Название: Rencontres décisives
Автор: Roberto Bandenas
Издательство: Bookwire
Жанр: Религия: прочее
isbn: 9788472088535
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29 . Puisque nous sommes des êtres déchus, notre victoire consiste à nous relever chaque fois que nous tombons, et mieux encore, à ne plus retomber. L’unique manière de vaincre la tentation est d’adopter la tactique de Jésus : recourir au secours divin. « Car, puisqu’il a souffert lui-même l’épreuve, il est en mesure de porter secours à ceux qui sont éprouvés » (Hébreux 2.18, TOB).
30 . Le Christ n’a pas succombé à la tentation, parce que « son obéissance consiste à se laisser conduire […] Celui qui met sa confiance en Dieu, en sa puissance et en sa parole, y trouve la vie » (H. Gollwitzer, La joie de Dieu. Commentaire de l’Évangile de Luc, Neuchâtel : Delachaux et Niestlé, 1958, p. 47 et 49).
31 . Luc 4.13 (BFC et la Colombe) affirme que le diable l’a laissé tranquille « jusqu’à une autre occasion ».
32 . « Moins explicitement que Luc (4.13), Matthieu fait entendre que Satan ne laisse Jésus que provisoirement. En effet, la pensée de Matthieu est probablement la suivante : Jésus a repoussé au seuil de son ministère une tentation qui fut celle de toute sa vie […] : il a renoncé à la volonté de puissance, pour servir et mourir avec la seule autorité qu’il tenait de son Père » (P. Bonnard, L’évangile selon Saint Matthieu, Neuchâtel : Delachaux et Niestlé, 1963, p. 46).
1
Le rendez-vous
La paix du soir descend peu à peu dans la vallée. Les ombres enlacent d’abord le gué puis se lovent paresseusement le long des versants abrupts vers les cimes. Montant des mares, le croassement des grenouilles s’impose à peine au chant des grillons.
Les bêlements des troupeaux en route vers leurs bergeries s’éloignent en tremblant. Des ronces et des myrtes sourdent des bourdonnements d’abeilles plongées dans les restes douçâtres des dernières baies. En bas, au-delà des lauriers roses en fleurs et derrière des bourbiers hérissés de joncs et de papyrus, serpente le Jourdain, vert et limoneux.
À la croisée du chemin, dans la fragile fraîcheur des saules, deux jeunes gens attendent, impatients.
Ils sont arrivés dans cet endroit mystique en suivant d’autres chercheurs de Dieu. Au fond de cette profonde dépression marquée par l’histoire, dans le vide laissé par les villes foudroyées du feu divin,1 l’éloignement du ciel semble plus douloureux et la nostalgie de s’en approcher étreint plus intensément.
De leur précaire observatoire les voyageurs aperçoivent, accroché à la dernière falaise du désert, le monastère que les Esséniens édifièrent là, face à la mer Morte, pour conserver à jamais les maudits effets du péché sous les yeux des moines et les en éloigner par leurs rites ascétiques.
Si André et son ami se décidaient à céder à de tentantes invitations, ils pourraient frapper à sa porte ce soir même et solliciter leur entrée dans la communauté. Un novice de leur âge au front sévère, au regard ardent, fièrement drapé dans sa tunique blanche, leur a récemment vanté les vertus purificatrices de la spiritualité monacale :
« La libération du mal passe par le retrait du monde. Il n’y a pas de salut possible en Israël. N’écoutez pas son clergé apostat : il vous trompe ! Nous les reclus sommes le reste fidèle, ceux qui vivent la sainteté qu’exige le jugement divin. Vos docteurs corrompus ne détiennent pas la vérité. Seul le Maître de Justice l’enseigne. Garder ses préceptes est l’unique chemin menant au royaume de Dieu.2
Le garçon paraissait très convaincu. Mais accède-t-on au royaume de Dieu rien qu’en renonçant au monde ? Fuir le danger n’est-il pas de la lâcheté ? Leurs amis zélotes avec lesquels ils se réunissaient parfois clandestinement leur affirmaient presque le contraire :
« Nous devons imposer et construire nous-mêmes le royaume de Dieu, si nécessaire en rompant le joug de l’oppresseur idolâtre. Nous devons lutter de toutes nos forces et de nos propres mains contre les ennemis de l’Éternel des armées, même jusqu’au sang si nous voulons que le Messie vienne nous libérer de Rome et de tous nos maux. »
Leurs amis zélotes étaient eux aussi très sincères, fanatiques et courageux jusqu’au sacrifice. L’un d’eux était récemment mort martyr, crucifié comme terroriste.
Qui suivre ? Quel est le chemin du salut ? Lutter à mort contre les adversaires de Dieu ou s’isoler du monde ? Voilà ce qui tourmentait l’esprit idéaliste des jeunes voyageurs.
« Sot dilemme ! Le ciel n’appartient qu’à Dieu. Pour les mortels, il n’y a de royaume que celui qu’ils se procurent. Le Tout-Puissant distribue bénédictions et châtiments dans cette vie parce qu’il n’y en a pas d’autre. Il récompense ou sanctionne sans que nous connaissions le pourquoi de ses décisions » répondaient avec morgue les Sadducéens.
Ce à quoi les pharisiens alléguaient :
« Grave hérésie ! La Torah indique très clairement la route à suivre : Dieu sauve celui qui observe sa loi. Au jugement dernier la justice divine se révélera inexorable à propos du comportement dans cette vie. Nos œuvres nous sauvent ou nous condamnent. Le Juge suprême décide si nos bonnes actions, nos prières, nos jeûnes et nos aumônes pèsent plus lourd dans la balance que nos péchés. »
Perplexes, les jeunes gens ne savent dans quelle direction s’engager. Voilà pourquoi ils sont venus de si loin jusqu’ici, au gué de Bethabara, poussés par leur confusion et leur soif d’absolu pour écouter en personne le nouveau prophète. Interpellés par son message, ils ont aussitôt répondu à son appel :
« Repentez-vous car le royaume des cieux s’approche. Que vos fruits prouvent la conversion de vos cœurs ! Laissez Dieu vous laver de votre passé par le baptême et renaissez à une nouvelle vie ! Seul Dieu peut nous sauver de nous-mêmes, nous transformer par sa puissance. Je vous baptise d’eau pour marquer la rupture avec votre passé. Or celui qui vient après moi vous immergera dans l’Esprit. »
Ils ont entendu ses propos de leurs propres oreilles : pour étancher leur soif spirituelle, les voyageurs doivent s’orienter vers un nouveau guide qui n’est pas le Baptiste.
« N’est-ce pas toi le Messie attendu ? avaient insisté ses opposants.3
- Non, je ne le suis pas. Je ne suis qu’une voix qui crie dans le désert pour lui préparer le chemin. Le maître qui vient sera votre guide. L’Agneau de Dieu annoncé, c’est lui ! Lui seul est capable de sauver le monde de ses péchés. »
La piste semble peu claire. Mais les voyageurs savent maintenant que la clé de ce qu’ils cherchent ne se trouve pas dans la plaine du Jourdain. Pas non plus dans les cellules de Qumram. Ni dans le temple de Jérusalem, ni dans les salles de classe des СКАЧАТЬ