Название: Pièces choisies
Автор: Valentin Krasnogorov
Издательство: ЛитРес: Самиздат
Жанр: Драматургия
isbn:
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IRÈNE. Pas besoin de me remercier. Au contraire ! (Après un temps d’hésitation.) Je veux vous dire quelque chose de très important… (Elle se tait.)
LE DOCTEUR. Voyons, pourquoi restez-vous silencieuse ?
IRÈNE. J’ai du mal à me décider. Mais je vais quand même parler.
Entre L’HOMME. IRÈNE se tait. Elle est très troublée.
L’HOMME. (À Irène.) Enfin, je vous ai trouvée.
IRÈNE. Vous m’avez filée.
L’HOMME. Oui, je vous ai filée. (Au Docteur. Sur un ton assez cassant.) Laissez-nous tous les deux, s’il vous plaît.
LE DOCTEUR interroge IRÈNE du regard. Elle acquiesce de la tête. LE DOCTEUR sort. L’HOMME tarde à reprendre la parole, ne sachant pas comment démarrer une conversation qui s’annonce pénible.
Pourquoi m’avez-vous caché que vous étiez mariée.
IRÈNE. Je n’ai rien caché.
L’HOMME. Mais vous n’y avez jamais fait allusion.
IRÈNE. Vous pensez qu’une femme doit déclarer dans les journaux, à la radio et à la télévision qu’elle est mariée ? Ou, au contraire, qu’elle ne l’est pas ?
IRÈNE. Vous êtes une femme dangereuse.
IRÈNE. Merci pour le compliment. Vous êtes venu pour tirer au clair nos relations personnelles ?
L’HOMME. Non. Le thème que nous allons aborder est autrement plus sérieux.
IRÈNE. Eh bien, parlez.
L’HOMME. Vous avez soutiré à la banque une somme, vous savez laquelle. L’argent, il est vrai, n’a pas été transféré sur votre compte, mais vous savez parfaitement ce qui vous attend.
IRÈNE. La prison.
L’HOMME. Tout à fait. Vous étiez considérée comme une employée modèle. Pour vous dire la vérité, à cette heure encore je suis admiratif de l’art avec lequel vous avez mis sur pied cette combinaison. Deux ans durant, la banque est restée sans remarquer qu’une petite ligne superflue du programme informatique conduisait à une fuite d’argent.
IRÈNE. Encore faudra-t-il prouver, que c’est moi qui ai ajouté cette ligne.
L’HOMME. Les experts s’en chargeront.
LA FEMME. Reste à savoir qui a le plus d’expérience, de vos experts ou de moi ? Qu’attendez-vous de moi ?
L’HOMME. Rendez l’argent et la banque ne vous assigne pas en justice.
IRÈNE. Que me vaut cette bienveillance ? Est-ce parce que je ne vous suis pas tout à fait indifférente ?
L’HOMME. Vous ne m’êtes pas pas du tout indifférente, mais dans le cas présent mes considérations sont d’ordre purement commercial. Il n’est pas du tout dans l’intérêt de la banque, que le public sache que nos collaborateurs volent l’argent des déposants. Nous perdrions alors des milliers de clients et des centaines de millions d’euros. C’est pourquoi notre intérêt est d’étouffer l’affaire.
IRÈNE. Quand faut-il rendre l’argent ?
L’HOMME. Aujourd’hui. Dans le cas contraire, vous serez arrêtée demain.
IRÈNE. Aujourd’hui, ce n’est pas possible. Du reste, demain, non plus. Pas plus qu’après-demain.
L’HOMME. Pourquoi ?
IRÈNE. Parce que je n’ai pas d’argent. Et que je n’en aurai pas.
L’HOMME. Bien. J’ai dit, ce que j’avais à dire. Veuillez réfléchir. Il vous reste peu de temps. (Il se lève, va vers la sortie, s’arrête. Son ton change.) Irène, vous savez ce que j’éprouve pour vous.
IRÈNE. Je sais.
L’HOMME. Pourquoi avez-vous fait cela ?
IRÈNE. Parce que… parce que je l’ai fait.
L’HOMME. Mais, tout de même, où est l’argent ?
IRÈNE. Ce n’est pas pour moi que je l’ai pris.
L’HOMME. Je m’en doutais. Alors, que cette personne soit coffrée ! En définitive, c’est lui qui a empoché l’argent, et vous, formellement, vous n’êtes pas coupable. On peut expliquer cette ligne du programme par une erreur technique. Qu’est-ce que vous en dites ?
IRÈNE. (Après un moment de silence.) Donnez-moi un peu de temps pour réfléchir.
L’HOMME sort. Entre LE DOCTEUR.
LE DOCTEUR. Qui est cet homme ?
IRÈNE. Le vice-président de la banque.
LE DOCTEUR. Que vous voulait-il ?
IRÈNE. C’est sans importance. Docteur, je dois vous faire un aveu.
LE DOCTEUR. (Essayant de plaisanter.) D’un amour, j’espère ?
IRÈNE. Non, simplement un aveu. (Elle se tait.)
LE DOCTEUR. Vous vouliez, déjà auparavant, me dire quelque chose de très important, mais l’arrivée de cette personne vous en a empêchée.
IRÈNE. Oui.
LE DOCTEUR. Mais avouez donc, enfin !
IRÈNE. Vous allez me mépriser.
LE DOCTEUR. Ne dites pas de bêtises. (Et, comme Irène se tait, il continue.) Si vous ne vous décidez pas à avouer, alors permettez que je le fasse. Vous êtes la femme que je rêvais de rencontrer depuis longtemps. Si vous n’aviez pas été mariée, je vous aurais fait une proposition. Seulement, ne riez pas de moi.
IRÈNE. J’ai envie de pleurer, pas de rire.
LE DOCTEUR. Réfléchissez : si on ne réussit pas à guérir votre mari, il vous faudra de toute façon vous séparer de lui. Et alors, je m’occuperai de lui et de vous. Je suis bien pourvu et je ferai ce qu’il faut pour vous rendre heureuse. Et, c’est le plus important, j’ai un penchant pour vous.
IRÈNE. C’est effectivement le plus important.
LE DOCTEUR. À présent, dites-moi, ce que vous vouliez me dire.
IRÈNE. Justement, il m’est à présent encore plus difficile de m’y résoudre. Le fait est que…
Entre JEANNE. Ne s’attendant pas à voir IRÈNE en compagnie du DOCTEUR, elle s’arrête médusée.
IRÈNE. Pourquoi restes-tu plantée ? Viens t’asseoir.
LE DOCTEUR. (Étonné.) Vous vous connaissez ?!
IRÈNE. СКАЧАТЬ