Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ une passion qui s’augmentait à chaque instant et qui fut bientôt mise à de cruelles épreuves.

      Loin que la santé de Maria se trouvât bien de l’air de la campagne, elle s’altérait toujours davantage, ce qui l’affligeait elle-même. Dès que la pluie eut cessé, elle recommença ses promenades sans s’embarrasser de l’humidité : le sentier sablé est tout-à-fait sec, disait-elle à sa sœur à qui elle échappait sans cesse ; mais elle ne restait pas sur ce sentier. Elle s’enfonçait dans le bois ; elle allait même plus loin chercher des sites plus romantiques, plus sauvages, des arbres plus vieux, plus épais ; elle s’asseyait aux pieds sur la mousse humide, rentrait à la maison, glacée, mouillée, sans penser même à changer de chaussure. Il lui prit enfin une toux opiniâtre et un grand mal de gorge. Elle aurait caché et nié tout autre mal pour conserver sa liberté ; mais celui-là était trop évident pour ne pas inquiéter tout le monde, et surtout sa sœur et le colonel, qui lui demandèrent de se soigner mieux au nom de l’amitié. Elle leur répondit, en souriant, que son mal était léger, et qu’une nuit de repos la guérirait complètement. On lui prescrivit mille choses ; elle ne voulut prendre qu’un peu de thé en se couchant, et protesta à Elinor que le lendemain elle serait à merveille.

      CHAPITRE XLIV.

       Table des matières

      Après une nuit très-agitée, Maria se leva et descendit comme à l’ordinaire pour déjeuner. Une fièvre assez violente animait ses yeux et son teint d’une manière à tromper : aussi la crut-on parfaitement, lorsqu’elle assura qu’elle était beaucoup mieux. Elinor même, qui s’inquiétait facilement sur elle, fut rassurée. Elle ne mangea point cependant, mais but beaucoup de thé, et sortit pour sa promenade accoutumée, pendant qu’Elinor jouait au whist avec madame Jennings et les deux hommes, et que Charlotte était auprès de son enfant. Souffrante et abattue, Maria marchait lentement en lisant un livre de poésie qui l’intéressait ; c’étaient les Saisons de Thompson. Souvent elle arrêtait sa lecture pour regarder autour d’elle et admirer la réalité des descriptions qu’elle venait de lire. Elle arriva ainsi au petit temple, et avant d’y monter elle jette un coup d’œil sur la contrée. Dieu ! qu’a-t-elle vu ? Sur la route qui se dessine dans le paysage, et qui passe au bas de la plaine, à peu de distance de la colline, un caricle roulait avec rapidité ; c’était… celui de Willoughby, où elle avait été si heureuse à côté lui ! Il le conduisait encore, mais ce n’était plus avec elle. Une autre femme, sans doute la sienne, dans le plus élégant costume de voyage, était à côté de lui. Ils passent sans l’avoir aperçue. Hélas ! la pauvre Maria ne les voyait plus ; faible et malade comme elle l’était dans ce moment, il lui fut impossible de supporter cette vue. Elle sent qu’elle est près de mourir ; une sueur froide la couvre ; son cœur, qui battait avec violence, semble s’arrêter ; un nuage obscurcit ses yeux ; elle tombe étendue et sans aucune connaissance à côté de la première marche du temple.

      Cependant les trois robers de whist finissent. Madame Jennings, qui les a perdus, demande sa revanche. Elinor, complaisante à l’ordinaire, la prie de l’en dispenser pour le moment ; elle craint que la promenade de sa sœur ne se prolonge trop pour sa santé ; elle veut aller la chercher, la ramener, et prend le bras du colonel qui partageait son inquiétude. Ils suivirent lentement le sentier sablé, point de Maria. Elinor élève la voix et l’appelle, point de réponse. Le petit temple ouvert était en face ; elle n’y était pas. Aurait-elle eu l’imprudence d’entrer dans le bois ? dit Elinor ; mais elle nous entendrait. Elle s’arrête et l’appelle encore. Un cri perçant du colonel lui répond ; il vient d’apercevoir celle qu’il cherchait, étendue sur l’herbe et comme privée de vie. Sa robe blanche se confondait avec l’escalier de marbre, ce qui les avait empêchés de l’apercevoir d’abord. Mais le colonel voulut monter pour chercher au loin s’il la verrait, et il la découvre à ses pieds. Qu’on juge de son émotion et de celle d’Elinor, qui vient à son cri. Elle a besoin de rassembler toutes ses forces pour ne pas être dans le même état que sa sœur. Ils la relèvent à demi ; Elinor s’assied sur la marche pour la soutenir ; mais tous leurs efforts pour la ranimer sont inutiles. Les larmes d’Elinor coulent sur ses joues glacées ; elle ne les sent pas. Le colonel cherche si le pouls bat encore ; il croit l’avoir senti faiblement, du moins il le dit et cherche à se le persuader à lui-même. Il faut l’ôter d’ici, dit-il à Elinor, je vais l’emporter ; et la prenant dans ses bras, il veut reprendre le sentier, chargé de ce précieux fardeau. Mais Elinor voit que lui-même est tremblant et presque aussi pâle que Maria ; elle a d’ailleurs la crainte de ce qu’éprouverait sa sœur si, revenant à elle même pendant le trajet, elle se voyait portée dans les bras du colonel, comme elle le fut une fois dans ceux de Willoughby lors de sa malheureuse chute. Elle en frémit, et alléguant sa propre faiblesse qui l’empêche aussi de marcher, elle conjure le colonel de remettre la pauvre Maria couchée à demi sur ses genoux, et d’aller chercher des secours. Il y consent avec peine, et dans moins de temps qu’il n’était possible de l’imaginer, il est revenu avec des domestiques et un grand fauteuil. Maria y est placée ; Elinor et le colonel marchent à côté d’elle, soutiennent sa tête penchée ; et le triste cortège revient ainsi à la maison, où l’alarme fut grande, ainsi qu’on peut le penser. Mais personne n’en soupçonna la cause : on l’attribua en entier au mal de la veille et au saisissement occasionné par l’air du matin en sortant de déjeuner.

      Le mouvement commençait à la ranimer au moment où l’on arriva. Ses yeux s’entr’ouvrirent ; elle regarda languissamment autour d’elle, tendit la main à Elinor, et, se penchant sur elle, fondit en larmes : c’était toujours par des pleurs que se terminaient ses attaques de nerfs. Elinor fut bien aise de les voir couler en abondance. On la porte dans sa chambre, on la met au lit, et sa sœur espère que la chaleur et un doux sommeil la remettront peu à peu. Elle s’endormit en effet, mais non pas tranquillement ; elle était agitée et commença à délirer ; elle nommait souvent Willoughby. Elinor n’en était pas surprise ; elle savait combien sa sœur en était occupée, et ne se doutait guère qu’elle venait de le voir. Maria se réveilla et voulut raconter ce qui lui était arrivé ; mais ses idées étaient incohérentes ; elle ne pouvait s’exprimer librement, et le peu de mots qu’elle prononça étaient si singuliers, qu’Elinor les attribua entièrement à la rêverie. Elle tâcha de calmer la malade, mais ce fut en vain ; la fièvre augmentait, sa tête s’embarrassait toujours de plus en plus, sa respiration devenait courte, oppressée. Elinor alarmée fit demander madame Jennings, qui ne la rassura pas, mais elle lui dit qu’elle allait envoyer un exprès dans une petite ville voisine pour chercher M. Harris, apothicaire, et dans l’occasion médecin assez heureux.

      Il vint, examina la malade, secoua la tête, et après, avoir dit à mademoiselle Dashwood qu’à force de soins il espérait la tirer de danger, il déclara, d’après tous les symptômes, qu’elle avait une fièvre maligne, putride et très-contagieuse. À peine cet arrêt eut-il été prononcé, que madame Palmer, qui était présente, sortit en faisant un signe à sa mère qui la suivit, et à qui elle dit que, d’après la décision du médecin, elle ne laisserait pas un moment son enfant et la nourrice exposés à la contagion, et qu’elle allait l’emmener. La bonne grand’mère fut du même avis, et dit qu’elle avait d’abord jugé la maladie de Maria plus sérieuse qu’Elinor ne voulait le croire ; qu’elle la couvait depuis long-temps ; qu’il était inoui qu’elle n’eût pas succombé plus tôt à son chagrin ; mais que c’était cela qui à présent conduisait bien sûrement cette pauvre fille au tombeau, et que la première chose à faire était que Charlotte partît avec son enfant. M. Palmer fut demandé ; il affecta d’abord de tourner en ridicule les craintes de ces dames, mais dans le fond il en était tellement saisi lui-même, qu’il alla aider au cocher pour qu’il eût plus tôt attelé, défendit qu’on sortît l’enfant de la chambre avant le moment de partir, et le porta lui-même en courant, de peur qu’il ne respirât le mauvais air en passant devant la chambre СКАЧАТЬ