Название: Pièces choisies
Автор: Valentin Krasnogorov
Издательство: ЛитРес: Самиздат
Жанр: Драматургия
isbn:
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LE DOCTEUR. (Avec flamme.) Moi, oublier ? Mais je… (Se remémorant la soudaine et étrange amnésie dont il avait été frappé.) Je vais le noter. À tout hasard. (Il écrit dans son agenda.)
IRÈNE. (Se levant.) Et n’oubliez pas de préparer la fiche médicale et le certificat médical.
LE DOCTEUR. Pour vous, je ferai tout ce qui vous plaira. Je vous raccompagne ?
IRÈNE. Non, merci.
IRÈNE sort. LE DOCTEUR, requinqué, s’assoit devant son ordinateur. Entre L’HOMME. Il se conduit tout à fait autrement que lors de la première fois. Ses manières sont pleines d’assurance et de résolution.
LE DOCTEUR. Encore vous ?
L’HOMME. Comme vous le voyez.
LE DOCTEUR. Que voulez-vous de moi ?
L’HOMME. Je mène une petite enquête privée.
LE DOCTEUR. J’avais tout de suite compris que vous étiez détective.
L’HOMME. Je ne suis pas détective. Je suis du fisc.
LE DOCTEUR. Si vous êtes inspecteur des impôts, présentez vos documents.
L’HOMME. (Sèchement.) Où est Irène ?
LE DOCTEUR. Hélas, je ne vous serai d’aucune utilité. Comme vous le voyez, elle n’est pas là.
L’HOMME. Je l’ai bien vue entrer ici, il y a vingt minutes.
LE DOCTEUR. Mais vous ne l’avez pas vue partir, il y a une minute.
L’HOMME. Elle reviendra ?
LE DOCTEUR. Je ne sais pas. Que lui voulez-vous ?
L’HOMME. C’est quelque chose que je n’ai pas le droit de vous dire.
LE DOCTEUR. Pas le droit, eh bien, ne le dites pas. Au plaisir de vous revoir.
L’HOMME. Il me faut la trouver d’urgence, vous comprenez ? C’est une question de vie et de mort.
LE DOCTEUR. Vous n’êtes pas dans une agence de détective. Aussi, cherchez-la dehors. Et, s’il vous plaît, ne me faites pas perdre mon temps. Au fait, les consultations dans mon cabinet sont très onéreuses.
L’HOMME. Je suis prêt à payer, si vous m’aidez à la retrouver.
LE DOCTEUR. Je ne prends pas de pots-de-vin.
L’HOMME. Non !?
LE DOCTEUR. Je reçois des honoraires.
L’HOMME. Mais je suis prêt à vous verser des honoraires.
LE DOCTEUR. Je ne les perçois qu’en échange d’un traitement et non pas en échange de renseignements donnés. Je vous souhaite de réussir, et ne m’empêchez pas de travailler. Je ne reçois que sur rendez-vous. (Il entraîne poliment L’Homme vers la sortie de secours.) Je vous en prie. Non, pas par cette porte. Par celle-ci, n’entrent que mes malades.
L’HOMME. Bon, dans ce cas, je vous enverrai vraiment l’inspecteur des impôts. (Il regarde attentivement le Docteur.) Non, vous avez eu peur ?
LE DOCTEUR. Pas tellement.
L’HOMME. Vous devriez. Je suis sûr que vous n’aimez pas payer des impôts.
LE DOCTEUR. Moi je n’aime pas ?
L’HOMME. Vous.
LE DOCTEUR. Moi ?!
L’HOMME. Vous.
LE DOCTEUR. Et alors ? Et qui aime ça ?
L’HOMME. Et si nous organisions un petit contrôle ?
LE DOCTEUR. Faites, donc. Je sais bien cacher mes revenus.
L’HOMME. Et moi, je sais bien les retrouver.
LE DOCTEUR. Cessez de me menacer. Je vous l’ai dit, je ne crains pas les contrôles.
L’HOMME. Parce que vous ne prenez pas de pots-de-vin ?
LE DOCTEUR. Non. Parce que je les donne. Au plaisir de vous revoir.
L’HOMME. (Changeant de ton.) Docteur, vous le savez bien, l’affaire que j’ai en ce moment est strictement personnelle, elle n’a aucun rapport avec la médecine, ni avec le fisc. J’ai besoin d’Irène.
LE DOCTEUR. Au revoir. La porte de sortie est ici.
L’HOMME. (S’attardant au moment de sortir.) Docteur, pourquoi, tout de même, vient-elle vous voir ? Il y a quelque chose entre vous ?
LE DOCTEUR. Cela ne vous regarde en aucune façon.
L’HOMME. Serait-elle malade ?
LE DOCTEUR. Aucun détail concernant mes visiteurs, malades ou bien portants, ne franchit les limites de ce cabinet.
L’HOMME. (D’un ton sec, presque menaçant.) Parfait. Cependant, je sens qu’il y a un lien entre vous et je pense qu’il est de mon devoir de vous prévenir : soyez prudent.
LE DOCTEUR. Dans quel sens ?
LE DOCTEUR. Dans tous les sens. Elle s’est oubliée et elle-même ne comprend pas ce qu’elle fait. (Il se dirige vers la sortie.) Si, malgré tout, vous la voyez, dites-lui que j’essaierai de la voir à la maison, et si je ne l’y trouve pas, que je reviendrai ici.
LE DOCTEUR. Je ne pense pas que je vous laisserai entrer.
L’HOMME. Et moi, je ne pense pas que je vous en demanderai l’autorisation.
L’HOMME part. LE DOCTEUR se rassoit devant son ordinateur. IRÈNE revient.
IRÈNE. Vous n’en avez toujours pas assez de moi ?
LE DOCTEUR. Le taxi est déjà là ?
IRÈNE. Je ne l’ai pas appelé… J’ai décidé d’emmener Michel dans ma voiture. Elle est là, tout près, sur le parking. Surveillez-le deux minutes encore, d’accord ? (Après avoir bien regardé le Docteur.) Qu’y a-t-il encore ?
LE DOCTEUR. À l’instant… Eh bien… Il a de nouveau demandé après vous… Votre mari…
IRÈNE. Je vous l’ai déjà dit, je n’ai aucun mari ! À part Michel, bien sûr.
LE DOCTEUR. Je ne sais pas, je ne sais pas… Il m’a prévenu qu’il fallait que je sois prudent avec vous.
IRÈNE. Il n’a pas expliqué de quoi il retournait ?
LE DOCTEUR. Non, mais il a dit que c’était très important. Une question de vie et de mort.
IRÈNE. (Fortement troublée.) Je crois que je devine СКАЧАТЬ