Название: Actrice
Автор: Keith Dixon
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Современная зарубежная литература
isbn: 9788873042112
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Les informations retournèrent au studio et Mai éteint la télévision. Elle ressentit des crampes étranges à l’estomac. Elle savait que ce n’était pas les lasagnes de la vieille, mais une envie irrésistible du rôle de Deannah.
Elle se leva et alla dans la salle de bain pour se faire couler un bain. Elle ajouta quelques gouttes de ylang-ylang destinées à apaiser, puis se déshabilla et se glissa dans les eaux tourbillonnantes, l’odeur douce-amère s’élevant autour d’elle.
Elle connaissait Deannah : la conviction qu’elle n’était pas celle que tout le monde pensait qu’elle était ; le sentiment d’être une princesse que personne ne comprenait ; la capacité de passer facilement d’un monde réel à un monde fantastique… tous ces traits étaient ceux qu’elle avait reconnus et compris. Elle n’aura aucun problème à jouer ce rôle. Si son rôle de Steffi dans Amberside Terrace était un réalisme morose, celui de Deannah crépitait avec son moi enterré – la fille drôle, intelligente, vivace que très peu de gens jusqu’alors n’avaient pas eu l’occasion de voir.
Mon Dieu, comme elle voulait ce rôle !
Elle se séchait les cheveux lorsque Billie revint avec les chiens. Ils envahirent la pièce, se pourchassant puis entrant en courant dans la chambre d’amis, où se trouvaient leurs jouets. Billie alla dans la cuisine et leur prépara à manger. Les chiens déboulèrent en courant dès qu’ils entendirent leurs bols se poser sur le sol en carrelage. Quelques instants plus tard, Billie sortit avec une tasse de café en hochant la tête vers la cuisine.
- Tu n’as pas à cuisiner quand tu rentres. Je pourrais te préparer quelque chose. J’ai des compétences.
- Est-ce que tu me dis que mon expertise en micro-ondes n’est pas assez bonne ? Tu dois savoir que j’ai fait ces lasagnes avec mes propres ongles cassés.
Billie s’était assise au bout du canapé et regardait Mai s’essuyer vigoureusement les cheveux. Elle semblait toujours s’intéresser à la toilette de Mai, comme si elle apprenait des secrets professionnels. Pour sa personne, elle avait l’air de faire le minimum – jeans, un genre de haut dénudé et des grosses bottes étaient l’alpha et l’oméga de sa garde-robe. Elle se lavait et séchait les cheveux en dix secondes et les laissait retrouver leur propre style.
Mai avait déterré son exemplaire de Deannah’s Quest. Il était posé sur le canapé à côté de Billie, ouvert au beau milieu.
Billie ramassa le livre, regarda le texte de présentation au dos et dit :
- Tu en as entendu parler, alors ? Je me demandais si tu serais intéressée.
Mai ne se sentait pas disposée à avoir un ton trop engagée.
- Ça pourrait être intéressant. J’ai lu le livre.
- Tu serais cinglée de ne pas le faire. Il est fait pour toi.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Tu as l’âge idéal. Tu corresponds à la description. Tu as de grandes chances par rapport toutes les autres, tu ne crois pas ?
- Je n’y ai pas réfléchi.
Billie souleva les sourcils :
- Ma mère avait l’habitude de me dire ‘Tu n’as qu’une seule chance pour une bonne carrière. Après ça, tu pourrais aussi bien réorganiser les mots ‘chance et pot’ dans une seule phrase. De toute évidence, je suis toujours en train de le faire, mais toi, tu es déjà en haut. Tu n’aimerais pas que je te parle encore de Dennis, n’est-ce pas ?
Son ex-petit ami avait refusé de se vendre sur le marché comme le nouveau James Morrison et finalement Billie l’y avait poussé. Le choix de carrière était une chose à laquelle elle avait récemment commencé à se reconsidérer comme étant experte.
- Je dois parler à Eric, dit Mai.
- Ma chérie, il est ton agent. Il fera ce que tu lui demandes de faire. C’est comme ça que ça marche, non ?
Mai ne dit rien et alla dans sa chambre. Elle enfila un jean et un chemisier ample, se brossa les cheveux en arrière et s’appliqua un maquillage léger qu’elle portait lorsqu’elle ne travaillait pas.
Billie était toujours sur le canapé à caresser la tête de l’un des chiens. Mai ne savait pas lequel. Il avait la tête posée sur la cuisse de Billie, la regardant d’une façon bizarrement adorable.
- De tout manière, je ne suis pas sûre de vouloir participer à une compétition, dit Mai. Ce sera comme une téléréalité, sans la classe.
- Qu’est-ce qui t’inquiète ?
- Qui te dit que je suis inquiète ?
- Je sais que tu le veux, mais tu ne montres aucun enthousiasme.
Mai récupéra son manteau léger de sa garde-robe et trouva son sac Hermès.
- Pour être parfaitement honnête, je ne sais pas si j’aurai le temps. Je serai coincée aux répétitions pour les quatre prochaines semaines et puis Tornado va sortir – il y aura les premières et tout ce qui s’en suit.
Tornado était un film qu’elle avait fini de filmer il y a près d’un an, tout en jouant dans Amberside Terrace, et elle a dû attendre aussi longtemps pour que le CGI et la bande sonore soient terminées. La première de la pièce y avait été habilement liée pour coïncider avec la première du film – les producteurs espérant se faire de l’argent sur la rumeur que le film générerait.
Billie haussa les épaules, mais Mai ne savait pas si c’était de la déception : elle regardait par la fenêtre les toits sombres de Greenwich comme s’ils s’étaient animés d’intérêt.
- Dis ce que tu penses, Billie. Ne me ménage pas comme si j’allais mordre.
- Je pense que tu le regretteras plus tard si le film est un succès. Ils disent qu’il y a déjà un directeur tape-à-l’œil qui a signé.
- Ça ne veut rien dire. Les producteurs pourraient dire que Spielberg et Lucas ont manifesté leur intérêt, sans que pour autant ils ne se retrouvent assis derrière la caméra au moment du tournage.
Billie détourna à nouveau son regard, sa passion pour la critique, même indirecte, s’avérant être trop nuisible. Elle n’avait aucune implication réelle dans le monde du spectacle et n’aimait pas lorsque Mai – ou quelqu’un d’autre – lui faisait comprendre СКАЧАТЬ