Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ s’approcha un peu plus près d’elle, en disant avec une vivacité un peu forcée : Si j’avais été sûr, parfaitement sûr qu’elle était hors de danger, peut-être ne serai-je pas entré, mais puisque je suis ici, puisque j’ai le bonheur de vous revoir, oh ! bonne Elinor, vous qui m’aimiez autrefois comme un frère, parlez-moi encore avec amitié ; peut-être sera-ce la dernière fois. Parlez-moi franchement, amicalement ; me croyez-vous un scélérat ? Et la rougeur la plus vive couvrit son visage.

      Elinor était toujours plus surprise ; elle commença vraiment à croire qu’il était hors de sens et dans l’ivresse. La singularité de cette visite, à une heure aussi tardive, et toute sa manière ne pouvait guère s’expliquer autrement. Dès que cette idée eut frappé son esprit, elle se leva et lui dit froidement : M. Willoughby, je vous conseille de retourner à Haute-Combe, que vous habitez sans doute ; je suis garde-malade, et je ne puis rester avec vous plus longtemps, quelque affaire que vous puissiez avoir à me communiquer ; vous vous la rappellerez sûrement mieux demain.

      — Je vous entends, dit-il avec un sourire expressif et une voix parfaitement calme : peut-être ai-je en effet perdu la raison, mais non pas comme vous le pensez. Depuis ce matin à huit heures que j’ai quitté Londres, je ne me suis arrêté que dix minutes au plus à Maulboroug pour faire manger mes chevaux qui n’en pouvaient plus ; j’ai pris moi-même un verre de porter et un morceau de bœuf froid : voilà tout ce que j’ai pris dans la journée. Et son regard et le son de sa voix convainquirent Elinor que, si quelque impardonnable folie l’avaient amené à Cleveland, ce n’était pas du moins celle de l’ivresse. Sûre alors qu’il pourrait l’entendre, elle lui dit avec dignité : Excusez-moi, M. Willoughby, cette fois-ci je vous ai fait tort ; je ne sais pas cependant si, après tout ce qui s’est passé, vous ne seriez pas plus excusable en attribuant votre arrivée ici à une cause étrangère, qu’à votre propre volonté. Certainement si vous aviez l’ombre de délicatesse, vous auriez senti ce que votre seule présence me fait souffrir, et dans quel moment ! Il m’est impossible de comprendre le but de cette visite. Que prétendez vous ? que demandez-vous ?

      — Je prétends, dit-il avec un sérieux énergique, me faire haïr de vous de quelques degrés de moins que vous ne me haïssez sûrement ; je demande qu’il me soit permis d’alléguer quelque espèce d’excuse pour le passé, de vous ouvrir entièrement mon cœur, de vous prouver que si j’ai la tête mauvaise, ce cœur mérite quelque indulgence, d’obtenir enfin quelque chose qui ressemble à un pardon, de Mar…, de votre sœur.

      — Est-ce là, monsieur, la vraie raison de cette visite ?

      — Sur mon âme ! dit-il en posant la main sur la poitrine, avec ce geste noble, cette physionomie franche, ouverte, ce regard animé et sensible, qui lui avaient gagné le cœur de toute la famille de la chaumière, et qui, en dépit d’elle-même, gagnèrent encore la confiance d’Elinor.

      — Si, c’est là tout, monsieur, lui dit-elle, vous pouvez être satisfait, car Maria vous a pardonné depuis long-temps.

      — Elle m’a pardonné ! s’écria-t-il avec une extrême vivacité ; elle ne devait pas me pardonner, non jamais, avant de savoir ce qui peut-être est une excuse. Mais actuellement je demande d’elle et de vous un pardon mieux motivé. À présent voulez-vous m’entendre ?

      Elinor fit sonner sa montre ; il n’était que huit heures et un quart ; il était impossible que sa mère et le colonel fussent là avant dix heures. Elle dit à Willoughby qu’elle les attendait ; qu’avant tout elle voulait aller revoir sa sœur, et que si elle la trouvait tranquille elle reviendrait au salon pour un quart d’heure.

      — Vous reviendrez, mademoiselle Dashwood, s’écria-t-il avec impétuosité, vous reviendrez ; ou, j’en fais le serment, j’irai vous chercher auprès du lit de Maria, et c’est à elle que je demanderai de m’entendre.

      — M. Willoughby ! dit Elinor d’un ton qui le fit rentrer en lui-même.

      — Pardon, dit-il en baissant les yeux, ne sais-je pas que mademoiselle Dashwood est incapable de tromper ? Je vous attendrai ici, je vous le promets ; mais aussi je n’en sortirai pas que je ne vous aie revue. Si vous ne revenez pas, j’attendrai votre mère, et c’est à elle que j’ouvrirai mon cœur ; elle m’écoutera, je le sais. Excellente femme ! combien elle m’aimait ! Des larmes remplirent ses yeux ; elles achevèrent de subjuguer Elinor. Je reviendrai bientôt, lui dit-elle en sortant.

      Elle courut auprès de sa sœur ; elle dormait tranquillement. Betty était assise à côté d’elle, et lui promit de la demander à l’instant où la malade se réveillerait. En repos alors sur elle, elle se pressa de rejoindre Willoughby pour hâter le moment de son départ. Il se promenait vivement et les bras croisés quand elle rentra. Comment est-elle ? dit-il à demi-voix.

      — Elle repose, et me voici prête à vous entendre ; mais d’un instant à l’autre je puis être appelée auprès d’elle, ou ma mère peut arriver ; je vous conjure encore d’être bref.

      — Bref ! et j’ai tant de choses à dire… Il s’arrêta.

      — Eh bien, commencez donc, dit Elinor impatientée.

      — Je ne sais, dit-il, quelle a été complètement votre opinion sur ma conduite avec votre sœur, et quel diabolique motif vous avez pu me supposer. Peut-être allez-vous me juger plus mal encore ; mais enfin vous devez tout entendre, et je veux être vrai. Quand je m’introduisis chez vous, et j’en cherchais l’occasion qui se présenta d’elle-même, je n’avais d’autre vue et d’autre intention que de passer mon temps en Devonshire d’une manière plus agréable que dans mes précédentes visites à ma vieille tante. L’aimable extérieur de votre sœur, la séduction de son esprit, ses talens enchanteurs attirèrent sans doute mon admiration particulière ; et dès les premiers jours sa conduite avec moi, si tendre, si confiante… Non, je ne conçois pas à présent comment mon cœur y fut insensible ; mais il faut que je le confesse, ma vanité seule était flattée d’une conquête si brillante, si fort au-dessus, à tous égards, de celles dont je m’étais occupé jusqu’alors. Ne songeant point à son bonheur, ne pensant qu’à mon triomphe et à mes plaisirs du moment, animé par son entretien plein de feu, je lui parlai le langage dont j’avais l’habitude avec les femmes ; je témoignai des sentimens que je n’éprouvai pas ; je tâchai par tous les moyens possibles de me faire aimer sans avoir le dessein de lui rendre son affection.

      Elinor, indignée, lui jeta un regard plein de mépris, et l’interrompit en lui disant : Il est inutile, M. Willoughby, que vous parliez plus long-temps et que je vous écoute. Un tel commencement dit tout ; il ne peut être suivi de rien que je veuille entendre ; je vous prie de me dispenser d’un plus long entretien.

      — J’insiste sur ce que vous entendiez tout, répliqua-t-il ; vous savez mon tort, écoutez ma punition. Ma fortune était réduite à moins que rien ; elle n’avait jamais été considérable. J’ai toujours été très-dépensier, et j’étais lié avec des gens riches que je voulais égaler. Chaque année avait ajouté à mes dettes, et je n’avais d’autre espoir de m’acquitter, que la mort de ma vieille cousine, dont le moment était très-incertain, ou bien un mariage avec une femme riche. Dans cette intention, et poussé par les conseils de quelques amis, j’avais déjà fait ma cour dans ce but, l’hiver précédent, à Mlle Grey, qui devait posséder 50 000 livres sterling le jour de ses noces, et m’avait assez bien reçu pour me laisser croire que je pouvais me présenter avec succès. Je ne pouvais donc dans de telles circonstances penser à associer à mon sort une jeune personne sans fortune ; mais avec un égoïsme, une cruauté, qui ne peut jamais m’être trop reprochée, je me conduisais de manière à engager ses affections, sans avoir seulement la pensée de pouvoir jamais l’épouser. Oui, mademoiselle, СКАЧАТЬ