Название: David Copperfield – Tome I
Автор: Чарльз Диккенс
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
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«Je suis bien aise de vous voir, monsieur? dit M. Peggotty. Nous sommes de braves gens, monsieur, un peu rudes, mais tout à votre service.»
Je le remerciai, et je lui répondis que j'étais bien sûr d'être heureux dans un aussi charmant endroit.
«Comment va votre maman, monsieur? dit M. Peggotty. L'avez-vous laissée en bonne santé?»
Je répondis à M. Peggotty qu'elle était en aussi bonne santé que je pouvais le souhaiter, et qu'elle lui envoyait ses compliments, ce qui était de ma part une fiction polie.
«Je lui suis bien obligé,» dit M. Peggotty. «Eh bien, monsieur, si vous pouvez vous accommoder de nous, pendant quinze jours, dit-il, en se tournant vers sa soeur, et Ham, et la petite Émilie, nous serons fiers de votre compagnie.»
Après m'avoir fait les honneurs de sa maison de la façon la plus hospitalière, M. Peggotty alla se débarbouiller avec de l'eau chaude, tout en observant que «l'eau froide ne suffisait pas pour lui nettoyer la figure.» Il revint bientôt, ayant beaucoup gagné à cette toilette, mais si rouge que je ne pus m'empêcher de penser que sa figure avait cela de commun avec les homards, les crabes et les écrevisses, qu'elle entrait dans l'eau chaude toute noire, et qu'elle en ressortait toute rouge.
Quand nous eûmes pris le thé, on ferma la porte et on s'établit bien confortablement (les nuits étaient déjà froides et brumeuses), cela me parut la plus délicieuse retraite que pût concevoir l'imagination des hommes. Entendre le vent souffler sur la mer, savoir que le brouillard envahissait toute cette plaine désolée qui nous entourait, et se sentir près du feu, dans une maison absolument isolée, qui était un bateau, cela avait quelque chose de féerique. La petite Émilie avait surmonté sa timidité, elle était assise à côté de moi sur le coffre le moins élevé; il y avait là tout juste de la place pour nous deux au coin de la cheminée; mistress Peggotty avec son tablier blanc, tricotait au coin opposé; Peggotty tirait l'aiguille, avec sa boîte au couvercle de saint Paul et le petit bout de cire qui semblaient n'avoir jamais connu d'autre domicile. Ham qui m'avait donné ma première leçon du jeu de bataille, cherchait à se rappeler comment on disait la bonne aventure, et laissait sur chaque carte qu'il retournait la marque de son pouce. M. Peggotty fumait sa pipe. Je sentis que c'était un moment propre à la conversation et à l'intimité.
«M. Peggotty! lui dis-je.
– Monsieur, dit-il.
– Est-ce que vous avez donné à votre fils le nom de Ham, parce que vous vivez dans une espèce d'arche?»
M. Peggotty sembla trouver que c'était une idée très-profonde, mais il répondit:
«Non, monsieur, je ne lui ai jamais donné de nom.
– Qui lui a donc donné ce nom? dis-je en posant à M. Peggotty la seconde question du catéchisme.
– Mais, monsieur, c'est son père qui le lui a donné, dit M. Peggotty.
– Je croyais que vous étiez son père.
– C'était mon frère Joe qui était son père, dit M. Peggotty.
– Il est mort, M. Peggotty? demandai-je après un moment de silence respectueux.
– Noyé, dit M. Peggotty.»
J'étais très-étonné que M. Peggotty ne fût pas le père de Ham, et je me demandais si je ne me trompais pas aussi sur sa parenté avec les autres personnes présentes. J'avais si grande envie de le savoir, que je me déterminai à le demander à M. Peggotty.
«Et la petite Émilie, dis-je, en la regardant. C'est votre fille, n'est-ce pas, monsieur Peggotty?
– Non, monsieur. C'était mon beau-frère, Tom, qui était son père.»
Je ne pus m'empêcher de lui dire après un autre silence plein de respect: «Il est mort, M. Peggotty?
– Noyé,» dit M. Peggotty.
Je sentais combien il était difficile de continuer sur ce sujet, mais je ne savais pas encore tout, et je voulais tout savoir. J'ajoutai donc:
«Vous avez des enfants, monsieur Peggotty.
– Non, monsieur, répondit-il en riant. Je suis célibataire.
– Célibataire! dis-je avec étonnement. Mais alors, qu'est-ce que c'est que ça, monsieur Peggotty?» Et je lui montrai la personne au tablier blanc qui tricotait.
«C'est mistress Gummidge, dit M. Peggotty.
– Gummidge, monsieur Peggotty?»
Mais ici Peggotty, je veux dire ma Peggotty à moi, me fit des signes tellement expressifs pour me dire de ne plus faire de questions qu'il ne me resta plus qu'à m'asseoir et à regarder toute la compagnie qui garda le silence, jusqu'au moment où on alla se coucher. Alors, dans le secret de ma petite cabine, Peggotty m'informa que Ham et Émilie étaient un neveu et une nièce de mon hôte qu'il avait adoptés dans leur enfance à différentes époques, lorsque la mort de leurs parents les avait laissés sans ressources, et que mistress Gummidge était la veuve d'un marin, son associé dans l'exploitation d'une barque, qui était mort très- pauvre. Mon frère n'est lui-même qu'un pauvre homme, disait Peggotty, mais c'est de l'or en barre, franc comme l'acier, (je cite ses comparaisons). Le seul sujet, à ce qu'elle m'apprit, qui fit sortir son frère de son caractère ou qui le portât à jurer, c'était lorsqu'on parlait de sa générosité. Pour peu qu'on y fit allusion, il donnait sur la table un violent coup de poing de sa main droite (si bien qu'un jour il en fendit la table en deux) et il jura qu'il ficherait le camp et s'en irait au diable, si jamais on lui parlait de ça. J'eus beau faire des questions, personne n'avait la moindre explication grammaticale à me donner de l'étymologie de cette terrible locution: «ficher un camp.» Mais tous s'accordaient à la regarder comme une imprécation des plus solennelles.
Je sentais profondément toute la bonté de mon hôte, et j'avais l'âme très-satisfaite sans compter que je tombais de sommeil, tout en prêtant l'oreille au bruit que faisaient les femmes en allant se coucher dans un petit lit comme le mien, placé à l'autre extrémité du bateau, tandis que M. Peggotty et Ham suspendaient deux hamacs aux crochets que j'avais remarqués au plafond. Le sommeil s'emparait de moi, mais je me sentais pourtant saisi d'une crainte vague, en songeant à la grande profondeur sombre qui m'entourait, en entendant le vent gémir sur les vagues, et les soulever tout à coup. Mais je me dis qu'après tout j'étais dans un bateau, et que s'il arrivait quelque chose, M. Peggotty était là pour venir à notre aide.
Cependant il ne m'arriva pas d'autre mal, que de m'éveiller tranquillement, le lendemain. Dès que le soleil brilla sur le cadre en coquilles d'huîtres qui entourait mon miroir, je sautai hors de mon lit, et je courus sur la plage avec la petite Émilie pour ramasser des coquillages.
«Vous êtes un vrai petit marin, je pense? dis-je à Émilie. Non que j'eusse jamais rien pensé de pareil, mais СКАЧАТЬ