La coucaratcha. I. Эжен Сю
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Название: La coucaratcha. I

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      Au contraire, la tempête redoubla de violence. J'entendis une horrible explosion; c'était notre grand'voile que le vent venait d'emporter, d'emporter si rapidement, que je ne vis qu'un point blanc tourbillonner et disparaître en une seconde.

      – Malédiction… enfer!.. criai-je… Dieu est juste!..

      – C'est qu'il y a encore ici quelque chose au Croque-Mort, dit l'imperturbable voilier. Mousse, descends et cherche, et gare à ta peau si tu ne trouves rien…

      Cinq minutes après, le mousse remonta avec un vieux, vieux bonnet de laine rouge, oublié dans un coin de la chambre d'Ulrik

      Allons, dit le voilier, en le jetant à la mer… allons, on n'a plus rien à luiTais-toi, et fais calme

      Un hasard… (était-ce un hasard)? voulut que les deux ou trois dernières raffales qui nous avaient durement drossés furent, comme on dit, la queue du grain… Le vent tomba, le ciel s'éclaircit, la brise souffla légère, et la mer calmit… Depuis ce moment, notre traversée fut heureuse, fut la plus heureuse que j'aie faite, et nous arrivâmes à Buénos-Ayres le 1er janvier.

      N. B. Le lecteur m'excusera de ne pas lui dévoiler le mystère ou la fatalité qui semble se rattacher au mot mère et au nombre treize; mais ne l'ayant jamais su moi-même, je n'ai rien voulu ajouter qui pût dénaturer un fait vrai.

      VOYAGES

ETAVENTURES SUR MER DE NARCISSE GELIN,Parisien

      CHAPITRE PREMIER.

      Narcisse Gelin eut l'idée de voir la mer, en regardant un moulin à vent

      Narcisse Gelin était un bon jeune homme, bien doux et bien honnête; son père, Bernard Gelin, qui tenait un magasin de merceries, rue du Cadran, lui fit donner une éducation libérale.

      Aussi à 19 ans, trois mois et un jour, Narcisse Gelin ayant terminé sa philosophie, aurait pu, s'il eût voulu, raisonner fort proprement sur l'âme et les idées innées; mais Narcisse préféra ne pas raisonner du tout.

      Doué d'une imagination ardente, vagabonde, puissante et désordonnée, sentant bouillonner en lui l'âme d'un poète, il dit à son père Bernard Gelin: – Je serai poète… je suis poète. – Sois donc poète, dit Bernard, qui exécrait ses voisins et adorait son fils. – D'autant plus, ajouta-t-il, que ça vexera Jamot l'épicier dont le fils n'est qu'un homme de lettres.

      Et voilà comment Narcisse fut poète.

      Du jour où Narcisse fut poète, il allait en coucou chercher la poésie aux Batignoles, à Vincennes et aux Près Saint-Gervais. Il se pâmait devant les arbres poudreux des grandes routes, s'extasiait devant les moulins à vent, dont la meule insouciante broie également le froment du riche et du pauvre, et dont les ailes agitées par le vent ressemblent aux voiles d'un navire

      A cette pensée de navire, Narcisse Gelin, qui n'avait jamais vu de navire, tressaillit. Tout à coup une pensée soudaine l'illumina. La véritable poésie n'est pas, décidément, sur terre, se dit-il; elle est sur mer: là, une vie rude et énergique; là, des tempêtes; là, des combats; là, des hommes forts; là des hommes âpres; là des hommes à part… – Je verrai la mer, j'irai sur mer.

      Et, retournant à la boutique paternelle, il tourmenta, obséda, taquina, tortura tant et si bien Bernard Gelin, que le bonhomme fit une petite pacotille d'objets qui devaient parfaitement se vendre aux colonies. – Il ajouta cinquante louis, quelques larmes et sa bénédiction, embrassa Narcisse et le conduisit à la diligence de Brest.

      Or il avait choisi Brest comme lieu d'embarquement, parce qu'un cousin de sa mère était écrivain du port.

      Narcisse, arrivant à Brest fut droit chez le cousin, lui exposa ses désirs, sa volonté de poète et lui demanda ses conseils.

      Le cousin était justement l'intime du capitaine de la Cauchoise; jolie goëlette en chargement pour la Martinique.

      Le cousin arrêta le passage de Narcisse Gelin sur la Cauchoise. Narcisse eût voulu un nom peut-être plus poétique, plus sonore. La Cauchoise lui paraissait assez vulgaire; pourtant il se décida, le choix étant très borné dans ce port militaire. Mais en vérité, il eût bien donné dix louis de plus pour que la goëlette se fût nommée l'Ondine ou la Phébé. Il fallut donc se résigner, d'ailleurs il comptait se dédommager sur le nom du capitaine, car le capitaine devait s'appeler au moins d'Artimon ou Stribord. – Point, le capitaine s'appelait Hochard!!! – Malgré son bon naturel, ce fut un tort que Narcisse ne lui pardonna jamais.

      On attendait un vent favorable pour sortir du goulet, et ce fut un beau jour pour Narcisse, que le jour où son cousin lui dit: Il faut pourtant faire connaissance avec votre navire, allons à bord.

      Ils s'embarquèrent à Recouvrance dans un bateau de passage, et se dirigèrent vers la Cauchoise, mouillée en grande rade, pour faciliter son appareillage. – La houle était forte, le canot, petit et conduit par un Plougastel, roulait d'une affreuse manière. – Narcisse comptait sur un accident, une émotion forte. Il n'eut que mal au cœur.

      On accosta la goëlette. – Narcisse faillit tomber deux fois à l'eau, mais avec l'aide du cousin, il se guinda sur le pont.

      En le parcourant, d'un air effaré, il cherchait des visages rudes, marqués, bronzés, des têtes de forban. – Il vit trois Bas-Normands blonds, frais et roses qui buvaient du cidre sur l'avant et jouaient à la drogue.

      Deux autres marins lavaient et étendaient du linge sur l'avant du navire.

      Il ne leur manque plus que de repasser pour être de parfaites blanchisseuses, pensa Narcisse avec une cruelle répugnance. Narcisse fut introduit chez le capitaine Hochard; le capitaine n'était pas seul, il fit signe aux nouveau-venus de s'asseoir et continua la conversation qu'il avait commencée avec un homme d'un embonpoint extraordinaire, qui se tenait debout devant lui.

      Narcisse put à son aise examiner le lieu où il se trouvait: c'était une petite chambre boisée comme à terre, un canapé comme à terre, des chaises, une table, un plafond, une fenêtre, des gravures encadrées, tout cela comme à terre.

      Narcisse soupira, et avant d'abaisser ses regards sur le capitaine, il se figura, par la pensée, l'homme qui devait commander à la tempête, braver les éléments en furie.

      – Il devait avoir six pieds, un crâne de granit et des yeux flamboyants. – Il regarda et vit M. Hochard; c'était un homme de quarante ans à peu près, d'une taille moyenne, maigre, d'une physionomie insignifiante, fort poli, des manières communes, mais prévenantes; de plus, il portait une perruque blonde, des boucles d'oreilles, une redingote marron, un gilet noir, un pantalon bleu, des bas blancs et des souliers à boucles. Il est impossible de se rendre compte de l'affreux serrement de cœur qu'éprouva Narcisse quand il eut complétée cet ignoble et prosaïque signalement.

      De ce moment, il se proposa de demander au cousin s'il n'y aurait pas moyen de débarquer en accordant une indemnité au capitaine.

      Pour se distraire, il se prit à examiner l'interlocuteur de M. Hochard.

      On l'a dit, l'interlocuteur était fort gros, d'une haute taille, chauve et très coloré; deux petits yeux gris toujours en mouvement, donnaient une rare expression de vivacité à sa bonne et joviale СКАЧАТЬ