Correspondance, 1812-1876 — Tome 5. Жорж Санд
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Название: Correspondance, 1812-1876 — Tome 5

Автор: Жорж Санд

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ sans souffrance et sans danger. Le contraire serait un miracle. Mais quels jours amers à passer!

      Maurice, ne te décourage pas. Songe à soutenir les forces de ta Lina. Dieu, quel bonheur si vous me dites ce soir qu'il est mieux. J'ai mille livres de plomb sur le coeur. Ne me laissez pas sans nouvelles, écrivez-moi, ne fût-ce qu'un mot. Le silence m'épouvante. Voici l'heure de la poste. Je vous embrasse et je vous aime.

      Onze heures du soir.

      Ma lettre a dépassé l'heure de la poste. Je la rouvre, pour vous dire que j'ai reçu le télégramme à six heures. A chaque coup de cloche, je suis folle. Enfin il y a du mieux! Béni soit le jour qui nous rend l'espoir. Si le mieux continue demain, nous pourrons respirer. Comme vous en avez besoin, mes pauvres enfants!

      DLXIII

      A M. JULES BOUCOIRAN, A NIMES

      Guillery, 16 juillet 1864.

      Cher ami, Je vous envoie mes pauvres enfants, ne pouvant les suivre en voyage; j'ai compté que Nîmes serait encore l'endroit où ils auraient le plus de consolations, puisque vous serez là, vous qui les aimez tant et si bien. Vous direz à Maurice tout ce qu'il faut lui dire, il vous écoutera. Il a du courage; mais il a des moments d'exaspération qui reviennent. Vous les combattrez. Parlez-lui de sa petite femme, de l'avenir, de ma vieillesse à épargner. Tachez qu'ils ne soient pas malades. S'ils l'étaient, écrivez-moi, j'accourrai.

      Adieu! Dans un instant, nous quittons cette fatale maison et nous partons ensemble pour Agen.

      Je vous embrasse de coeur. Donnez-nous du courage!

       G. SAND.

      DLXIV

      A M. LUDRE-GABILLAUD A LA CHÂTRE

      Palaiseau, 24 juillet 1864.

      Mon ami, Nous sommes brisés: nous avons perdu notre enfant! Je suis partie avec un médecin mercredi soir pour Agen, d'où j'ai couru sans respirer à Guillery. Le pauvre petit était mort la veille au soir. Nous l'avons enseveli le lendemain et porté dans la tombe de son arrière-grand-père, le brave père de mon mari, à côté du premier enfant de Solange, mort aussi à Guillery. Un pasteur protestant de Nérac est venu faire la cérémonie, au milieu de la population catholique, qui est habituée à vivre côte à côte avec le protestantisme.

      Nous sommes repartis tous le soir même pour Agen, où mes pauvres enfants se sont trouvés un peu plus calmes et ont pris du repos. Hier, à Agen, je les ai mis au chemin de fer pour Nîmes. Ils éprouvent le besoin de voyager et je les y ai poussés. Il fallait combattre l'idée d'emporter ce pauvre petit corps à Nohant pour l'y ensevelir; et, vraiment, épuisés comme ils le sont tous deux, c'était de quoi les tuer. J'ai pu surmonter cette exaltation, obtenir le résultat que je viens de vous dire et les voir partir résignés et courageux. Dans quelques semaines, il viendront me rejoindre ici, et j'espère que leurs pensées se seront tournées vers l'avenir.

      Moi, je suis partie, laissant des épreuves à corriger et je suis revenue par l'express ce matin à cinq heures. Vous pensez qu'à mon âge, c'est rude. Mais cette fatigue et cette dépense d'énergie m'ont soutenue au moral, et j'ai pu remonter l'esprit de ces pauvres malheureux. Le plus frappé est Maurice. Il s'était acharné à sauver son enfant. Il le soignait jour et nuit sans fermer l'oeil. Il le croyait sauvé; il m'écrivait victoire. Une rechute terrible a fait échouer tous les soins. Enfin, il faut supporter cela aussi!

      Ne vous inquiétez pas de nous. Le plus rude est passé. A présent, la réflexion sera amère pendant bien longtemps. M. Dudevant a été aussi affecté qu'il peut l'être et m'a témoigne beaucoup d'amitié.

      Embrassez pour moi votre chère femme. Je sais qu'elle pleurera avec nous, elle qui était si bonne pour ce pauvre petit. — Antoine dînait chez moi à Palaiseau le jour où j'ai reçu le télégramme d'alarme. Il a couru pour nous. Mais, malgré son aide et celle de M. Maillard, je n'ai pu partir le soir même; l'express ne correspond pas avec Palaiseau.

      Adieu, mon bon ami; à vous de coeur.

       G. S.

      DLXV

      A MADAME SIMONNET, A MONGIVRAY, PRÈS-LA CHÂTRE

      Palaiseau, 24 juillet 1864.

      Ma chère enfant, René a dû te dire comment nous sommes partis tout à coup pour Guillery. Nous voilà revenus, laissant notre pauvre enfant dans la tombe de son arrière-grand-père. Maurice et Lina, que j'ai embarqués pour Nîmes, ont été bien soulagés de me voir, et ils ont écouté mes consolations avec un coeur bien tendre. Mais quelle douleur! Maurice, qui s'était exténué à soigner son enfant et qui le croyait sauvé! Je reviens brisée de fatigue; mais j'ai besoin de courage pour leur en donner, et je supporterai mon propre chagrin aussi bien que je pourrai. Écris-leur à Nîmes, chez Boucoiran, au Courrier du Gard. Ils vont voyager un mois pour se remettre et se secouer; mais ils auront leur pied-à-terre à Nîmes et ils y recevront leurs lettres. J'ai oublié de donner leur adresse à Ludre; fais-la-lui savoir tout de suite. Ces témoignages d'affection leur feront du bien.

      Aussitôt que je pourrai, j'écrirai au ministre pour Albert, sois tranquille.

      Je t'embrasse tendrement, ainsi que ta mère.

       G. SAND.

      DLXVI

      A MAURICE SAND, A NÎMES

      Palaiseau, 25 juillet 1864.

      Mes enfants, J'attends impatiemment de vos nouvelles. Nécessairement j'ai l'esprit frappé et j'ai besoin de vous savoir à Nîmes, près de notre bon Boucoiran, bien soignés, si vous étiez souffrants l'un ou l'autre. J'ai bien supporté le voyage; mais nous sommes beaucoup plus las aujourd'hui qu'hier, et je crains qu'il n'en soit de même pour vous. Quand la volonté n'a plus rien à faire, on sent que le corps est brisé. Toute la journée, j'ai corrigé des épreuves15. Jugez si j'y avais la tête. Je relisais tout six fois sans comprendre, et c'est pour cette corvée que je vous ai quittés si vite; car la Revue était bouleversée et j'ai reçu aujourd'hui quatre épreuves revenant de Nohant, de Nérac, etc. Louis Buloz est venu m'aider à terminer. J'ai marché un peu ce soir; mais je pleure en marchant, en dormant, en travaillant, et la moitié du temps sans penser à rien, comme en état d'idiotisme. Il faut laisser faire la nature. Elle veut cela. Mais combattez l'amertume, mes pauvres enfants. Ayez le malheur doux, et n'accusez pas Dieu. Il vous a donné un an de bonheur et d'espoir. Il a repris dans son sein, qui est l'amour universel, le bien qu'il vous avait donné. Il vous le rendra sous d'autres traits. Nous aimerons, nous souffrirons, nous espérerons, nous craindrons, nous serons pleins de joie, de terreurs, en un mot nous vivrons encore, puisque la vie est comme cela un terrible mélange. Aimons-nous, appuyons-nous les uns sur les autres. Je vous embrasse mille fois. Maillard va s'occuper et s'occupe déjà de vous chercher un gîte qui nous rapproche.

      Écrivez un petit mot amical à lui et à Camille Leclère16, dans quelques jours. Suivez ses prescriptions, reprenez vos forces et remettez-vous l'esprit avant de travailler de nouveau pour l'avenir. Soignez-vous l'un l'autre au moral et au physique. Et, si СКАЧАТЬ



<p>15</p>

Les épreuves de la Confession d'une jeune fille.

<p>16</p>

Docteur-médecin.