La cour et la ville de Madrid vers la fin du XVIIe siècle. Marie Catherine d'Aulnoy
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1

Ce nom n'est pas inconnu dans l'histoire. Un sieur de Saint-Pé était agent politique du cardinal de Richelieu en Portugal. (Flassan, Histoire de la diplomatie, t. III, p. 62.)

2

Le paysan espagnol trouve inutile de graisser les moyeux des roues de sa charrette. Il en résulte des grincements qui s'entendent à des distances réellement extraordinaires. Les correspondances des armées, au temps de Napoléon, mentionnent cet inconvénient, qui n'était pas sans gravité lorsqu'il s'agissait de dérober une marche à l'ennemi.

3

C'était là un privilége particulier à ces provinces, et il était fondé sur l'extrême pauvreté du pays. «Si le commerce avec la France, l'Angleterre, l'Aragon, la Navarre et le duché de Bretagne, n'était pas libre, nul n'y pourrait subsister, dit l'ordonnance de 1479.» (Llorente, Provincias vascongadas, p. 323, 332.)

4

La langue basque, on le sait, est une langue primitive qui n'a d'analogie avec aucune autre langue connue. Elle était néanmoins infiniment plus usitée que le castillan dans cette partie de l'Espagne. Aussi, lors de la réunion des juntes, les affaires étaient-elles exposées en castillan et discutées en langue basque. (Weiss, t. 1er, p. 207.)

5

Ce personnage se conformait aux usages de son temps, ainsi que nous le verrons par la suite. En pareille circonstance, les Espagnols vous adressent encore ce compliment: «A la disposition de Votre Seigneurie.» Mais il serait indiscret de les prendre au mot.

6

Le conseiller Bertault, qui accompagna la maréchal de Gramont lorsqu'il alla demander pour le roi la main de l'infante Anne d'Autriche, fait également mention de ces jeunes et modestes batelières. Il est vrai de dire qu'un de ses contemporains, le Hollandais Van Aarsens de Sommerdyck, est loin d'être aussi édifié des façons des dames du pays. Il raconte, avec un juste sentiment de pudeur alarmée, que ces femmes s'abritent du soleil en relevant leurs jupes sur leurs têtes, sans se préoccuper le moins du monde des bienséances. (Voyage d'Espagne, p. 5.)

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Madame d'Aulnoy fait mention de patagons, de ducats, de piastres, de pièces de huit réaux. Ces pièces avaient la même valeur, seulement les patagons étaient monnayés en Flandre et en Franche-Comté à l'effigie de l'archiduc Albert et de l'archiduchesse Isabelle. Les ducats étaient monnayés dans le duché de Milan; les pièces de huit réaux, de même que les réaux d'argent et de cuivre, en Espagne. Les rapports des pièces de huit réaux avec les monnaies de France varièrent légèrement pendant le cours du dix-septième siècle. Elles se rapprochaient généralement de la valeur de l'écu d'or de Henri III, soit trois livres ou soixante sols. Les rapports de ces pièces d'argent avec les pièces de cuivre nommées réaux de vellon, au contraire, varièrent énormément, par la raison que la monnaie d'argent sortait de l'Espagne avec une rapidité telle, que les paiements dans l'intérieur du pays ne se faisaient qu'en monnaie de cuivre. Nous trouvons à cet égard un renseignement précieux dans le Journal du conseiller Bertault: «Un ducat, dit-il, est un peu moins qu'une pièce de cinquante-huit sols, qui vaut huit réaux de plata (argent), mais on n'en trouve pas. Tout se compte par quartos et ochavos qui sont de cuivre et qu'ils appellent de vellon. Ainsi, un réal de huit, qui est une pièce de cinquante-huit sols, vaut de douze et demi à treize réaux de vellon (au lieu de huit réaux d'argent). Un ducat n'est que de dix à onze (réaux de vellon), quarante à quarante-cinq sols de France.» Cette proportion se rapporte à l'année 1660. Il est bon d'observer aussi que les piastres frappées au Mexique étaient d'une valeur beaucoup plus considérable que les piastres d'Espagne, mais nous n'avons pas à nous en occuper.

8

Le roi d'Espagne n'avait droit de tenir garnison que dans ces deux villes. Le désarroi des finances était tel, que des places comme Pampelune tombaient en ruine et étaient à peine gardées. Le Hollandais Van Aarsens en fit l'observation lorsqu'il alla visiter cette place: «Afin que nous ne la trouvassions pas si dépourvue de monde, dit-il, on y avait fait entrer bon nombre de paysans qu'on mêla parmi les soldats. Mais il nous fut aisé de les reconnaître, parce que, outre qu'ils n'avaient pas la mine de traîneurs d'épée, la plupart n'en portaient pas et faisaient la parade avec un simple mousquet ou quelque vieille pique.» (Voyage d'Espagne, p. 339.)

9

Nous ne saurions dire si ce personnage est de fantaisie. Il n'était point assurément le neveu du duc d'Albe; mais le généalogiste Imhof, qui cite souvent madame d'Aulnoy, pense que Don Fernand de Toledo appartenait à une branche cadette éloignée des Toledo, ducs d'Albe. En effet, madame d'Aulnoy dit plus loin qu'il était beau-fils du marquis de Palacios. Or, Don Pedro Ruiz de Alarco Ledezma y Guzman, second marquis de Palacios, avait épousé Dona Blanca de Toledo, huitième dame de Las Higuarez. Imhof pense que cette Dona Blanca de Toledo avait pu avoir d'un premier mariage ce fils qui, suivant l'usage assez général des cadets en Espagne, aurait pris le nom de sa mère. En ce qui touche les trois autres cavaliers qui vinrent rejoindre madame d'Aulnoy, nous ne saurions rien affirmer. (Imhof, Généalogie de vingt familles illustres d'Espagne.)

10

Il nous semble à propos de donner quelques explications à ce sujet. Lors de leur réunion à la couronne de Castille, les provinces basques, Alava, Viscaya et Guipuscoa, avaient expressément stipulé le maintien de leurs priviléges. Les Basques, n'ayant jamais subi le joug des Maures, étaient considérés comme hidalgos. En conséquence, ils ne payaient pas d'impôts au roi, ils ne pouvaient être jugés que par les tribunaux de leur pays, avaient seuls droit aux emplois et jouissaient d'une liberté de commerce illimitée avec leurs voisins. Chaque province était gouvernée par une junte, dont l'organisation était à peu près partout la même. La junte était élue par tous les habitants indistinctement, pourvu qu'ils fussent d'origine basque et chrétienne. Elle votait les lois, les règlements de police, fixait la quotité des impôts et du don gratuit qu'elle accordait au roi. Lorsqu'elle se séparait, elle déléguait les pouvoirs à une commission, qui se partageait les diverses attributions du gouvernement, nommait aux emplois, administrait les fonds provinciaux, rendait la justice, pourvoyait à la défense du pays, et veillait surtout à ce que le roi n'empiétât pas sur ses priviléges et n'amenât pas de troupes étrangères dans la province. Le roi, à son avénement, se rendait en Biscaye sous l'antique chêne de Guernica, jurait de respecter les fueros. Les délégués de la junte prêtaient le même serment en prononçant, la main étendue sur le machete vittoriano: «Je veux que ce couteau me coupe la gorge si je ne défends pas les fueros.» (Llhorente, Provincias Vascongadas, t. II; passim., Weiss, t. I, p. 210.)

11

Les vivres, en effet, étaient si rares, que Gourville, se rendant à Madrid, se vit dans la nécessité de faire faire du biscuit pour son voyage. (Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, t. XXIX, p. 552.)

12

Madame d'Aulnoy ne tarda pas à s'apercevoir qu'elle était dans l'erreur.

13

Les mystères du moyen âge, on le voit, s'étaient perpétués en Espagne. Ils étaient fort plats, parfois même grotesques, si nous devons en croire madame d'Aulnoy; mais nous n'acceptons pas son jugement d'une façon absolue. Pour apprécier avec équité ce genre de représentations, il faut lire les autos sacramentales du dix-septième siècle. La valeur littéraire en est incontestable. Nous n'essayerons pas de le démontrer. Nous nous bornerons à dire que les grands auteurs de cette époque se faisaient tous honneur d'écrire des autos. Calderon, entre autres, du jour où il entra dans les ordres, consacra sa plume à la scène religieuse, et l'éleva à la hauteur de son génie. Les autos qu'il nous a laissés peuvent être considérés comme les modèles du genre. Ils reflètent dans toute leur énergie les sentiments ardents et mystiques de la chevalerie espagnole, les qualités et les défauts de ses contemporains, leur emphase, leur morgue, leur foi et leur superstition. Le langage qu'il prête à ses héros est brillant à l'excès. Les situations qu'il imagine, sont souvent invraisemblables, mais toujours essentiellement dramatiques. Le lecteur en pourra juger par une esquisse du plus célèbre de ses autos: La Dévotion à la Croix; nous la donnerons plus loin, СКАЧАТЬ