La coucaratcha. I. Эжен Сю
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Название: La coucaratcha. I

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ le capitaine, mais je n'ai qu'un prix, et je ne fais jamais marchander mes chalands.

      – Ses chalands!.. – Narcisse n'y tenait plus, il se croyait assis près du comptoir paternel de la rue du Cadran.

      – Mais enfin, disait le gros homme, que fait un homme de plus ou de moins sur un équipage comme le vôtre… monsieur le capitaine?

      – Cela fait un dixième, voilà tout.

      – Eh bien!.. dix au lieu de neuf, puisque je ne demande qu'à manger avec vos matelots, monsieur le capitaine.

      – Je n'ai pas deux prix, je vous l'ai déjà dit, répondit imperturbablement le froid M. Hochard. – Je ne surfais jamais.

      Ces débats faisaient bouillir l'âme de poète de Narcisse.

      – Allons donc puisqu'il faut en passer par là, dit le gros homme avec un profond soupir; mais une dernière condition, monsieur le capitaine: mes caisses ont besoin d'air, je ne voudrais pas qu'elles fussent descendues dans la calle au moins, – vous savez ce qu'elles contiennent, et l'humidité les pourrait gâter.

      – On les placera dans le faux pont.

      – Et je pourrai les visiter quand il me plaira, monsieur le capitaine?

      – Quand il vous plaira…

      – Voilà votre argent, – c'est chose faite, monsieur le capitaine, dit le gros homme en tirant un sac de sa poche. Il paya en or, salua et sortit en trébuchant.

      – En voilà un qui n'a pas le pied marin, dit le cousin.

      – C'est un pauvre diable; il va faire voir des figures de cire aux Antilles, dit le capitaine…

      – Mais, mon cher, sa pacotille fondra au soleil, riposta ingénieusement le cousin.

      – Ma foi, ça le regarde. – Puis saluant Narcisse M. Hochard continua avec sa voix monotone:

      – Mais nous ne fondrons pas, nous autres, je l'espère bien; aussi je suis enchanté, Monsieur de faire votre connaissance, j'ose croire que nous nous entendrons bien: vous serez ici comme chez vous, comme à terre mon Dieu… pas la moindre différence. Je vous le répète… comme à terre.

      Ici une grimace significative de Narcisse Gelin.

      – Nous sommes au mois de juillet, nous appareillerons avec une brise faite, nous gagnons les Açores, les vents alisés, et nous arrivons à la Martinique… comme sur des roulettes.

      Narcisse était désespéré…

      Pourtant, capitaine, dit-il, on n'a jamais vu de traversée sans tempête… Sans…

      – Bon Dieu! que dites-vous là, mon cher Monsieur? Je suis à ma vingt-unième année de navigation, et excepté quelques petits coups de vent par-ci par-là, j'ai toujours été favorisé de temps superbes… de temps magnifiques.

      – Que le diable t'étrangle, toi et tes temps superbes, – pensa Narcisse, malgré le peu de logique de ce souhait.

      – Si nous partions au mois de février ou mars, je ne dis pas, nous aurions bien à craindre quelque petite queue d'équinoxe, mais au mois de juillet!.. ajouta-t-il, avec un air de joyeuse et intime conviction, ah! mon Dieu… au mois de juillet… vous ne vous apercevez seulement pas que vous avez quitté la terre.

      – Comme c'est agréable, pensa Narcisse. Aussi, prenant son parti violemment: Ne pourrai-je pas débarquer de votre bord, Monsieur? demanda-t-il au capitaine.

      – Dieu du Ciel! et pourquoi? Où trouverez-vous un meilleur navire; monsieur? Et quel équipage! Des Bas-Normands doux et rangés comme des filles! ça se mène avec un fil; jamais un mot plus haut que l'autre; c'est sage et tranquille, jamais ça ne jure… Voyez-vous, pour la morale ou non, j'ai mes principes là-dessus, et je m'en suis bien trouvé, aussi est-ce moi qui ai toujours passé les religieuses que le gouvernement envoie aux colonies, et je vous assure que les saintes filles n'ont jamais eu à rougir d'un mot inconvenant…

      – Allons… il ne manquait plus que cela, dit impétueusement Narcisse…

      – Sans doute, Monsieur, je vous le répète, pour les égards, la sûreté, la tranquillité et les bonnes mœurs, vous ne trouverez jamais mieux que la Cauchoise. Aussi croyez-moi, restez-y.

      – D'ailleurs, votre passage est arrêté, payé d'avance, signé; il me serait impossible de vous rendre un sou de ce que vous m'avez donné. – C'est la loi maritime. Si vous voulez voir les ordonnances…

      – Non, Monsieur, c'est inutile, dit Narcisse attérré, foudroyé.

      – Le mal est fait, je le subirai, mais c'est une leçon dont je profiterai… Et comme le capitaine Hochard allait recommencer ses litanies sur la sûreté, les égards et la politesse… Narcisse remonta courroucé sur le pont, descendit furieux dans son canot et ne reparut à bord de la Cauchoise, que le jour de l'appareillage. Ce jour-là, il avait rencontré sur le port l'homme aux figures de cire qui lui avait proposé de prendre une chaloupe à eux deux pour porter leurs bagages.

      Narcisse y consentit, serra le cousin dans ses bras et lui dit, les larmes aux yeux: vous le voyez, cousin, vous le voyez… Un temps magnifique, un petit vent de nord-est, une mer superbe… Comme c'est amusant!.. Embarquez-vous donc après cela… cherchez donc des émotions; des mœurs tranchées! oh si c'était à refaire!..

      L'homme aux figures de cire interrompit ses lamentations en faisant observer que la goëlette avait déjà fait deux fois le signal de venir à bord.

      Narcisse se précipita dans la chaloupe en maugréant.

      – Vous n'avez jamais navigué; Monsieur, lui demanda le gros homme.

      – Non; et vous?

      – Moi, mon Dieu, non, pas plus que vous, mon bon Monsieur; je m'en vais aux îles pour montrer ces figures là… et tâcher de gagner mon pauvre pain.

      – Que représentent vos figures, demanda machinalement Narcisse.

      – Cette caisse-là… répondit le gros homme, en montrant une des deux boîtes (elles avaient chacune à peu près six pieds de long sur quatre de large et d'épaisseur). Celle-là représente la passion de notre Seigneur. Mon bon Monsieur, et celle-ci le grand Napoléon; un Albinos aux yeux rouges, et sa sainteté le Pape, mon bon Monsieur.

      – Ça m'est bien égal, pourquoi me dites-vous cela, répondit Narcisse, enchanté de faire tomber sa mauvaise humeur sur quelqu'un.

      – Je vous dis cela, dit le gros homme avec soumission, parce que vous me le demandez, mon bon Monsieur.

      – Laissez-moi tranquille, je ne vous parle pas, entendez-vous, intrigant, hurla Narcisse qui rugissait en voyant les rayons d'un beau soleil de juillet étinceler sur les vagues.

      On accosta la goëlette… Le gros homme fit monter ses caisses à bord avec des précautions inouïes, et surveilla lui-même leur emménagement. Du reste, il amusa beaucoup les matelots bas-normands par la maladresse avec laquelle il descendait les échelles des panneaux; et les bonnes gens riaient aux larmes en lui nommant les mâts et les manœuvres dont il écorchait les noms de la façon du monde la plus grotesque.

      Le СКАЧАТЬ