Œuvres complètes de lord Byron, Tome 8. George Gordon Byron
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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      Je ne le repousse pas; mais j'ai d'autres devoirs que ceux d'un père, des devoirs dont la république n'admet pas de dispense. Deux fois j'ai demandé de m'en abstenir, deux fois je n'obtins que des refus; il faut que je les remplisse.

(Entre un domestique.)LE DOMESTIQUE

      Un message des Dix.

LE DOGE

      Qui le porte?

LE DOMESTIQUE

      Le noble Lorédano.

LE DOGE

      Lui! – qu'il entre cependant.

(Le domestique sort.)MARINA

      Dois-je me retirer?

LE DOGE

      Peut-être n'est-il pas nécessaire quand il s'agirait de votre époux, et autrement-(A Lorédano qui entre.) Eh bien! seigneur, que souhaitez-vous?

LORÉDANO

      Je viens transmettre ce que souhaitent les Dix.

LE DOGE

      Ils ont bien choisi leur organe.

LORÉDANO

      C'est leur choix qui fait que vous me voyez ici.

LE DOGE

      Par là, ils témoignent leur sagesse, non moins que leur courtoisie. – Parlez.

LORÉDANO

      Nous avons décidé-

LE DOGE

      Nous?

LORÉDANO

      Les Dix en conseil.

LE DOGE

      Eh quoi! ils sont de nouveau réunis, réunis sans m'en avertir?

LORÉDANO

      Ils ont voulu épargner votre cœur non moins que votre âge.

LE DOGE

      Cela est nouveau. – Quand épargnèrent-ils l'un ou l'autre? Je les remercie néanmoins.

LORÉDANO

      Ils ont, vous le savez bien, droit d'agir, à leur discrétion, en présence du Doge ou sans lui.

LE DOGE

      Il y a quelques années, en effet, que je le sais; – long-tems avant d'être Doge, ou de songer à un pareil honneur. Vous n'avez pas, seigneur, la prétention de m'instruire; vous étiez bien jeune encore quand je siégeais déjà dans ce conseil.

LORÉDANO

      Oui, dans le tems de mon père; maintes fois je l'entendis, lui et son frère l'amiral, répéter la même chose. Votre altesse doit se souvenir d'eux: tous deux ils moururent subitement.

LE DOGE

      S'ils moururent ainsi, leur sort fut préférable à celui des victimes d'une agonie prolongée.

LORÉDANO

      Sans doute; néanmoins bien des hommes souhaitent jouir de tous leurs jours.

LE DOGE

      Et n'en ont-ils pas joui?

LORÉDANO

      C'est à la tombe à le déclarer. Je l'ai dit, ils sont morts subitement.

LE DOGE

      Cela est-il donc bien étrange, que vous répétiez cette parole avec tant d'emphase?

LORÉDANO

      Si peu étrange, que jamais, à mes yeux, il n'y eut de mort aussi naturelle que la leur. Ne pensez-vous pas ainsi?

LE DOGE

      Qu'y a-t-il de certain sur les mortels?

LORÉDANO

      Qu'ils ont des ennemis mortels.

LE DOGE

      Je vous entends; vos pères étaient les miens, et vous avez recueilli tout leur héritage.

LORÉDANO

      Vous savez mieux que personne si j'ai dû le faire.

LE DOGE

      Oui. Vos pères furent mes ennemis; j'ai même entendu à ce sujet d'étranges rumeurs; j'ai même lu l'épitaphe qui attribue leur mort au poison. Peut-être est-elle aussi véridique que la plupart des inscriptions funéraires: ce n'en est pas moins une fable.

LORÉDANO

      Qui ose parler ainsi?

LE DOGE

      Moi! – Vos pères, je le répète, furent mes ennemis, aussi mortels que leur fils peut jamais l'être: moi, j'étais aussi bien le leur, mais je les détestais ouvertement; et jamais, ni dans le conseil, ni par les brigues, ni par d'obscures pratiques, on ne me vit cabaler contre leur vie, et recourir, pour me venger, au fer ou au poison. La preuve est dans votre existence même.

LORÉDANO

      Je suis sans craintes.

LE DOGE

      Mon caractère justifie votre sécurité; mais si j'étais tel que vous me supposez, il y a long-tems qu'il ne serait plus en votre pouvoir de craindre. Cependant, haïssez-moi; je n'en ai pas de souci.

LORÉDANO

      Je ne savais pas qu'à Venise la vie d'un noble pût dépendre de la volonté d'un Doge; j'entends la volonté publiquement exprimée.

LE DOGE

      Mais moi, mon cher seigneur, je suis, ou j'étais du moins, par ma famille, mes facultés et ma fortune, plus qu'un simple Doge; ils le savent bien ceux qui songèrent à me choisir, ceux qui depuis ont tout fait pour me renverser. Soyez sûr qu'avant ou depuis mon élection, si j'avais fait assez de cas de vous pour vouloir m'en débarrasser, un seul mot de ma part eût suffi pour vous anéantir. Mais, dans toutes les circonstances, j'ai montré le plus grand respect pour les lois, pour celles même que vous avez violées, afin de me dépouiller d'une autorité que j'aurais pu à mon tour fortifier (et je ne parle ici de vous que comme une des voix coupables). Avec la vénération d'un prêtre à l'autel, au prix de mon sang, de mon repos, de ma vie, de tout, excepté l'honneur, j'ai fléchi le genou devant les décrets, les avantages, la gloire, la sécurité de la chose publique. Maintenant, j'écoute votre message.

LORÉDANO

      Il est décrété que, sans répéter une dernière fois la torture, sans poursuivre une instruction qui ne tendrait qu'à mieux prouver l'endurcissement du coupable (les Dix, se relâchant de la sévérité des lois qui prescrivent la question jusqu'au moment d'un aveu complet, et le prisonnier ayant en partie reconnu son crime en ne désavouant pas la lettre au duc de Milan), Jacques Foscari retournera en exil, et partira sur le même vaisseau qui l'avait amené.

MARINA

      Dieu soit loué! du moins ils ne le tortureront plus devant leur horrible tribunal. Que ne pense-t-il de même? cette sentence serait la plus heureuse que l'on pût prononcer, non-seulement contre lui, mais contre tous ses compatriotes, auxquels elle permettrait de fuir une terre aussi odieuse.

LE DOGE

      Ma fille, cette pensée n'est pas d'une ame vénitienne.

MARINA

      En effet, elle est trop compatissante. Mais partagerai-je son exil?

LORÉDANO

      Quant à cela, les Dix ont gardé le silence.

MARINA

      Je le présumais bien: cette mention eût également été trop compatissante. Mais il n'y a pas de défense?

LORÉDANO

      Il n'en a pas été parlé.

MARINA, au Doge

      Vous pourrez donc, mon père, obtenir ou m'accorder cette grande faveur; (à Lorédano) et vous, seigneur, vous ne vous opposerez pas à la demande que je fais d'accompagner mon СКАЧАТЬ