mais non; je vous ai effrayée une fois déjà; je n'y veux plus revenir. Allons! voyons! soyez sage! remettez votre manteau, sans quoi vous mourrez de froid. – Vous! ajouta-t-il en s'adressant à Horace; parlez-moi un peu ici: n'avez-vous pas entendu mes coups de feu?

      – Il m'a bien semblé ouïr quelque chose; mais je n'ai pas trop su ce que c'était.

      – Pas-trop-su-ce-que-c'é-tait!.. reprit Basil avec humeur, et contrefaisant la parole nonchalante de son interlocuteur. Vous allez peut-être me faire croire que vous ne distinguez pas un coup de feu du miaulement d'un chat!

      – Peut-être, oui! répliqua l'autre avec un redoublement de flegme irritant.

      – Pourquoi n'avez-vous pas fait parler votre fusil? Vous m'auriez évité bien des tâtonnements dans ce bois obscur, au moment de mon retour?

      – Peuh! savais-je que vous iriez si loin? D'ailleurs, à vous voir si passionné pour vous mettre en campagne, je m'imaginais qu'une tournée de chasse, en pleine nuit, était nécessaire pour votre santé.

      – Enfin! vous n'auriez donc pas tiré un seul coup de fusil?

      – Oh! vers l'aurore, j'aurais peut-être songé à y penser… mais vous êtes arrivé trop tôt.

      Veghte lui lança un coup d'œil qui n'avait rien de pacifique, et réprima une violente envie de lui répondre sur un autre ton. Mais, après un moment de silence il se calma, et reprit la conversation sur un autre sujet.

      – N'est-ce pas la chose du monde la plus bizarre Johnson? Quant à moi, cette aventure-là me dépasse.

      – Quelle aventure?

      – Eh donc! la manière dont j'ai découvert cette fille.

      – Comment l'avez-vous trouvée?

      – Debout contre un arbre, gelée à mort.

      – Ah! et comment avez-vous connu qu'elle était gelée?

      – Potence et corde! comment voit-on avec les yeux? comment touche-t-on avec les mains? vous êtes stupide, ce soir, mon camarade!

      Johnson sourit paisiblement de cette boutade, et poursuivit avec son flegme habituel:

      – Vous ne voyez pas que je cherche à éplucher la question. Est-ce que c'est la jeune fille qui vous a dit qu'elle allait mourir de froid?

      – Si elle ne s'en était pas doutée, pourquoi aurait-elle chanté son chant de mort?

      – Certes! elle le chantait?

      – Oui bien! et c'était parfaitement l'occasion pour elle.

      – Ceci est fort. Si elle était mourante, c'est-à-dire sans connaissance, comment s'apercevait-elle de la chose, et comment pouvait-elle chanter?

      – Je n'en sais rien. Ce qui m'étonne encore plus, c'est qu'elle fût seule en pareil endroit et dans une pareille nuit.

      – Pourquoi СКАЧАТЬ