Pièces choisies. Valentin Krasnogorov
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Название: Pièces choisies

Автор: Valentin Krasnogorov

Издательство: ЛитРес: Самиздат

Жанр: Драматургия

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СКАЧАТЬ Bien sûr, que non ! De plus, je suis divorcé depuis longtemps. Depuis deux ans.

      LE DOCTEUR. Comment ça « divorcé » ? Mais vous aimez votre femme à en perdre la mémoire !

      L’HOMME. Oui-oui, bien sûr… Ensuite, je me suis remarié.

      LE DOCTEUR. Vous vous êtes remarié ? Très bien. Et votre femme s’appelle, vous m’avez dit…

      L’HOMME. Grelot. Irène Grelot.

      LE DOCTEUR. Comment avez-vous dit ? Irène ?

      L’HOMME. Oui, Irène.

      LE DOCTEUR. Mais, voyons, elle est mariée ! Avec Michel.

      L’HOMME. (Il est stupéfait.) Avec quel Michel ?

      LE DOCTEUR. Son mari.

      L’HOMME. Ça ne se peut pas ! Elle n’est pas mariée ! Je veux dire, qu’elle est mariée avec moi.

      LE DOCTEUR. Mais qu’est-ce que vous attendez de moi ?

      L’HOMME. Je sais qu’elle est venue ici. Il est probable qu’elle revienne encore. Aidez-moi à la rencontrer.

      LE DOCTEUR. Mon métier n’est pas de rechercher les femmes des autres. Et je ne suis pas certain qu’Irène soit votre femme. Et qu’elle s’appelle Irène. Et qu’elle viendra ici. Et je suis encore moins certain qu’elle existe vraiment.

      L’HOMME. Elle existe !

      LE DOCTEUR. Alors, rentrez chez vous et attendez-la là-bas. (Il le pousse vers la sortie.)

      L’HOMME. (Opposant une résistance.) Docteur, je vous en supplie…

      LE DOCTEUR. Je ne peux vous aider en rien. Au revoir. Pas par là, cette porte n’est destinée qu’à l’entrée des patients. Par ici, s’il vous plaît.

      LE DOCTEUR accompagne L’HOMME vers la sortie de secours et reste seul près de la table où est posée la valériane. Son visage reflète une évidente perplexité.

      FIN DU PREMIER ACTE

      ACTE II

      LE DOCTEUR est dans son cabinet. Entre IRÈNE, dans une robe très élégante.

      IRÈNE. (Gaiement.) Bonjour, docteur ! Me revoilà !

      LE DOCTEUR. (Extrêmement froid.) Si je peux me permettre, qui êtes-vous ?

      IRÈNE. (Étonnée, mais non sans coquetterie.) Dieu, que se passe-t-il avec votre mémoire ? Trente petites minutes et vous m’avez oubliée ! Il a suffi que je change de robe pour que vous ne me reconnaissiez plus !

      LE DOCTEUR. Je vous reconnais parfaitement. Et c’est précisément pour cela que j’aimerais savoir, qui vous êtes. Montrez-moi vos papiers d’identité.

      IRÈNE. Pour quoi faire ? Je m’appelle Irène, vous le savez, voyons.

      LE DOCTEUR. Comment puis-je savoir que vous vous appelez vraiment Irène ? Du reste, quand bien même ce serait Irène, cela ne signifie rien. Vos papiers, s’il vous plaît.

      IRÈNE. Je ne les ai pas avec moi.

      LE DOCTEUR. Et moi, je vous redemande encore une fois : vos papiers !

      IRÈNE ouvre son sac, fouille, mais au lieu de la carte d’identité prend un mouchoir, sanglote et commence à essuyer ses larmes.

      LE DOCTEUR. (Inquiet.) Qu’avez-vous ?

      IRÈNE ne répond pas. LE DOCTEUR verse dans un verre de l’eau de la carafe et l’apporte à IRÈNE.

      IRÈNE. (Repoussant le verre.) Laissez-moi !

      LE DOCTEUR. Que se passe-t-il ? Vous m’en voulez ? Vous ai-je froissée ?

      IRÈNE. Selon vous ?

      LE DOCTEUR. Mais comment ?

      IRÈNE. (À travers des larmes.) Et vous osez demander comment ? Vous m’aviez fait très bonne impression, mieux encore, vous m’aviez plu. Il m’avait même semblé que vous aussi étiez, en quelque mesure, bien disposée à mon égard… Je suis venue vers vous le cœur à découvert, et comment suis-je reçue en fait ? Avec froideur, méfiance, soumise à un interrogatoire humiliant… (Elle sanglote.)

      LE DOCTEUR. Calmez-vous…

      IRÈNE. Laissez-moi partir.

      LE DOCTEUR. (La retenant.) Vous ne connaissez pas toutes les circonstances. Le fait est qu’en votre absence est venue… C’est sans importance.

      IRÈNE. Qui est venu ? Une autre femme ?

      LE DOCTEUR garde le silence, troublé.

      Et elle aussi a dit qu’elle était sa femme ?

      LE DOCTEUR. Oui.

      IRÈNE. Et alors ? Ne me dites pas que vous l’avez crue ? Arrivez-vous à tenir un compte des fous qui viennent vous voir ?

      LE DOCTEUR. Oui mais voilà, Michel l’a reconnue comme étant sa femme.

      IRÈNE. Vous ignorez qu’il n’a pas de mémoire ? Et puis, est-elle vraiment venue ?

      LE DOCTEUR. Oui, bien sûr.

      IRÈNE. (Elle s’approche de la porte et appelle Michel.) Chéri, viens.

      Entre MICHEL.

      Dis-moi, est-ce qu’une femme est venue ici en mon absence ?

      MICHEL. (Le plus tranquillement du monde.) Je n’ai vu personne.

      IRÈNE. A-t-elle dit qu’elle était ta femme ?

      MICHEL. Comment aurait-elle pu le dire, si elle n’est pas du tout venue ?

      IRÈNE. Et toi, tu as dit qu’elle était ta femme ?

      MICHEL Je n’ai que toi au monde, et tu le sais très bien. (Il l’embrasse.)

      IRÈNE. Merci, chéri. (Au docteur.) Eh bien, me croyez-vous maintenant ?

      LE DOCTEUR. Je ne sais pas quoi penser… d’ailleurs, il y a encore une circonstance… Outre la femme, un homme aussi est venu…

      IRÈNE. Et alors ?

      LE DOCTEUR. Il a affirmé qu’il… qu’il était votre mari.

      IRÈNE. Mon mari ? (Elle rit bruyamment.) Mon Dieu, quel dur métier que celui de psychiatre ! Qui ne voyez-vous pas défiler ! (Elle continue de rire.)

      LE DOCTEUR. Je ne vois pas ce qu’il y a de risible.

      IRÈNE. Mais le voici, mon mari, là, devant vous ! Il vous faut d’autres preuves ? Qu’à cela ne tienne. СКАЧАТЬ