Название: Œuvres complètes de lord Byron, Tome 8
Автор: George Gordon Byron
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
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Un message des Dix.
Qui le porte?
Le noble Lorédano.
Lui! – qu'il entre cependant.
Dois-je me retirer?
Peut-être n'est-il pas nécessaire quand il s'agirait de votre époux, et autrement-(A Lorédano qui entre.) Eh bien! seigneur, que souhaitez-vous?
Je viens transmettre ce que souhaitent les Dix.
Ils ont bien choisi leur organe.
C'est leur choix qui fait que vous me voyez ici.
Par là, ils témoignent leur sagesse, non moins que leur courtoisie. – Parlez.
Nous avons décidé-
Nous?
Les Dix en conseil.
Eh quoi! ils sont de nouveau réunis, réunis sans m'en avertir?
Ils ont voulu épargner votre cœur non moins que votre âge.
Cela est nouveau. – Quand épargnèrent-ils l'un ou l'autre? Je les remercie néanmoins.
Ils ont, vous le savez bien, droit d'agir, à leur discrétion, en présence du Doge ou sans lui.
Il y a quelques années, en effet, que je le sais; – long-tems avant d'être Doge, ou de songer à un pareil honneur. Vous n'avez pas, seigneur, la prétention de m'instruire; vous étiez bien jeune encore quand je siégeais déjà dans ce conseil.
Oui, dans le tems de mon père; maintes fois je l'entendis, lui et son frère l'amiral, répéter la même chose. Votre altesse doit se souvenir d'eux: tous deux ils moururent subitement.
S'ils moururent ainsi, leur sort fut préférable à celui des victimes d'une agonie prolongée.
Sans doute; néanmoins bien des hommes souhaitent jouir de tous leurs jours.
Et n'en ont-ils pas joui?
C'est à la tombe à le déclarer. Je l'ai dit, ils sont morts subitement.
Cela est-il donc bien étrange, que vous répétiez cette parole avec tant d'emphase?
Si peu étrange, que jamais, à mes yeux, il n'y eut de mort aussi naturelle que la leur. Ne pensez-vous pas ainsi?
Qu'y a-t-il de certain sur les mortels?
Qu'ils ont des ennemis mortels.
Je vous entends; vos pères étaient les miens, et vous avez recueilli tout leur héritage.
Vous savez mieux que personne si j'ai dû le faire.
Oui. Vos pères furent mes ennemis; j'ai même entendu à ce sujet d'étranges rumeurs; j'ai même lu l'épitaphe qui attribue leur mort au poison. Peut-être est-elle aussi véridique que la plupart des inscriptions funéraires: ce n'en est pas moins une fable.
Qui ose parler ainsi?
Moi! – Vos pères, je le répète, furent mes ennemis, aussi mortels que leur fils peut jamais l'être: moi, j'étais aussi bien le leur, mais je les détestais ouvertement; et jamais, ni dans le conseil, ni par les brigues, ni par d'obscures pratiques, on ne me vit cabaler contre leur vie, et recourir, pour me venger, au fer ou au poison. La preuve est dans votre existence même.
Je suis sans craintes.
Mon caractère justifie votre sécurité; mais si j'étais tel que vous me supposez, il y a long-tems qu'il ne serait plus en votre pouvoir de craindre. Cependant, haïssez-moi; je n'en ai pas de souci.
Je ne savais pas qu'à Venise la vie d'un noble pût dépendre de la volonté d'un Doge; j'entends la volonté publiquement exprimée.
Mais moi, mon cher seigneur, je suis, ou j'étais du moins, par ma famille, mes facultés et ma fortune, plus qu'un simple Doge; ils le savent bien ceux qui songèrent à me choisir, ceux qui depuis ont tout fait pour me renverser. Soyez sûr qu'avant ou depuis mon élection, si j'avais fait assez de cas de vous pour vouloir m'en débarrasser, un seul mot de ma part eût suffi pour vous anéantir. Mais, dans toutes les circonstances, j'ai montré le plus grand respect pour les lois, pour celles même que vous avez violées, afin de me dépouiller d'une autorité que j'aurais pu à mon tour fortifier (et je ne parle ici de vous que comme une des voix coupables). Avec la vénération d'un prêtre à l'autel, au prix de mon sang, de mon repos, de ma vie, de tout, excepté l'honneur, j'ai fléchi le genou devant les décrets, les avantages, la gloire, la sécurité de la chose publique. Maintenant, j'écoute votre message.
Il est décrété que, sans répéter une dernière fois la torture, sans poursuivre une instruction qui ne tendrait qu'à mieux prouver l'endurcissement du coupable (les Dix, se relâchant de la sévérité des lois qui prescrivent la question jusqu'au moment d'un aveu complet, et le prisonnier ayant en partie reconnu son crime en ne désavouant pas la lettre au duc de Milan), Jacques Foscari retournera en exil, et partira sur le même vaisseau qui l'avait amené.
Dieu soit loué! du moins ils ne le tortureront plus devant leur horrible tribunal. Que ne pense-t-il de même? cette sentence serait la plus heureuse que l'on pût prononcer, non-seulement contre lui, mais contre tous ses compatriotes, auxquels elle permettrait de fuir une terre aussi odieuse.
Ma fille, cette pensée n'est pas d'une ame vénitienne.
En effet, elle est trop compatissante. Mais partagerai-je son exil?
Quant à cela, les Dix ont gardé le silence.
Je le présumais bien: cette mention eût également été trop compatissante. Mais il n'y a pas de défense?
Il n'en a pas été parlé.
Vous pourrez donc, mon père, obtenir ou m'accorder cette grande faveur; (à Lorédano) et vous, seigneur, vous ne vous opposerez pas à la demande que je fais d'accompagner mon СКАЧАТЬ