Название: David Copperfield – Tome I
Автор: Чарльз Диккенс
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
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Nous allions nous mettre aux alligators quand on sonna à la porte du jardin. Nous courûmes pour l'ouvrir; c'était ma mère, plus jolie que jamais, à ce qu'il me sembla: elle était escortée d'un monsieur qui avait des cheveux et des favoris noirs superbes: il était déjà revenu de l'église avec nous le dimanche précédent.
Ma mère s'arrêta sur le seuil de la porte pour m'embrasser, ce qui fit dire au monsieur que j'étais plus heureux qu'un prince, ou quelque chose de ce genre, car il est possible qu'ici mes réflexions d'un autre âge aident légèrement à ma mémoire.
«Qu'est-ce que cela veut dire?» demandai-je à ce monsieur par- dessus l'épaule de ma mère.
Il me caressa la joue; mais je ne sais pourquoi, sa voix et sa personne ne me plaisaient nullement, et j'étais très-fâché de voir que sa main touchait celle de ma mère tandis qu'il me caressait. Je le repoussai de toutes mes forces.
«Oh! Davy, s'écria ma mère.
– Cher enfant! dit le monsieur, je comprends bien sa jalousie.»
Jamais je n'avais vu d'aussi belles couleurs sur le visage de ma mère. Elle me gronda doucement de mon impolitesse, et, me serrant dans ses bras, elle remercia le monsieur de ce qu'il avait bien voulu prendre la peine de l'accompagner jusque chez elle. En parlant ainsi elle lui tendait la main, et en lui tendant la main, elle me regardait.
«Dites-moi bonsoir, mon bel enfant, dit le monsieur après s'être penché pour baiser la petite main de ma mère, je le vis bien.
– Bonsoir, dis-je.
– Venez ici, voyons, soyons bons amis, dit-il en riant. Donnez- moi la main.
Ma mère tenait ma main droite dans la sienne, je tendis l'autre.
«Mais c'est la main gauche, Davy!» dit le monsieur en riant.
Ma mère voulut me faire tendre la main droite, mais j'étais décidé à ne pas le faire, on sait pourquoi. Je donnai la main gauche à l'étranger qui la serra cordialement en disant que j'étais un fameux garçon, puis il s'en alla.
Je le vis se retourner à la porte du jardin, et nous jeter un regard d'adieu avec ses yeux noirs et son expression de mauvais augure.
Peggotty n'avait pas dit une parole ni bougé le petit doigt, elle ferma les volets et nous rentrâmes dans le petit salon. Au lieu de venir s'asseoir près du feu, suivant sa coutume, ma mère restait à l'autre bout de la chambre, chantonnant à mi-voix.
«J'espère que vous avez passé agréablement la soirée, madame? dit Peggotty, debout au milieu du salon, un flambeau à la main, et roide comme un bâton.
– Très-agréablement, Peggotty, reprit gaiement ma mère. Je vous remercie bien.
– Une figure nouvelle, cela fait un changement agréable, murmura Peggotty.
– Très-agréable,» répondit ma mère.
Peggotty restait immobile au milieu du salon, ma mère se remit à chanter, je m'endormis. Mais je ne dormais pas assez profondément pour ne pas entendre le bruit des voix, sans comprendre pourtant ce qu'on disait. Quand je me réveillai de ce demi-sommeil, ma mère et Peggotty étaient en larmes.
«Ce n'est toujours pas un individu comme ça qui aurait été du goût de M. Copperfield, disait Peggotty, je le jure sur mon honneur.
– Mais, grand Dieu! s'écriait ma mère, voulez-vous me faire perdre la tête? Il n'y a jamais eu de pauvre fille plus maltraitée par ses domestiques que moi. Mais je ne sais pas pourquoi je m'appelle une pauvre fille! N'ai-je pas été mariée, Peggotty?
– Dieu m'est témoin que si, madame, répondit Peggotty.
– Alors comment osez-vous, dit ma mère, c'est-à-dire, non, Peggotty, comment avez-vous le courage de me rendre si malheureuse, et de me dire des choses si désagréables, quand vous savez que, hors d'ici, je n'ai pas un seul ami à qui m'adresser?
– Raison de plus, repartit Peggotty, pour que je vous dise que cela ne vous convient pas. Non, cela ne vous convient pas. Rien au monde ne me fera dire que cela vous convient. Non.»
Dans son enthousiasme, Peggotty gesticulait si vivement avec son flambeau, que je vis le moment où elle allait le jeter par terre.
«Comment avez-vous le courage, dit encore ma mère, en pleurant toujours plus fort, de parler si injustement? Comment pouvez-vous vous entêter à parler comme si c'était une chose faite, quand je vous répète pour la centième fois, que tout s'est borné à la politesse la plus banale. Vous parlez d'admiration; mais qu'y puis-je faire? Si on a la sottise de m'admirer, est-ce ma faute? Qu'y puis-je faire, je vous le demande? Vous voudriez peut-être me voir raser tous mes cheveux, ou me noircir le visage, ou bien encore m'échauder une joue. En vérité, Peggotty, je crois que vous le voudriez. Je crois que cela vous ferait plaisir.»
Ce reproche sembla faire beaucoup de peine à Peggotty.
«Et mon pauvre enfant! s'écria ma mère en s'approchant du fauteuil où j'étais étendu, pour me caresser, mon cher petit David! Ose-t- on prétendre que je n'aime pas ce petit trésor, mon bon petit garçon!
– Personne n'a jamais fait une semblable supposition, dit Peggotty.
– Si fait, Peggotty, répondit ma mère, vous le savez bien. C'est là ce que vous vouliez dire, et pourtant, mauvaise fille, vous savez aussi bien que moi que le mois dernier, si je n'ai pas acheté une ombrelle neuve, bien que ma vieille ombrelle verte soit tout en loques, ce n'est que pour lui. Vous le savez bien, Peggotty. Vous ne pouvez pas dire le contraire.» Puis se tournant tendrement vers moi, elle appuya sa joue contre la mienne. «Suis- je une mauvaise maman pour toi, mon David? Suis-je une maman égoïste ou cruelle, ou méchante? Dis que oui, mon garçon, et Peggotty t'aimera: l'amour de Peggotty vaut bien mieux que le mien, David. Je ne t'aime pas, du tout moi, n'est-ce pas?»
Ici nous nous mîmes tous à pleurer. Je criais plus fort que les autres, mais nous pleurions tous les trois à plein coeur. J'étais tout à fait désespéré, et dans le premier transport de ma tendresse indignée, je crains d'avoir appelé Peggotty «une méchante bête.» Cette honnête créature était profondément affligée, je m'en souviens bien; et certainement sa robe n'a pas dû conserver alors une seule agrafe, car il y eut une explosion terrible de ces petits ornements, au moment où, après s'être réconciliée avec ma mère, elle vint s'agenouiller à côté du grand fauteuil pour se réconcilier avec moi.
Nous allâmes tous nous coucher, prodigieusement abattus. Longtemps mes sanglots me réveillèrent, et une fois, en ouvrant mes yeux en sursaut, je vis ma mère assise sur mon lit. Elle se pencha vers moi, je mis ma tête sur son épaule, et je m'endormis profondément.
Je ne saurais affirmer si je revis le monsieur inconnu le dimanche d'après, ou s'il se passa plus de temps avant qu'il reparût. Je ne prétends pas me souvenir exactement des dates. Mais il était СКАЧАТЬ