Pièces choisies. Valentin Krasnogorov
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Название: Pièces choisies

Автор: Valentin Krasnogorov

Издательство: ЛитРес: Самиздат

Жанр: Драматургия

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      LE DOCTEUR. C’est vous-même qui l’avez dit.

      MICHEL. Quand ?

      LE DOCTEUR. À l’instant. Et avant, aussi.

      MICHEL. Comment ai-je pu vous le dire, si je vous vois pour la première fois ?

      LE DOCTEUR. Pour la première fois ? Moi ?

      MICHEL. Et de plus, je le cache à tout le monde. Je ne peux confier ce secret qu’à un médecin.

      LE DOCTEUR. Mais je suis médecin, bon sang !

      MICHEL. (Réjoui.) C’est vrai ? Enfin ! Alors, voilà, docteur, je souffre d’amnésie.

      LE DOCTEUR prend un carafon d’eau et se verse à boire, prend un comprimé et l’avale.

      (Compatissant.) Vous vous sentez mal ?

      LE DOCTEUR. (Portant sa main au cœur.) Oui.

      MICHEL. Vous êtes réellement médecin ?

      LE DOCTEUR. Bien entendu.

      MICHEL. Alors, pourquoi vous sentez-vous mal ? Seuls les malades se sentent mal, et les docteurs se sentent toujours bien.

      LE DOCTEUR. Ne respirez pas si près de moi. Que voulez-vous de moi ?

      MICHEL. Ce que je veux ? Rien. C’est vous-même qui êtes venu ici, je ne vous ai pas fait venir.

      LE DOCTEUR. Moi ? Venu ? Vous ne m’avez pas fait venir ?

      MICHEL. Mon cher, vous avez mauvaise mine. Qu’est-ce qui pourrait bien en être la cause ?

      LE DOCTEUR. (Ironique.) En effet, qu’est-ce qui pourrait bien en être la cause ?

      MICHEL. Il vous faut prendre davantage soin de votre santé. Mais n’en soyez pas contrarié. Je vous aiderai.

      LE DOCTEUR. Merci.

      MICHEL. Respirez plus profondément. Détendez-vous. Voilà, comme ça… Prenez ce comprimé. Vous allez mieux ?

      LE DOCTEUR. (Le comprimé avalé, morose.) Je vais mieux.

      MICHEL. (Prenant place dans le fauteuil du médecin.) Alors, vous pouvez y aller. D’autres patients m’attendent. Appelez le malade suivant.

      Confondu, LE DOCTEUR va vers la sortie, mais, se ressaisissant, s’arrête.

      LE DOCTEUR. (Avec une fureur contenue.) J’appelle ! J’appelle les ambulanciers et ils vous expédieront, vous savez où ?

      MICHEL. Où ?

      LE DOCTEUR. (Il hurle.) Silence ! C’est moi, moi qui suis médecin, et pas vous ! retenez cela, bon sang ! (Il a du mal à retrouver une contenance.) Excusez-moi, il est dans mes obligations de vous soigner, pas de crier après vous. Poursuivons notre conversation. (Il s’assoit à sa place.)

      Entre une Femme extrêmement piquante, bien habillée.

      LA FEMME. Bonjour.

      MICHEL. (Joyeux.) C’est toi ?

      LA FEMME. Comme tu vois, chéri.

      MICHEL. Ça tombe bien, que tu sois venue !

      MICHEL et LA FEMME s’enlacent et s’embrassent.

      LA FEMME. Arrange ta chemise et coiffe-toi. Comment vas-tu ?

      MICHEL. À merveille.

      LE DOCTEUR. Permettez, qui êtes-vous ?

      MICHEL. C’est ma femme.

      LA FEMME. (Tendant la main au docteur.) Je m’appelle, comme vous le savez déjà, Irène. Irène Grelot.

      LE DOCTEUR. Enchanté.

      IRÈNE. Lorsque vous m’avez téléphoné, j’étais tout proche. Aussi, ai-je décidé de passer ici.

      LE DOCTEUR. Et vous avez bien fait.

      IRÈNE. Je ne vous dérange pas ?

      LE DOCTEUR. Au contraire, vous pouvez nous aider beaucoup. J’ai accumulé grand nombre de questions, auxquelles j’aimerais apporter une réponse sensée.

      IRÈNE. (À Michel.) Mon cher, attends-moi un petit moment dans la salle d’attente, puis nous rentrerons ensemble à la maison. (Elle l’accompagne vers la sortie et revient.) Vous ne me proposez pas de m’asseoir ?

      LE DOCTEUR. (Ôtant son masque.) Oh ! excusez-moi ! Asseyez-vous. Pas là, c’est la chaise des patients. Sur le canapé, s’il vous plaît. Une tasse de café ?

      IRÈNE. Non, merci. Où en êtes-vous au niveau du traitement de mon mari ?

      LE DOCTEUR. Je ne vous cacherai pas que nous rencontrons des difficultés de taille.

      IRÈNE. Je suis sûr qu’un aussi brillant médecin que vous les surmontera.

      LE DOCTEUR. (Flatté.) D’où savez-vous que je suis un bon médecin ?

      IRÈNE. C’est une chose que tout le monde sait.

      LE DOCTEUR. (Flatté.) Oui bon, tout le monde…

      IRÈNE. Je vous assure. Vous avez une telle renommée, n’est-ce pas ? De plus, comment ne pas vous connaître, alors que vous suivez mon mari depuis un an et demi ?

      LE DOCTEUR. Moi ? Votre mari ? Un an et demi ? C’est impossible !

      IRÈNE. Excusez-moi, je me suis trompée. Pas un an et demi, mais deux.

      LE DOCTEUR. Vous plaisantez ! Je n’avais jamais vu votre mari auparavant !

      IRÈNE. Je comprends. Secret professionnel. Mais on ne va quand même pas le cacher à la femme du patient. Si vous saviez, comme j’en souffre !

      LE DOCTEUR. Je peux l’imaginer. Une aussi charmante femme que vous mérite un meilleur sort. Peut-être, accepterez-vous, tout de même, une tasse de café ?

      IRÈNE. Puisque vous insistez, je crois bien que je ne refuserai pas.

      LE DOCTEUR. (Servant à son hôte du café et un biscuit.) S’il vous plaît.

      IRÈNE. Je vous remercie. À présent, je comprends la raison de votre succès professionnel.

      LE DOCTEUR. (Modestement.) Elle est simple : du savoir et du travail.

      IRÈNE. Je ne l’explique pas tout à fait comme ça. Un médecin, avant toute chose, doit être un homme attirant. Cela agit plus efficacement que n’importe quel médicament.

      LE DOCTEUR. C’est ce que vous pensez ?

      IRÈNE. J’en suis sûre. Avec votre charme, vous pouvez obtenir des résultats étonnants. (Avec СКАЧАТЬ