Œuvres complètes de lord Byron, Tome 8. George Gordon Byron
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СКАЧАТЬ Spectacle déchirant que celui de sa femme franchissant tous les obstacles, pénétrant dans la salle du tribunal, et forçant les juges, accoutumés à de pareilles scènes, à baisser les yeux devant elle! Mais n'y pensons plus, oublions cette compassion; en plaignant le sort de nos ennemis, j'oublierais leurs premières injures, et je déconcerterais les plans de Lorédano, auquel je suis associé. Mais ma haine serait apaisée par une vengeance plus douce que celle qu'il demande, et je voudrais changer en dispositions plus humaines sa haine trop profonde. Foscari, pour le moment, obtient un court répit d'une heure: on l'accorda aux instances des membres les plus âgés, plus émus sans doute par l'apparition de sa femme dans la salle, que par les tourmens de l'accusé. – O ciel! ils approchent: comme ils sont faibles et désespérés! je ne puis, dans cette extrémité, arrêter sur eux ma vue. Éloignons-nous, et allons essayer de ramener Lorédano à des sentimens plus doux.

(Sort Barbarigo.)

      FIN DU PREMIER ACTE.

      ACTE II

SCÈNE PREMIÈRE(Salle dans le palais du Doge.)LE DOGE, un SÉNATEURSÉNATEUR

      Vous plaît-il de signer le rapport maintenant ou de tarder jusqu'à demain?

LE DOGE

      Maintenant; hier je l'ai examiné: il n'y manque plus que la signature. Donnez-moi la plume. – (Le Doge s'asseoit et signe le papier.) Le voici, seigneur.

SÉNATEUR, regardant sur le papier

      Vous avez oublié; il n'est pas signé.

LE DOGE

      Pas signé? Ah! je le vois, l'âge commence à affaiblir mes yeux. Je ne m'apercevais pas que j'avais trempé la plume sans la mouiller.

SÉNATEUR. Il trempe la plume dans l'encrier, et place le papier devant le Doge

      Monseigneur, c'est votre main aussi qui tremble: permettez-moi donc-

LE DOGE

      Je vous remercie; j'ai fait.

SÉNATEUR

      Ainsi confirmé par vous et par les Dix, cet acte va donner la paix à Venise.

LE DOGE

      Il y a bien long-tems qu'elle n'en a joui; puisse un tems aussi long s'écouler avant qu'elle ne reprenne les armes!

SÉNATEUR

      Voilà plus de trente-trois ans de guerres continuelles avec les Turcs ou les états de l'Italie; la république sent le besoin de quelque repos.

LE DOGE

      Sans doute: je trouvai Venise reine de l'Océan, je l'ai laissée dame de la Lombardie. Je me sens heureux d'avoir pu ajouter à son diadême les perles de Ravennes et de Brescia: d'ailleurs Crême et Bergame lui sont demeurés; et tandis que sa domination a pris sous mon règne un tel accroissement, son orgueil maritime ne recevait aucun affront.

SÉNATEUR

      Nous l'avouons tous, et ces bienfaits vous concilient la reconnaissance de la patrie.

LE DOGE

      Peut-être.

SÉNATEUR

      Elle devrait complètement se manifester.

LE DOGE

      Je ne me plains pas, monsieur.

SÉNATEUR

      Mon noble seigneur, pardonnez-moi.

LE DOGE

      Pourquoi?

SÉNATEUR

      Ah! mon cœur saigne pour vous.

LE DOGE

      Pour moi, seigneur?

SÉNATEUR

      Et pour votre-

LE DOGE

      Arrêtez!

SÉNATEUR

      Monseigneur, vous m'entendrez: j'ai trop de liens qui m'attachent à vous, à toute votre famille, qui me font un devoir de la reconnaissance, pour ne pas partager profondément le sort de votre fils.

LE DOGE

      Et qu'importe pour la commission dont vous êtes chargé?

SÉNATEUR

      Comment, monseigneur?

LE DOGE

      Vous ignorez ce dont vous parlez; mais le rapport est signé: reportez-le à ceux qui vous envoient.

SÉNATEUR

      J'obéis. Le conseil m'avait encore chargé de vous prier de fixer l'heure de sa réunion.

LE DOGE

      Dites quand ils voudront; – maintenant, à l'instant même si cela leur convient: je suis le serviteur de l'état.

SÉNATEUR

      Ils vous accorderont quelque tems pour vous reposer.

LE DOGE

      Je ne veux pas de repos; du moins aucun repos qui puisse entraîner la perte d'une heure pour le gouvernement. Qu'ils se réunissent quand ils voudront; je me trouverai je dois être, et ce que j'ai toujours été.

(Le sénateur sort. – Le Doge reste silencieux. – Entre un domestique.)LE DOMESTIQUE

      Prince.

LE DOGE

      Parlez.

LE DOMESTIQUE

      La noble dame Foscari demande une audience.

LE DOGE

      Introduisez-la. Pauvre Marina!

(Le domestique sort. – Le Doge reste dans le même silence. – Entre Marina.)MARINA

      Mon père, je viens vous poursuivre dans votre intérieur.

LE DOGE

      Ma fille, je n'en ai pas pour vous. Disposez de mon tems, quand l'état ne l'exige pas.

MARINA

      Je voulais vous parler de lui.

LE DOGE

      De votre époux?

MARINA

      De votre fils.

LE DOGE

      Je vous écoute, ma fille!

MARINA

      J'avais obtenu des Dix la permission de rester près de mon mari pendant un certain nombre d'heures.

LE DOGE

      Cette permission, vous l'avez encore.

MARINA

      Elle est révoquée.

LE DOGE

      Par qui?

MARINA

      Par les Dix. – Quand nous arrivâmes au Pont des Soupirs, je me préparais à le traverser avec mon cher Foscari, lorsque le brutal gardien de ce passage m'en ferma l'entrée: puis un messager fut envoyé vers les Dix; leur séance était levée: et comme je n'avais aucune permission écrite, je fus impitoyablement laissée dehors; on m'assura même que les murailles de la prison ne cesseraient pas de nous séparer tant que le suprême tribunal ne serait pas de nouveau réuni.

LE DOGE

      En effet, l'on avait oublié les formes prescrites, par suite de la hâte avec laquelle la cour s'est ajournée, et le fait reste douteux jusqu'à nouvelle réunion.

MARINA

      Nouvelle réunion! Quand elle aura lieu, ils rappelleront leurs supplices; et c'est par le renouvellement de la torture que nous obtiendrons une entrevue de mari et d'épouse, lien sacré, auquel tous les autres devraient céder sous le ciel. – Grand Dieu! et tu vois cela!

LE DOGE

      Ma СКАЧАТЬ