Mathilde. Эжен Сю
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Название: Mathilde

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ excellente femme me répondit:

      – Sans doute, mademoiselle, je crois que M. le vicomte de Lancry est bien aussi charmant que vous le dites; un jour il sera duc et pair… c'est possible; mais permettez-moi de vous faire observer qu'avant de se marier, il est toujours prudent de prendre des informations.

      – Comment! des informations? tu es folle! Est-ce que M. le duc de Versac, son oncle, n'en a pas donné à ma tante…

      Blondeau secoua la tête.

      – Les informations des parents, mademoiselle, sont toujours bonnes; ce n'est pas à celles-là qu'il faut croire, ni même souvent à celles du monde.

      – Où veux-tu en venir?

      – Tenez, mademoiselle, si vous vouliez me le permettre, je trouverais moyen, en faisant causer les gens de M. le vicomte à l'office, de savoir bien des choses.

      – Ah! c'est indigne!.. Et c'est vous qui osez me parler d'un vil espionnage!.. Rappelez-vous bien une chose, – m'écriai-je, – c'est que si vous faites le moindre cas de mon attachement pour vous, vous me promettrez à l'instant même de ne pas faire la moindre question aux gens de M. de Lancry.

      – Mais, mademoiselle, c'est votre tante qui, à bien dire, a arrangé ce mariage! Oubliez-vous donc toutes ses méchancetés? la haine qu'elle portait à cette pauvre madame la marquise votre mère, qu'elle a fait mourir de chagrin!.. Au moment de vous lier pour jamais, réfléchissez bien, mademoiselle… Pardonnez-moi si je vous parle ainsi. Je ne suis qu'une pauvre femme, mais je vous aime comme mon enfant; ce sentiment-là me donne des idées au-dessus de ma position et le courage de vous les dire. Pauvre mademoiselle, vous êtes si confiante, si bonne, si généreuse, que vous ne vous défiez de personne. C'est comme pour mademoiselle Ursule, je ne la crois pas franche, malgré ses soupirs et ses airs de victime…

      – Écoutez-moi, Blondeau: je comprends qu'une sorte de jalousie d'affection vous porte à parler injustement de mademoiselle d'Orbeval, aussi j'excuse ce sentiment; mais je vous prie de ne pas vous permettre la moindre allusion à une union que je veux contracter, parce qu'elle est honorable et belle. Je sais ce que je fais; je ne suis plus une enfant. Ce n'est pas mademoiselle de Maran qui m'a parlé de ce mariage; c'est moi qui lui en ai parlé… D'ailleurs, je le sens là… ma mère vivrait encore qu'elle approuverait le choix de mon cœur…

      – Mademoiselle, une dernière observation. Si, comme vous n'en doutez pas, les renseignements qu'on peut avoir sur M. le vicomte sont bons, qu'est-ce que cela vous fait que?..

      – Écoutez, – dis-je à Blondeau d'un ton très-ferme, – je ne puis vous empêcher d'agir à votre tête; mais quoi qu'il doive m'en coûter, oui, m'en coûter beaucoup, de me priver de vos services… je vous déclare que si vous me dites encore un mot à ce sujet, j'assure votre sort et je vous éloigne pour toujours de moi…

      – Ah! mademoiselle, ne me regardez pas ainsi. Mon Dieu! c'est comme lorsque étant toute petite et égarée par les méchants conseils de votre tante, vous m'avez dit que j'aimais mieux l'argent que tout.

      Et la pauvre femme se mit à fondre en larmes.

      – Ah! – lui dis-je avec une impatience chagrine et presque durement, – j'étais si heureuse! faut-il qu'avec vos ridicules visions vous veniez me distraire de ce bonheur?

      Puis, ne voulant laisser à personne le soin de toucher à la précieuse corbeille de fleurs que Gontran m'avait envoyée, je la pris et je l'emportai dans ma chambre. De ce jour, je m'habituai à avoir des fleurs près de moi sans rien en ressentir qu'une sorte de légère torpeur qui n'est pas sans charme.

      Peu à peu l'impatience que m'avait causée Blondeau se dissipa sous le charme de mes souvenirs de la journée. Mes préoccupations avaient été si puissantes que je n'avais pas encore ouvert la lettre d'Ursule, qui m'annonçait son mariage.

      J'ai gardé cette lettre ainsi que plusieurs autres… la voici.

      On remarquera en la lisant que le style en est un peu prétentieux et romanesque. Je querellais quelquefois ma cousine sur cette manière d'écrire sans pouvoir l'en corriger.

      En me rappellant maintenant toutes les phases de mon amitié pour Ursule et les suites de son mariage, je ne puis retenir un sourire d'amertume en lisant ces lignes éplorées, gémissantes, où elle se pose si lugubrement en victime.

      Mais alors les temps n'étaient pas changés, j'avais toutes mes illusions, et je fus cruellement navrée du malheur d'Ursule.

      Pour tout dire, cette lettre, d'une écriture parfaitement correcte et posée, était cachetée de noir avec une pierre gravée, représentant une tête de mort; cachet bizarre qu'Ursule affectionnait beaucoup.

«Saint-Norbert, février 1840.

      «C'en est fait, Mathilde, ta pauvre Ursule est sacrifiée; elle n'a plus qu'à vouer sa vie tout entière aux larmes et au deuil. C'est à peine si au milieu du sombre avenir qui l'attend, elle entrevoit quelques lueurs de consolation, qu'elle devra, sans doute, à ton amitié chérie… Mais, mon Dieu! pourquoi m'étonner du nouveau coup qui me frappe? depuis longtemps ne suis-je pas habituée à souffrir! Victime résignée au malheur, je ne puis que courber le front et pleurer!..

      «Pardon, mon amie, ma sœur, de venir attrister tes joies par ces plaintes qui s'exhalent de mon âme désolée: car, j'en ai le pressentiment, tu seras heureuse, tu es heureuse selon ton cœur; tu épouseras celui que tu aimes… Si belle, si riche, si charmante, pour plaire tu n'as qu'à paraître!..

      «La pauvre Ursule, au contraire, sans charmes, sans attraits, sans fortune, a été en naissant presque vouée au malheur… Que veux-tu? c'est sa destinée… Mais, que dis-je?.. non, non, je suis injuste; ne t'ai-je pas rencontrée sur ma route? n'as-tu pas tendu la main à la petite abandonnée? n'a-t-elle pas dû à ta générosité, à ta touchante amitié, le plus précieux des biens, une éducation brillante, comme me le répète toujours avec raison mademoiselle de Maran?

      «Ne t'ai-je pas dû… ne te dois-je pas le sentiment le plus doux, le plus cher à mon cœur? Hélas! sans cela… sans l'espoir involontaire qu'il me donne… je serais déjà morte de désespoir… tu n'aurais qu'à pleurer ton amie.

      «Écoute, Mathilde; c'est une folie, diras-tu… soit… mais c'est une douloureuse et triste folie, je t'assure… J'ai de funèbres pressentiments, je ne sais quel est le sort qui m'attend… en tous cas… je voudrais te donner mes livres et cette petite parure de corail que tu sais.

      «Hélas! je suis sans fortune, je n'ai rien… Pardonne la pauvreté de ce présent; mais au moins il te rappellera nos journées de travail et notre innocente coquetterie de jeunes filles, n'est-ce pas, Mathilde? Tu pleureras ton amie! n'est-ce pas qu'un vague souvenir d'elle viendra quelquefois traverser ta pensée au milieu des fêtes brillantes dont tu seras la reine?..

      «Je voudrais avoir ici mon dernier asile. Je suis allée souvent dans le modeste cimetière du village; il n'a rien de repoussant; c'est une pelouse verdoyante, entourée d'une haie de sureau et d'aubépine qui au printemps doivent être couverts de fleurs. On y voit çà et là de simples croix de bois… Oh! qu'il me serait doux d'être là confondue avec les humbles créatures qui reposent dans ces tombes ignorées, car j'aurai passé, comme elles, inaperçue dans ce monde…

      «Pardon, Mathilde, de ce triste commencement de lettre; mais j'ai l'âme si profondément navrée que je me suis laissée aller à l'amertume de mes impressions.

      «Il faut pourtant t'apprendre le sujet de mes СКАЧАТЬ