Pièces choisies. Valentin Krasnogorov
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Название: Pièces choisies

Автор: Valentin Krasnogorov

Издательство: ЛитРес: Самиздат

Жанр: Драматургия

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СКАЧАТЬ DOCTEUR. Je n’ai reçu aucune somme !

      JEANNE. Ne vous inquiétez pas, nous n’avons pas l’intention de vous demander de les rendre. La seule chose que je veux, c’est un certificat attestant de l’état de gravité dans lequel se trouve mon mari et sa carte médicale.

      LE DOCTEUR. (Il est complètement déconcerté.) Le certificat, à la limite, je peux vous le donner, mais…

      JEANNE. (Intraitable.) Ainsi que la carte médicale.

      LE DOCTEUR. Où vais-je la trouver ?

      JEANNE. Dans votre ordinateur. Dans le tiroir de votre bureau. Est-ce que je sais moi ? Trouvez-la, refaites-la, cela ne me regarde pas. Que la carte médicale soit prête dans une heure ! Dans exactement soixante minutes je reviens la chercher ! Et n’essayez pas à nouveau de vous trouver une quelconque excuse comme la dernière fois.

      JEANNE se dirige vers la sortie. À l’entrée, elle se heurte à un nouveau visiteur. C’est un homme d’apparence très respectable, vêtu d’un costume strict bien taillé. Ils se lancent un regard furtif. JEANNE sort. L’HOMME ne remarque pas tout de suite LE DOCTEUR, apparu de derrière un paravent. En l’apercevant, il sursaute.

      LE DOCTEUR. En quoi puis-je vous être utile ?

      L’HOMME. (Tressaillant.) Je… je… je…

      LE DOCTEUR. Qui êtes-vous ?

      L’HOMME. Je… je… je…

      LE DOCTEUR. Oui, vous, vous, vous ! Pas moi, que diable !

      L’HOMME. Je… Je ne pense pas que mon nom ait quelque importance pour vous.

      LE DOCTEUR. Alors, pourquoi ne le donneriez-vous pas ?

      L’HOMME. En effet, pourquoi ?

      LE DOCTEUR. C’est bien ce que je dis, pourquoi ?

      L’HOMME. Tenez, vous voyez, nous disons tous les deux « pourquoi ».

      LE DOCTEUR. Alors, pourquoi, malgré tout, ne le donnez-vous pas ?

      L’HOMME. Parce que je n’en vois pas la nécessité.

      LE DOCTEUR. Cessez de tourner autour du pot et parlez franc : de quoi souffrez-vous ?

      L’HOMME. Puis-je parler avec vous d’homme à homme ?

      LE DOCTEUR. Le voudrions-nous que nous ne pourrions parler de femme à femme.

      L’HOMME. Vous avez raison.

      LE DOCTEUR. Eh bien, accouchez, ne craignez rien, qu’est-ce qui vous amène ?

      L’HOMME. Je ne sais par quoi commencer…

      LE DOCTEUR. Soyez plus hardi, vous n’avez pas à avoir honte du tout. La quasi-totalité des hommes rencontrent ces problèmes-là.

      L’HOMME. Comment connaissez-vous mes problèmes ?

      LE DOCTEUR. Je les devine.

      L’HOMME. Vous ne pouvez pas les connaître. Le fait est que… Comment le dire…

      LE DOCTEUR. Allons, allons, ne rougissez pas. Vous êtes venu voir un médecin. Et ici, les secrets sont gardés.

      L’HOMME. (Après hésitation.) Bon, ça va. Pour être honnête, j’avais d’abord décidé de me faire passer pour malade. Mais maintenant, je me dis, pourquoi ne pas dire les choses comme elles sont ?

      LE DOCTEUR. Ainsi, vous n’êtes pas malade ?

      L’HOMME. Non.

      LE DOCTEUR. Que faites-vous donc ici ?

      L’HOMME. Je cherche une femme.

      LE DOCTEUR. Puis-je vous confier un secret ? Je ne suis pas une femme.

      L’HOMME. Ce n’est pas le moment de plaisanter. L’affaire est très sérieuse.

      LE DOCTEUR. Qui est-elle pour vous ? Votre épouse, peut-être ?

      L’HOMME. (Après une certaine hésitation.) Oui.

      LE DOCTEUR. Mais qu’est-ce que je viens faire là ?

      L’HOMME. Je sais, qu’elle sort juste d’ici.

      L’HOMME. Je ne diffuse pas d’informations concernant mes visiteurs.

      L’HOMME. Cette fois-ci, vous devez faire une exception.

      LE DOCTEUR. J’aimerais bien savoir pourquoi !

      L’HOMME. Parce que je l’aime à en perdre la mémoire.

      LE DOCTEUR. Vous aimez votre femme ?!

      L’HOMME. Oui. Et alors ?

      LE DOCTEUR. Non, rien. C’est très touchant.

      L’HOMME. Bon, où est-elle ?

      LE DOCTEUR. Votre femme n’est pas venue ici.

      L’HOMME. Elle est venue, je le sais avec certitude.

      LE DOCTEUR. Son nom ?

      L’HOMME. Grelot.

      LE DOCTEUR. (Stupéfait.) Grelot ? Vous en êtes sûr ?

      L’HOMME. Certain.

      LE DOCTEUR. Pas Goulot ?

      L’HOMME. Non.

      LE DOCTEUR. Bibelot ? Angelot ?

      L’HOMME. Je vous dis que non.

      LE DOCTEUR. M-m-m, m-m-m… (Gagné par l’émotion, il arpente la pièce.) Donc, votre femme s’appelle… Vous pouvez me rappeler comment ?

      L’HOMME. Grelot.

      LE DOCTEUR. Fantastique. En entrant dans ce cabinet, vous avez, ce me semble, croisé à la porte une personne. Vous vous rappelez ?

      L’HOMME. Vous avez en vue la femme en costume prince de galles ajusté, aux yeux sombres, avec un grain de beauté sur la joue gauche, une petite écharpe de gaze lilas autour du cou et un sac à main noir ?

      LE DOCTEUR. Elle, en effet. Que pouvez-vous dire sur elle ?

      L’HOMME. Rien. Je ne lui ai pas prêté la moindre attention.

      LE DOCTEUR. M-m-m, m-m-m… vous ne lui avez pas prêté attention. Pas la moindre. (Explosant.) Foutez le camp, et que je ne vous revoie plus ici !

      L’HOMME. Docteur, je ne vous comprends pas. Pourquoi…

      LE DOCTEUR. (L’interrompant.) Mais parce que vous vous êtes retrouvé nez à nez, à l’instant, avec madame Grelot. Admettons que vous ne lui ayez pas prêté attention. Mais elle aussi vous est passée devant tranquillement !

      L’HOMME. СКАЧАТЬ