Condamné à fuir. Блейк Пирс
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СКАЧАТЬ de fortune sur ses côtes, en grimaçant encore une fois.

      Elle se dirigea vers la seule chaise de la cuisine, s’appuya contre la demi-table entre le réfrigérateur et la cuisinière, et s’assit face au mur, tamponnant la serviette en papier qui dégageait une forte odeur contre ses éraflures. Enfin, elle laissa échapper un long soupir en se penchant en arrière.

      Elle regarda vaguement en direction de la porte. Deux verrous et une serrure à chaîne équipaient le cadre métallique, vestiges de précédents locataires.

      La chaise grinça lorsqu’elle ajusta sa position et appuya un coude contre la table, fixant la surface du bois lisse. Elle se déplaça à nouveau, ne serait-ce que pour entendre le craquement. L’appartement était tellement silencieux. Quand elle vivait avec Angus, la télévision était toujours allumée, ou on entendait le murmure d’un podcast venant de la chambre pendant qu’il codait. Pendant les deux semaines qu’elle avait passées avec Robert en France, elle s’était souvent retrouvée dans la même pièce que son ancien mentor, appréciant sa compagnie au coin du feu tandis qu’il lisait un livre ou écoutait des concertos à la radio.

      Mais maintenant, dans ce petit appartement étouffant de San Francisco… tout était à nouveau si calme.

      Adèle gigota encore, concentrée sur le grincement et les protestations de la chaise bas de gamme. Une phrase de son enfance, l’une des préférées de son père, lui traversa l’esprit. « Les choses simples satisfont les gens simples. » Comme pour manifester son désaccord, Adèle s’agita sur la chaise, écoutant une dernière fois le grincement du bois qui lui procurait un étrange réconfort, avant de serrer les dents, tout en appuyant la serviette imbibée d’alcool contre sa blessure, puis elle se releva et se dirigea en direction du couloir.

      – Maudit Renée, bredouilla-t-elle.

      Jason Hernandez n’aurait jamais filé si John avait été là. La France lui manquait. Après son entretien avec Interpol, elle avait passé du temps avec Robert. Un moment agréable qui lui avait fait du bien. Cela lui avait donné l’occasion d’enquêter sur le meurtrier de sa mère.

      Adèle poussa la porte de la salle de bain au bout du couloir et fit face au miroir. C’était une salle de bain exiguë. La cabine de douche suffisait, car Adèle n’avait pas pris de bain depuis près de six ans. Les douches étaient bien plus efficaces. Le sergent – son père – n’avait probablement jamais pris de bain, de toute sa vie.

      Elle soupira à nouveau en se déshabillant et entra dans la cabine de douche, ouvrant l’eau chaude, mais le jet était encore tiède. Un autre défaut du nouvel appartement. La pression de l’eau n’était pas non plus très bonne, mais elle devait s’en accommoder.

      Alors qu’Adèle restait sous la bruine tiède, elle ferma les yeux, laissant son esprit vagabonder, au-delà des événements de la journée, des deux derniers mois aux États-Unis.

      Les mots résonnèrent dans son esprit.

      « …Honnêtement, c’est drôle que vous ayez quitté Paris, vous vous en rendez compte ? Surtout vu où vous travailliez. »

      Elle soupira alors que l’eau trempait ses cheveux et commençait à couler le long de son nez et de ses joues par pulsations lentes et inégales, correspondant aux jets capricieux du pommeau de douche. Pourtant, elle garda les yeux fermés, tout en tournant et retournant ces mots dans sa tête. Ils faisaient écho – parfois même lorsqu’elle dormait – dans son esprit.

      C’est ce que le tueur lui avait dit.

      En France. Un homme qui lacérait ses victimes et les regardait saigner, impuissantes et abandonnées de tous. Elle et John avaient attrapé ce tueur en série, mais pas avant qu’il n’ait manqué tuer son père. Il avait aussi failli tuer Adèle.

      Le salaud vouait un culte au meurtrier de sa mère. Un autre assassin, parmi une kyrielle d’autres.

      Adèle se plaça directement sous l’eau tout en serrant les poings, jusqu’à ce que ses articulations appuyées contre le plastique blanc froid et lisse qui imitait la porcelaine pâlissent.

      John avait tué le tueur en série avant qu’il ne tue Adèle, ce qui l’avait laissée avec encore davantage de questions. Elle regrettait en partie qu’il n’ait pas survécu.

      Pourquoi était-ce drôle qu’elle ait quitté Paris ? Cette phrase la hantait maintenant. Elle continuait à la répéter dans son esprit. Honnêtement, c’est drôle que vous ayez quitté Paris… Surtout vu où vous travailliez. Presque comme s’il la taquinait. Il voulait certainement parler de l’assassin de sa mère.

      Paris. Elle en était presque certaine maintenant. L’assassin de sa mère avait vécu à Paris. Peut-être y vivait-il encore. Il aurait quoi, cinquante ans ? Adèle secoua la tête, envoyant des gouttelettes d’eau tout autour d’elle dans la douche et sur le sol glissant.

      Elle serra les dents tandis que le liquide plus tiède continuait à jaillir en jets irréguliers du plafond.

      Dans un élan de frustration, elle tourna le bouton au maximum, mais l’eau ne se réchauffa pas. Adèle battit des paupières, ses yeux piquaient à cause de l’eau et du savon qui lui coulaient le long des joues. Elle toisa avec colère le pommeau de douche, la flèche pointant vers le point culminant signalé d’une entaille rouge.

      – Très bien, murmura-t-elle.

      Elle attrapa la poignée et la tourna dans l’autre sens. Les petites habitudes se renforçaient avec le temps. L’eau froide commença à décrire un arc au-dessus de sa tête et lui donna la chair de poule. Les dents d’Adèle se mirent à claquer, et la douleur sur son côté s’atténua lorsque son corps s’engourdit parce que l’eau froide était devenue glaciale.

      Elle resta tout de même sous la douche.

      Le tueur l’avait narguée. Comme s’il savait quelque chose. Quelque chose qu’elle ignorait. Quelque chose que les autorités n’avaient pas découvert. Qu’est-ce que cela avait à voir avec son lieu de travail ? C’était la partie qui la dérangeait le plus. C’était presque comme si… Elle secoua à nouveau la tête, repoussant l’idée.

      Mais… et si c’était vrai ?

      Et si l’assassin de sa mère était d’une manière ou d’une autre lié à la DGSI ? Peut-être pas au sein de l’agence elle-même, mais dans le bâtiment. Il y avait peut-être une proximité. Sinon, qu’avait-il pu bien vouloir dire ?

      Surtout vu où vous travailliez…

      L’homme sur lequel John avait tiré savait quelque chose sur l’assassin de sa mère. Mais il avait emporté son secret dans sa tombe. Et le Jardinier, l’homme qu’il avait vénéré, l’homme qui avait tué sa mère, était toujours en liberté.

      L’eau froide continuait à couler le long de de ses épaules, et elle soufflait rapidement pour en supporter la température, mais refusait toujours de bouger.

      Elle serait plus réactive la prochaine fois. Ils lui avaient proposé de rejoindre une unité opérationnelle chez Interpol dans le cadre d’affaires bien spécifiques. Adèle avait hâte de retourner en Europe. Elle aimait la Californie, et elle aimait travailler pour le FBI, surtout avec son amie l’agent Grant comme superviseur. Mais son désir d’élucider le meurtre de sa mère exigeait un certain niveau de proximité.

      Finalement, СКАЧАТЬ