Название: Jim Harrison, boxeur
Автор: Артур Конан Дойл
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
isbn:
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– Bien des fois, je me suis fait cette question et ce soir elle se présente plus nettement que jamais à mon esprit.
Toute légèreté avait disparu de ses manières et il était devenu soudain un homme mélancolique et sérieux.
– Est-il certain qu'il la commis, Charles? demanda ma mère.
Mon oncle haussa les épaules.
– Je voudrais parfois penser qu'il n'en fût pas ainsi. Je crus parfois que ce fut son orgueil même, exaspéré jusqu'à la rage, qui l'y poussa. Vous avez entendu raconter comment il renvoya la somme que nous avions perdue.
– Non, répondit mon père, je n'en ai jamais entendu parler.
– Maintenant, c'est une bien vieille histoire, quoique nous n'ayons jamais su comment elle se termina.
«Nous avions joué tous les quatre, pendant deux jours, Lord Avon, son frère, le capitaine Barrington, Sir Lothian Hume et moi.
«Je savais peu de choses du capitaine, sinon qu'il ne jouissait pas de la meilleure réputation et qu'il était presque entièrement aux mains des prêteurs juifs.
«Sir Lothian s'est acquis depuis un renom déshonorant – c'est même Sir Lothian qui a tué Lord Carton d'une balle, dans l'affaire de Chalk Farm – mais à cette époque-là, il n'y avait rien à lui reprocher.
«Le plus âgé de nous n'avait que vingt-quatre ans, et nous jouâmes sans interruption, comme je l'ai dit, jusqu'à ce que le capitaine eut gagné tout largent sur table. Nous étions tous entamés, mais notre hôte l'était encore beaucoup plus que nous.
«Cette nuit-là, je vais vous dire des choses qu'il me serait pénible de répéter devant un tribunal, je me sentais agité hors d'état de dormir, ainsi que cela arrive quelquefois.
«Mon esprit se reportait sur le hasard des cartes. Je ne faisais que me tourner, me retourner, lorsque soudain, un grand cri arriva à mon oreille, suivi d'un second cri plus fort encore, et qui venait du côté de la chambre occupée par le capitaine Barrington.
«Cinq minutes plus tard, j'entendis un bruit de pas dans le corridor.
«Sans allumer de lumière, j'ouvris ma porte et je jetai un regard au dehors, croyant que quelqu'un s'était trouvé mal. C'était Lord Avon qui se dirigeait vers moi.
«D'une main, il tenait une chandelle dégoûtante. De l'autre, il portait un sac de voyage dont le contenu rendait un son métallique.
«Sa figure était décomposée, bouleversée à tel point que ma question se glaça sur mes lèvres.
«Avant que je pusse la formuler, il rentra dans sa chambre et ferma sa porte sans bruit.
«Le lendemain, en me réveillant, je le trouvai près de mon lit.
« – Charles, dit-il, je ne puis supporter l'idée que vous ayez perdu cet argent chez moi. Vous le trouverez sur cette table.
«Vainement je répondis par des éclats de rire à sa délicatesse exagérée. Vainement je lui déclarai que si j'avais gagné, j'aurais ramassé mon argent, de sorte qu'on pouvait trouver étrange que je n'eusse point le droit de payer après avoir perdu.
« – Ni moi ni mon frère, nous n'y toucherons, dit-il. L'argent est là. Vous pourrez, en faire ce que vous voudrez.
«Il ne voulut entendre aucune raison et s'élança comme un fou hors de la chambre. Mais peut-être ces détails vous sont-ils connus et Dieu sait comme ils me sont pénibles à rappeler.
Mon père restait immobile, les yeux fixes, oubliant la pipe fumante qu'il tenait à la main.
– Je vous en prie, Monsieur, dit-il, apprenez-nous le reste.
– Eh bien! soit. J'avais achevé ma toilette en une heure, a peu près, car en ce temps-là, j'étais moins exigeant qu'aujourd'hui et je me retrouvais avec sir Lothian Hume au déjeuner. Il avait été témoin de la même scène que moi. Il avait hâte de voir le capitaine Barrington et de s'enquérir pourquoi il avait chargé son frère de nous restituer l'argent. Nous discutions de l'affaire, quand tout à coup, je levai les yeux au plafond et je vis, je vis…
Mon oncle était devenu très pâle tant ce souvenir était distinct.
Il passa la main sur ses yeux.
«Le plafond était d'un rouge cramoisi, dit-il en frissonnant, et çà et là des fentes noires et de chacune de ces fentes… Mais voilà qui vous donnerait des rêves, Mary. Je me bornerai à dire que je m'élançai dans l'escalier qui conduisait directement à la chambre du capitaine. Nous l'y trouvâmes gisant, la gorge coupée si largement qu'on voyait la blancheur de l'os. Un couteau de chasse se trouvait dans la chambre. Il appartenait à Lord Avon. On trouva dans les doigts crispés du mort une manchette brodée. Elle appartenait à Lord Avon. On trouva dans le foyer quelques papiers charbonnés. Ces papiers appartenaient à Lord Avon. Ô mon pauvre ami! à quel degré de folie avez-vous dû arriver pour commettre une pareille action?
– Et qu'a dit Lord Avon? s'écria mon père.
– Il ne dit rien. Il allait et venait comme un somnambule, les yeux pleins d'horreur. Personne n'osa l'arrêter, jusqu'au moment où se ferait une enquête en due forme. Mais quand le tribunal du Coroner eut rendu contre lui un verdict de meurtre volontaire, le constable vint pour lui notifier son arrestation.
«On ne le trouva pas. Il avait fui.
«Le bruit courut qu'on l'avait vu la semaine suivante à Westminster, puis qu'il avait pu gagner l'Amérique, mais on ne sait rien de plus et ce sera un beau jour pour Sir Lothian Hume que celui où on pourra prouver son décès, car il est son plus proche parent, et jusqu'à ce jour, il ne peut jouir ni du titre ni du domaine.
Le récit de cette sombre histoire avait jeté sur nous un froid glacial.
Mon oncle tendit ses mains vers la flamme du foyer et je remarquai qu'elles étaient aussi blanches que ses manchettes.
– Je ne sais ce qu'est maintenant la Falaise royale, dit-il d'un air pensif. Ce n'était point un joyeux séjour, même avant que cette affaire le rendît plus sombre encore. Jamais scène ne fut mieux préparée pour une telle tragédie. Mais dix-sept ans se sont passés et peut-être même que ce terrible plafond…
– Il porte toujours la tache, dis-je.
Je ne saurais dire lequel de nous trois fut le plus étonné, car ma mère n'avait jamais rien su de nos aventures de cette fameuse nuit.
Ils restèrent à me regarder, les yeux immobiles de stupéfaction, à mesure que je faisais mon récit et mon coeur s'enfla d'orgueil quand mon oncle dit que nous nous étions comportés vaillamment et qu'il ne croyait pas qu'il y eut beaucoup de gens de notre âge, capables d'une attitude aussi ferme.
– Mais quant à ce fantôme, dit-il, ce dut être un produit de votre imagination. C'est une faculté qui nous joue des tours étranges et, bien, que j'aie les nerfs aussi solides qu'on peut les désirer, je ne pourrais répondre de ce qui m'arriverait, s'il me fallait demeurer à minuit sous ce plafond taché de sang.
– Mon oncle, dis-je, j'ai vu un homme aussi distinctement que je vois ce feu et j'ai entendu les claquements aussi distinctement que j'entends les pétillements СКАЧАТЬ