Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ Elle l’ouvrit, la lut, fit la réponse, m’obligea de la copier, de lui livrer ce que j’avais de Maria ; et j’obéis dans une espèce de désespoir qui me faisait trouver une sorte de plaisir à me ruiner tout-à-fait dans l’opinion de cet ange, que rien n’avait pu détacher de moi, et qui allait enfin me repousser entièrement de son cœur et de sa pensée. Mon sort était décidé ; tout le reste me parut indifférent. Je fus bien aise qu’on m’eût dicté ce que je n’aurais jamais pu dire de moi-même, et d’avoir une raison de plus de mépriser, de haïr, celle…

      — Arrêtez, M. Willoughby, dit Elinor, c’en est assez ; je n’entendrai pas un mot de plus contre une femme qui est la vôtre, que vous avez choisie volontairement, à qui vous devez votre bien-être, votre fortune, et qui au moins a droit, en échange ; à vos égards, à votre respect. Sans doute elle vous est attachée, puisqu’elle vous a épousé ; parler d’elle avec cette légèreté, vous rend très-blâmable et ne vous justifie de rien avec Maria.

      — Ne me parlez pas de madame Willoughby, reprit-il avec un profond soupir ; elle ne mérite pas votre compassion. Elle savait fort bien que je ne l’aimais pas ; si elle a voulu m’épouser, c’est qu’elle savait aussi que mes folies de jeunesse m’avaient mis dans l’affreuse dépendance de mes créanciers, et qu’elle voulait un mari qui fût dans la sienne, et qui cependant, à quelques égards, pût flatter sa vanité : elle a cru trouver cela réuni chez moi, et me fait payer bien cher son maudit argent. À présent, me plaignez-vous, mademoiselle Dashwood ? Suis-je d’un degré moins coupable à vos yeux que je ne l’étais avant cette explication ? Voilà ce que je vous conjure de me dire. — Oui, monsieur, je l’avoue ; vous avez certainement un peu changé mon opinion sur vous, et je vous trouve moins coupable que je ne le croyais, quoique vous le soyez beaucoup encore, mais plus par la tête que par le cœur ; le vôtre n’est pas méchant, et vous vous êtes rendu trop malheureux vous-même pour qu’on puisse vous haïr.

      — Voulez-vous donc, me promettre de répéter ce que vous venez de me dire à votre sœur, quand elle pourra vous entendre ? Rétablissez-moi dans son opinion comme je le suis dans la vôtre. Vous dites qu’elle m’a déjà pardonné ; laissez-moi me flatter qu’une meilleure connaissance de mon cœur, de mes sentimens actuels, me vaudra de sa part un pardon plus entier et mieux mérité. Dites-lui ma misère et ma pénitence ; dites-lui que jamais je n’ai été inconstant pour elle ; et si vous le voulez, dites-lui que, dans ce moment même, elle m’est plus chère que jamais.

      — Je lui dirai, monsieur, tout ce qui sera nécessaire pour calmer son cœur et vous justifier sur quelques points. Puisse cette assurance adoucir vos peines ! D’ailleurs je crois que cela dépend aussi de vous. Adieu, monsieur, la soirée s’avance, et cet entretien s’est trop prolongé. Un mot encore cependant avant de nous séparer : comment avez-vous appris la maladie de ma sœur ?

      — De sir Georges Middleton, que je rencontrai par hasard hier au soir dans le passage de Drury-lane. C’est la première fois que je le voyais depuis deux mois ; je mettais du soin à éviter tout ce qui pouvait me rappeler le nom de Dashwood ; et lui, plein de ressentiment contre moi depuis mon mariage, ne me cherchait pas non plus. Cette fois il ne put résister à la tentation de m’aborder, pour me dire ce qu’il croyait devoir me faire beaucoup de peine. Sa première parole fut de m’apprendre brusquement que Maria Dashwood était mourante à Cleveland, d’une fièvre nerveuse et putride ; qu’une lettre de madame Jennings, reçue ce même matin, disait le danger imminent ; que les Palmer avaient fui la contagion. Grand Dieu ! quelle accablante nouvelle ! J’ignorais même votre séjour à Cleveland, et je vous croyais à la Chaumière auprès de votre mère. Madame Willoughby eut le caprice, il y a dix jours, je crois, d’aller à Haute-Combe voir le printemps et les arbres en fleurs ; il fallut l’emmener à l’instant. À peine y fut elle, que sans regarder une feuille elle se rappela que le lendemain était le jour d’assemblée de lady Sauderson ; et vite il fallut retourner à Londres. Qui m’aurait dit, grand Dieu ! que je passais si près de Maria ; de celle dont j’étais tellement occupé que mon imagination croyait la voir partout ? En passant dans le chemin sous le temple, je crus voir de loin sa grâcieuse figure appuyée contre une des colonnes ; mais cette illusion s’évanouit bientôt, elle disparut comme l’éclair ; et ce n’était pas elle, puisque déjà elle était bien malade. Elinor, très-étonnée, se fit dire le jour, l’heure, et tout fut expliqué, et l’évanouissement trop réel de Maria, et ses larmes, et ses propos incohérens ; mais elle se garda bien de donner à Willoughby cette preuve de plus de la faiblesse de sa sœur.

      — Ce que je ressentis ne peut s’exprimer, continua-t-il avec feu. Maria mourante, et peut-être des peines déchirantes que je lui avais causées, me haïssant, me méprisant dans ses derniers momens ; maudit par sa mère, par ses sœurs : ah ! ma situation était horrible ! Je ne pus la supporter ; je me décidai à partir, et à cinq heures du matin, j’étais dans mon carrosse. À présent vous savez tout. Il prit son chapeau, et s’approchant d’elle : Ne voulez vous pas, dit-il, me donner votre main ; mademoiselle Dashwood, en signe de paix et de non malveillance ? Elle ne put y résister, et posa sa main sur la sienne ; il la pressa avec affection. – Allez-vous à Londres ? lui dit-elle. – Non, répondit-il, à Haute-Combe pour quelques jours, et il retomba dans une sombre rêverie, et s’appuya, contre la cheminée, semblant oublier qu’il devait partir. – Vous ne me haïssez plus, n’est-ce pas ? dit-il enfin ; vous ne me méprisez plus ?… – Je vous plains du fond de mon cœur, M. Willoughby, et je vous pardonne ; je m’intéresse à votre bonheur, et je voudrais apprendre que…

      — Mon bonheur ! interrompit-il, il ne peut plus y en avoir pour moi dans ce monde ! Je traînerai ma vie comme je le pourrai ; la paix domestique est impossible avec ma femme. Si cependant je puis espérer que vous et les vôtres prendrez quelque intérêt à mes actions, ce sera du moins un motif d’être sur mes gardes…… Maria est à jamais perdue pour moi, n’est-ce pas ? même quand quelques heureuses chances de liberté……

      Elinor lui lança un regard plein de reproches. – Je me tais, dit-il, et je pars moins malheureux que lorsque je suis arrivé ; elle vivra du moins ! Mais un affreux événement m’attend encore.

      — Quel événement ? que voulez-vous dire ?

      — Le mariage de votre sœur.

      — Vous êtes dans l’erreur ; elle ne peut pas être plus perdue pour vous qu’elle ne l’est actuellement.

      — Mais un autre la possédera, et je ne puis supporter cette pensée. Adieu, adieu, je ne veux pas vous arrêter plus long-temps, et diminuer peut-être l’intérêt que j’ai réveillé. Au nom du ciel ! conservez-le moi ! Adieu, adieu, puissiez-vous être heureuses !… Il quitta rapidement la chambre, et l’instant d’après Elinor entendit le roulement de son carrosse.

      CHAPITRE XLVII.

       Table des matières

      Elinor resta encore quelques momens au salon après que Willoughby l’eut quittée, oppressée par une foule d’idées différentes les unes des autres, qui se succédaient rapidement, mais dont le résultat général était une profonde tristesse. Ce Willoughby qu’elle regardait, il n’y avait pas une heure, comme le plus indigne des hommes, qu’elle abhorrait, qu’elle méprisait, excitait en elle, en dépit de tous ses torts, un degré de commisération, d’intérêt même pour ses souffrances, qui allait dans ces premiers momens jusqu’à lui faire éprouver une espèce de tendre regret de ce qu’il était actuellement séparé pour toujours de leur famille, et que sans doute elle ne le reverrait plus. Surprise elle-même de l’influence qu’il exerçait sur son esprit, elle voulut l’analyser, et trouva que c’était un sentiment tout-à-fait СКАЧАТЬ